Les Mondes d'Orichalque
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Une tapisserie de rêves et cauchemars.
 
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 Sous les frondaisons nocturnes [En cours]

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yorh
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yorh


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MessageSujet: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeJeu 20 Fév - 17:46

Un bruit lointain, j’ouvre les yeux. Il se répète, un, deux, trois, quatre, quatre fois en tout. Je n’arrive pas à l’identifier, qu’est-ce ? on dirait un lourd objet qui se balance, cogne et sonne clair. Un tintement ? une cloche ?

Mais pourquoi me souviens-je de rien ? Que s’est-il passé ?
Tant de questions se bousculent dans ma tête mais je dois d’abord répondre à mes besoins les plus urgents : sortir, sortir d’ici.

D’ailleurs, où suis-je ?
Pour la première fois depuis mon éveil, je me concentre sur ce qui m’entoure. Pourtant, j’ai une vague appréhension obsédante à observer. Il règne une atmosphère oppressante similaire à celle que l’on trouve dans les lieux imprégnés par une crainte maintenue sans interruption. Mais je regarde et découvre un espace exigu dans l’obscurité. Cette obscurité semble être maîtresse de ces lieux depuis bien longtemps. Seul l’astre lunaire ose avancer ses rayons de lumière fantomatique jusqu’à braver le noir. De ces rayons je m’oriente jusqu’à la lucarne par lesquels ils transparaissent et m’accoude à cette dernière en observant le disque lumineux.

A ce moment, une voix me chuchote.
Plus que le contenu de ses paroles c’est son timbre qui m’effraie : un son tel mille voix en une qui cirent leur détresse la plus grande me parvient et entre toutes, une seconde domine, une voix empreinte de tout la cruauté existante, toute la malfaisance possible face à qui même la nymphe la plus pure perdrait sa candeur.
Et comme une main sur ma conscience, j’articule avec mécanique ce qu’elle me susurre ainsi, dans un ton sibyllin, un poème s’exprime similaire à un souvenir qui s’exhale :
« La vie est un chemin à aborder
Long et parcouru d’obstacles.
Nous sommes guidés par des oracles
Dont les dires sont emmêlés.

Bien-être, joie et bonheur,
Chacun y attend son heure
Tous y vivent et y meurent,

Mais seulement à leur heure,
Il faut accepter cette continuité.
Que le voile soit enfin levé
Et le destin tracé enfin exécuté.

Des anges nous prennent par la main
Afin de garder le bon chemin.
Tel le soleil, ils nous éclairent le matin
Et nous veillent jusqu’au lendemain.

Aujourd’hui je m’éveille dans une vie nouvelle,
La Lune m’interpