Les Mondes d'Orichalque
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Une tapisserie de rêves et cauchemars.
 
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 Mauvais rêve [En cours]

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yorh
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yorh


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MessageSujet: Mauvais rêve [En cours]   Mauvais rêve [En cours] I_icon_minitimeSam 5 Oct - 17:52

Le manteau calme de la nuit se referme sur le monde, laissant la fatigue s'estomper et l'effervescence retomber. Un vent froid parcourt les plaines, remontant une pente douce et courbant les herbes de sa caresse nocturne. Il continue son chemin, s'insinuant entre les arbres de la forêt proche, soulevant quelque feuilles mortes, fouillant les terriers, faisant frissonner les plus épaisses fourrures des tréfonds de leur sommeil. Il glisse sur les écorces des arbres, un courant d'eau sortit de son lit qui se coule entre les obstacles sans que la moindre entrave ne puisse stopper son avancé. Il sonnait comme un soupir, un soupir triste à l'arrivée et triste au départ. Et parfois, juste avant que les paupières ne se ferment, que ce soit dans un clignement d'yeux ou dans l'étreinte réconfortante du sommeil qui vous gagne, on pouvait entrapercevoir une silhouette, probablement un homme, émacié et porté par le vent, se laissant lui aussi glisser avec le cœur des murmures nocturnes.

Le souffle léger se redresse légèrement, entamant une ascension vers le ciel d'où il est né. Puis soudain, il redescend, passant sans heurs les murs d'Yktalia, la cité minière. Les quelques flambeaux parant les remparts se courbent doucement, saluant la brise tiède venant des plaines. Une flamme se déforme, grandi, attisée par le vent, puis semble se briser autour d'une silhouette et reprendre une taille normale. Une fine pluie d'étincelles se mêle maintenant au souffle chaud de la nuit. un souffle étouffant, chargé de chaleur et d'humidité, il court sur les toits, bondissant de l'un à l'autre, pas un bruit, pas un claquement, pas un crissement, mais toujours ce soupir. Un soupir avide, celui que pousse un marin au cœur de la tourmente quand il entrevois le collier enchanté du capitaine, celui permettant de respirer sous les flots, et que le bâtiment coule avec ceux qui furent, en des temps plus propices, ses compagnons. Il tombe, choit du toit, s'écrase dans la rue, rampe dans une ondulation reptilienne sur les pavés, s'esquisse devant les portes, se dessine dans l'embrasure puis s'enfuit. S'enfuit plus loin. Enfin, il trouve. Il s'insinue entre les deux battants de chêne massifs à la recherche du sommeil profond d'un esprit fort, esprit qu'il a ressentis. Traverse les bancs, surplombe l'autel, se déverse en torrent entre les colonnes, s'infiltre dans les soubassements, et finalement, trouve l'homme en question, le prêtre. Prêtre de Mishakal, une déesse aimante et portant partout l'attribution de la guérison.

Dans cette pièce, il ne restait plus qu'un fou au lendemain. Un fou hanté par les horreurs de la nuit. Hanté par l'horreur de la brise nocturne. Un fou, fou de par ce qu'il a pu voir.








On qualifie de barbares des personnes ne comprenant pas la culture des plus riches et de ceux ayant le plus grand nombre d'artistes, mais tout barbare que soit les nomades, ils n'étaient en rien plus brutaux que les citadins fassent à la folie, bien au contraire, eux offraient en général une mort digne et rapide. Mais après tout quelle différence ? civilisé ou non, la réponse à la folie était sans exception la mort.

Les cris de terreur du prêtre se mêlaient à ses cris de rage alors que les flammes du bûcher léchaient sa peau. Immolé sur la place publique avait été la sentence sensée purifier son esprit souillé. Ses yeux exorbités balayaient la foule sans interruption tandis que sa bouche s'étirait au-de-là de ce qu'elle semblait capable de supporter. Il les voyait, il voyait les impensables monstres planant au-dessus de leur monde, des démons prêts à déchirer le tissus fragile des plans pour fondre sur les hommes. Dans leurs bouches grésillait d'avidité une bave acide, déjà chaude du sang quelle s'apprêtait à accueillir à grands bouillons. Il savait ce qui allait se passer, les corps démembrés de ses amis, les rues dévastés de sa cité, et le ciel, oh le ciel,  le ciel éventré et vomissant les flammes infernales. Il voyait tout cela, et les autres n'en étaient pas capables le moins du monde, eux ne voyaient que les flammes du bûcher.

On l'avait ligoté au sommet d'un tas de bois empestant l'huile sans trop de mal. Il était trop occupé à hurler et à tenter de chasser les visions d'horreur pour empêcher ses bourreaux de l'encorder à la poutre centrale. Les habitants étaient réunis autour d de la condamnation sur le point de débuter, attendant que la purification divine soit offerte au malheureux possédé, ce prêtre qui avait vu naître un bon nombre d'entre eux.
Et le feu s'alluma.
Les flammes s'élevèrent, de plus en plus haut, déchirant ses vêtements pour venir caresser sa peau. Ses cheveux prirent feu et c'est à ce moment que les cris commencèrent réellement. La souffrance s'échappa de ses lèvres, déchirant l'air et fouettant les spectateurs comme les langues de feu fouettaient ses chairs. Il n'y eu pas de sang, seulement la chair à vif, de la graisse fondue, un visage déformé par douleur et chaleur, et l'odeur. Une odeur immonde. Elle venait imprégner la bouche, s'immisçant au plus profond de la gorge et y posant son nid douillet avant de descendre plus bas encore. Une odeur immonde, insoutenable, celle des charniers que l'on nettoyait, celle... non, rien n'était comparable, rien ne pouvait équivaloir à l'odeur d'un homme vivant que l'on offrait à la lente agonie des flammes. à cela venait se mêler l'odeur de la bile fuyant les corps. Même la bile ne supportait pas la réaction des organismes à ce spectacle abominable, elle se frayait un chemin, remontant à la surface et laissant ses flux acides irriter la gorge pour s'échapper.

Il était là, exposé à tous, montrant sa chair se consumer et sa peau se craqueler. à cet instant il était le centre du monde, là où devrait converger tous les regards, et pourtant pas un seul ne le fixait, pas un seul ne supportait de rester fixé sur la souffrance de l'âme et du corps. Et les cris. ces cris de douleur perçant les tympans, contractant les muscles, serrant la gorge, empoignant le cœur et faisant crisser les dents. On rentrait la tête, on se bouchait les oreilles, on faisait le dos rond, mais rien n'y faisait : les hurlements de souffrance entrait en échos avec les cris d'horreurs que les esprits poussaient pour eux mêmes. Et enfin, il y eut les pleurs. Pas de larmes non, elles étaient cueillis pars la chaleur insoutenable avant même d'avoir pu consoler des yeux racornis et terrifier exprimant la terreur la plus primaire, celle d'un animal que l'on jette aux flammes, celle d'un chien que l'on abandonne aux soins des vents du haut d'une falaise, celle d'un enfant auquel on arrache sa mère. Les sanglots frappaient à la porte de l'âme, réclamant une réaction à l'humanité. La moindre réaction, la moindre aide. Seules les flammes répondirent, finissant de l'engloutir et lui offrant une fin.


La pluie torrentielle se chargea d'évacuer les cendres mêlées à la graisse fondue. Au milieu de la nuit noire, un filet d'eau noirci dévalait les caniveaux grossièrement taillés, happant au passage la plupart des saletés et glissant sous les lourds pleurs des cieux. Ainsi la vie fuyait le cadavre, chassée par la mort, elle retournait à l'eau pour se jeter dans une rivière. La vie s'enfuyait, abandonnant un corps et attendant d'en retrouver un autre en se mêlant à l'eau. Elle prendrait probablement forme de nouveau dans le corps d'un animal avant que lui aussi ne trouve la mort et ne soit abandonné par l'essence vitale, traître allié toujours prêt à s'échapper. Le fin filet noir s'enfonça dans la rivière, diluant les traces de la douleur passé dans la masse. La différence se diluant dans la masse, c'est ainsi que l'oubli fait son travail. Bientôt il serait effacé et plus personne ne serait capable de dire ce qu'il est advenu du prêtre. Une brise froide vint caresser la surface de l'eau que le ciel forgeait avec colère par ses pleurs incessant. le souffle triste de la nuit filait le long du courant, vent esseulé loin des puissants enfants de la tempête hurlant sur les plaines et fracassant les toits. Il troublait le martèlement de la pluie, déviant les gouttes d'eau et continuant son avancée sans hâte. Le faible alizé s'extirpa du lit aqueux, rampant sur la terre détrempée, se redressant pour s'engouffrer dans les ruelles. Il n'y avait pas d'obstacles, pas de murs, pas de charrettes, pas de caisses, rien ne pouvant l'empêcher d'avancer. Il n'avait conscience de rien. Rien d'autre que son but, et il progressait. Progresser. Oui progresser vers ce qu'il sentait, la seule chose dont son attention prenait conscience était les esprits, et là, un flambeau illuminait la profondeur des ténèbres, un esprit tant supérieur aux autres s'élevait au-delà de ses congénères, un mont gelé par le calme des hautes sphères au milieu de basses collines inintéressantes.

La brise se réchauffa, sifflant sur les murs, chassant les gouttes d'eau éparses qui en dégoulinaient et grattant la poussière incrustée dedans. Le soupir avide parcourait les petites rues mal éclairées à la recherche de la bonne demeure. Il la trouva. Une porte d'ébène massive en obstruait l'entrée. Non, elle en parait simplement le centre. Le souffle fantomatique de la nuit se glissa par les contours de la porte. Il balaya le tapis brodé, s'éleva le long des murs, embrassant les portraits nobles des ancêtres de la famille vivant ici, le vent chaud encore chargé d'humidité s'engouffra dans la cage d'escalier et sa simple présence fit frissonner tous les dormeurs alentours. Aucune planche de bois n'eut le courage de crisser sous le déferlement du vent, plus vif, plus fort, il approchait de ce qu'il voulait. Deux étages plus haut, la vague puissante s'abattit sur le couloir à la recherche de son but final. Une porte lui barrait la route et elle aurait été fracassé sous la puissance du souffle nocturne s'il ne s'était pas forcé à épouser la forme de ses contours. Soudain, plus rien ne fut audible, le calme retomba. Derrière la porte, seul le souffle régulier d'une âme de douze ans en sommeil se mêlait au bruit de la pluie battante.


Des pierres d'origines multiples et travaillés par les meilleurs artisans s'agençaient sur la façade d'un manoir digne de la plus grande des royautés. Deux battants d'ébène protégeaient un hall magnifique au milieu duquel s'allongeait un long tapis de fourrure. Un tapis de fourrure rouge sur lequel un enfant se prélassait, ventre au sol. Trois immenses fenêtres encadraient la porte, laissant filtrer la pâleur de la nuit étoilé. Ce manoir de toute beauté flottait au gré d'une mer aussi noire que les cieux étoilés qu'aucun nuage ne venait entacher, et là-haut, offrant sa pâleur calme et réconfortante, le Soleil avait pris la place de la Lune. L'astre avait beau exhiber avec véhémence la puissance de ses feux, rien n'y faisait, sa lumière restait celle de sa sœur nocturne. Les flots calme ne murmuraient pas le moindre chuchotement, aucun bruit malvenu ne venait troubler le fredonnement de l'enfant. Doucement, il laissait échapper les notes aiguës d'une comptine dont lui seul connaissait la suite. Les notes. Elles s'éloignaient doucement de petit homme, frappant contre les murs de granit et revenant doucement, laissant derrières elles une traînée de brume argentée tintant toujours de la même note. Bientôt, le brouillard nacré fut la seule chose que l'enfant put voir, masquant le reste de la pièce de sa douce étreinte maternelle.
Deux petites mains s'agitèrent. Les volutes de brouillard s'agitèrent, prenant forme autour de l'histoire épique que le jeune garçon se contait à lui même. Un puissant destrier de brume prit forme, se détachant de sa matière première. Puis, dans une armure d'un blanc étincelant, un chevalier se forma, menant sa bête au combat. Les hennissements et le martèlement des sabots vinrent se poser comme cahier aux notes claires qu'émettait l'enfant. Puis le bruit des sabots se tue, le cheval et son maître rétrécirent, prenant la taille de simples figurines de bois. De l'épaisse couche de brume émergea une forme reptilienne au port noble et altier, exaltant l'arrogance et la violence que toute personne ayant possédé le terme puissance se procure instinctivement. Le long cou reptilien s'étira en avant laissant s'ouvrir une puissante gueule emplis de crocs comme le sol est couvert d'herbe. Le destrier se cabra sans un bruit tandis que s'élevait l'épée étincelante du chevalier. Un souffle de vent brisa l'harmonie parfait du moment, perforant le corps du dragon et emportant le paladin dans les volutes de la brume reprenant son aspect éparse. Les notes de l'enfant cessèrent de tinter et le brouillard protecteur perdit sa lueur blafarde, ne laissant plus que celle que filtrait les trois grandes fenêtres pour éclairer les détails de la pièce. Le fredonnement repris, mais une voix plus grave l'entonnait, une voix profonde et calme. Cette voix était triste mais coupante, elle était râpeuse et faisait crisser l'air par son intrusion, elle n'aurait pas du être là. Et pourtant, quelque chose dans sa sonorité empêchait de la croire mauvaise, quelque chose faisait plus tenir sa présence de la supplique que de l'agression.

La lumière faiblissante ternissait les couleurs des tapisseries, donnait un aspect rachitique et déformé aux divers meubles, l'air était fuyant, plus rare et plus âcre, son contact en était presque coupant. Des paroles prirent naissance au milieu du fredonnement.

-Pourras-tu, tel ton chevalier
M'offrir ton aide et me délivrer ?
M'arracher aux abysses
Où se poursuit mon supplice ?

Le brouillard commença à noircir, s'élevant doucement vers le plafond et y déposant une suie noire. Au sol, des feux brûlant s'élevèrent. Aucune chaleur ne s'échappait des flammes, elles étaient là uniquement pour la douleur qu'elles pouvaient donner. Des larmes. Doucement, des larmes se détachèrent du sol, montant s'écraser au plafond. à chaque éclatement d'une des petites sphères d'eau, des cris de souffrance résonnaient. Le visage mutilé du prêtre se matérialisa ici et là dans la fumée noire, déformé par ses cris d'agonie. un visage humain émergea des volutes noirs. Ses traits étaient tirés et ses cheveux aussi noir que la fumée ambiante lui coulaient sur les épaules. Deux yeux bleus clairs se posèrent sur l'enfant, ils exprimaient une tristesse intense ainsi qu'un désespoir infini.

-Alors toi non plus tu n'es pas capable de m'aider ? excuse moi... je pensais... je pensais que... Mon dieu, excuse moi...

Et la folie vint








Au matin, d'un songe sans fin, rien n'émergea. La main froide de la mort était venu calmer les muscles tendus à l'extrême de l'enfant, cueillant au cœur de convulsions le bonheur de deux parents, ne laissant au sol que le fruit pourrissant de la tristesse. Le grand faucheur portait un frêle corps endormi dans ses bras. Sous ses yeux, le jumeau physique de son fardeau recevait les pleurs d'une mère effondrée. Quelle terrible perte. Encore une. Un vent de perte soufflant depuis l'ouest, torturant les esprits et vidant les corps. Seul le faucheur sentit le souffle léger du vent s'échappant de la dépouille, et tout comme cette brise fuyarde, il disparu, emportant avec lui l'âme déformée par l'étreinte de la nuit.

Les coups sourds de la foudre ne cessaient pas, les gouttes glaciales de la pluie torrentielle n'avaient fait que se multiplier depuis la veille, tant et si bien que malgré la nuit passée, le ciel n'offrait qu'une impression de suie. Une eau boueuse déferlait dans les rues, noyant dans son étreinte les insectes et traces de marcheurs. L'eau origine de vie masquant toutes traces persistantes de celle-ci. Le maelstrom des cieux faisait tournoyer les pleurs glacés dans une tourmente divine. L'océan noir déchaîné ravageait les sols de ses puissants vents, propulsant des lames de nuages à la force destructrice, les lames qui avaleraient vers les pires abysses de l'esquif au galion, tuant et mêlant hurlements célestes et terrestres.

Et les cieux tremblèrent. Jaillissant du maelstrom condensé, la fureur divine déchira l'air, fracassant la terre et fendant la pierre. De la riche demeure d'un couple aisé ne resta plus que les pleurs de parents en deuil d'une vie et de leur futur. Les quelques courageux arpentant la rue malgré le déferlement de la tourmente furent arrachés au sol par le souffle de l'impact. La foudre destructrice laissa crier sa bourrasque au fil des rues, lançant à toute vitesse les étalons fous du vent sur les pavés trempés. Les bourrasques animées filaient dans les rues, ébranlant portes, murs et maisons, renversant les passants et s'élevant doucement. La cavalcade dévastatrice des destriers éthérés se resserra, se déversant sur les plaines au-de-là de l'écluse que formaient les murs de la cité. Et par-de-là même les grondements du vent, un cris de douleur déchira le jour plongé en pleine nuit. La souffrance pure de ce cris fit pleurer les cieux de plus belle, enfouissant les plaines de Garius sous la houle.

Le cœur battant du vent s'était arraché au ciel, s'enfonçant en sifflant au creux des plaines vallonnées. L'herbe verte se pliait sous le vent amical le débarrassant de son fardeau humide le temps de quelques secondes, le temps que la suprématie céleste reprenne son cours. Chiens sauvages, renards, lapins ou taupes, quel qu’espèce que ce soit, toutes les pattes flagellaient et s'écroulaient quand la caresse de la tourmente engourdissait les esprits. Du front hurlant de la tempête se détachèrent cinq étalon éthérés, menant la charge folle vers l'est sans qu'aucun obstacles ne puisse les stopper. La cavalcade infernale s'étira sur des kilomètres, arrachant la terre à la terre et couchant les faibles barrières empêchant sa progression, plongeant dans le sommeil les faibles esprits parsemant son évolution.

La douce herbe verte laissa place au sol boueux et piétiné marquant le passage des armées. La vie de milliers de soldats s'achevait au sol, étouffant l'étincelle qu'animait chaque brin d'herbes. Au-de-là des champs de blé s'étendaient les sombres champs de la mort, ensemencés de larmes de sang, engraissés de corps pourrissant, tapissés de mourant et gémissant sous le poids des tourments. Le grondement de la tempête s'éleva, la colère du vent se déchaîna et la main aux cinq doigts immatériel s'empara du pâturage de la mort. Les cinq doigts se refermèrent et tous les corps s'écroulèrent au sol, rejoignant l'étreinte de la terre, toujours plus agréable à celle des mauvais rêves hurlants que souffraient maintenant les esprits.

Une nébuleuse brûlante baignait le monde de sa clarté. Gravitant autour, des milliers de planètes se côtoyaient sans jamais se toucher. Chacune portait en son sommet un homme assit, observant le spectacle d'un monde naissant. Des flux de gaz et de matière jaillissaient de la nébuleuse, lacérant l'espace, déchirant le tissus du vide pour laisser paraître la matière. Des planètes se formaient, des étoiles commençaient à briller, les lois de la physiques se mettant en branle, façonnant l'essence encore jeune et instable de l'univers pour lui donner vie.

Le vide se craquela. Des fissures s'étendirent partout, brisant l'harmonie lyrique du moment. La chaleur bienveillante des astres se mua en une ère glaciaire abominable, plongeant les frêles soldats dans un désespoir profond tandis que les regards convergeaient vers la nébuleuse, attendant une réponse, un signe de la grande puissance créatrice qui crachait la substance du monde.

La lumière vacilla. Le fissures s'ouvrirent, aspirant l'essence brute et la lumière, plongeant vers la nébuleuse noire, se condensant en un cœur de matière saturée, un trou ouvert sur le néant originel. Tout se stoppa et un homme émergea du trou béant. Son regard balaya les milliers de petits mondes solitaires, puis sa voix triste s'éleva.

-Toujours aucun ? Toujours aucun capable de m'aider ? Des guerriers valeureux, des esprits vertueux, il y a ici cinq mille âmes mais pas une seule ne peut me venir en aide, même tous réunis vous ne pouvez rien ! Vous ne faites que troubler encore plus le calme de ce monde, éveillant ce qui dort et dérangeant ceux poursuivant un but. Vous n'êtes que d'immondes cloportes écœurant, vous ne valez absolument rien, vos esprits sont aussi insignifiant que ceux des insectes que vous piétinez, et pourtant vous vous permettez d'endiguer la progression de ceux pouvant faire quelque chose. Disparaissez, disparaissez tous.

Le trou béant dans la trame de l'univers se rouvrit, déchiquetant les esprits de tous les êtres présents dans son action. Dans le Néant sombre qui seul subsista du processus, deux voix s'élevèrent : l'une était un rire grave et profond, presque un gloussement. L'autre était plus claire et faite uniquement de pleurs sincères.








Même le vent se tut, fuyant cette plaine désolé où se mêlait morts par le corps et morts par l'esprit. Au ciel noir de l'orage succéda le ciel noir de la nuit, laissant l'horreur au chevet des morts, l'odeur s'accentuer et la terre s'imbiber. Quand la nuit fut avancée, un souffle faible et lent s'extirpa du sol, tentant sans énergie de quitter ce champ de mort, cette plaine qui plus tard serait surnommée "Le champ moissonné ", une terre que la mort n'aurait plus jamais à cultiver, la moissonneuse d'âme ne pouvant jamais faire une telle récolte de nouveau. Quelque soit le camp, on ne put dénombrer aucun survivant, ni blessés ni estropiés, que des morts par milliers.

Soudain, sans raison apparente, le vent léger se mit à frémir, semblant presque trembler dans la façon où ses effluves se répandaient. il se malaxa sur place, imitant piètrement un humain faisant les cent pas, puis partie à toute vitesse vers le Nord-ouest. Il l'avait senti, enfin, enfin quelqu'un capable de l'aider, une force déformant le monde, pliant la réalité à sa volonté.

Il trouva la source de ce pouvoir, dans un immense manoir élevé de cent mètres dans les roches se trouvait un homme comateux, sommeillant dans un fauteuil couvert de soie verte. à son côté, sur une petite table, reposait une coupe de vin et un livre. Un épais volume de cuir relié de cuir couvert de cuir et sentant le cuir. sur sa couverture, deux mots étaient marqués : Ethan Andruil.

Le vent s'engouffra entre les pages du Livre du Temps.
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Ellana


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MessageSujet: Re: Mauvais rêve [En cours]   Mauvais rêve [En cours] I_icon_minitimeJeu 24 Juil - 9:31

Au couvent d'Yngred, une vieille femme déambulatait dans l'aile des novices. L'aube avait depuis un moment embrasé les voiles marine de la nuit mais le Soleil n'avait pas encore atteint son zénith. Une cloche sonna la seconde moitié du matin. A présent, cette femme qui malgré sa vieillesse marchait d'un pas décidé et guetteur, pouvait réprimander et punir les novices qui dormaient encore. En effet, selon les règles auxquelles elles s'étaient soumises, elles devaient toutes être à leur première tâche de la journée entre prière et usages divers de la vie quotidienne.

Elle vit justement une jeune silhouette s'élancer furtivement de sa chambre vers la partie Ouest.
" Anastabeth ! Vous rendiez-vous au lavoir en retard par hasard ?
- Non Mère supérieure Tanorg. J'étais venue récupérer mon livre de prière pour m'y atteler par la suite. "
Il était vrai que la novice passait beaucoup de temps près Oghma, leur dieu protecteur, ce qui était une bonne chose pour qu'elle songe par la suite à valider ses voeux mais elle délaissait avec tant d'aigreur ses prières pour aider les autres aux tâches quotidiennes que cela pourrait peser de l'autre côté de la balance.
Si la jeune fille s'était présentée quelques années plutôt, la Mère Tanorg aurait pu lui montrer les retours agréables que l'on avait à aider son entourage mais maintenant, la Mère supérieure avait vu défiler trop de novices pour s'attacher à chacune d'entre elles alors qu'à peine quelques unes d'entre elles prononceraient leurs voeux définitifs.
Ainsi, la vieille Tanorg toisa Anastabeth, lui montrant de son air réprobateur qu'elle avait saisi son mensonge. Elle conduisit la demoiselle au lavoir, sous la garde de Soeur Emeline. Cette dernière avait fait ses voeux six ans auparavant et méprisait au plus haut point les novices. Quant à elle Mélinda, car c'était là son prénom,  trouvait divertissant de la menacer de répercussions sur ses affectations si la novice Anastabeth manquait à ses tâches encore une fois.
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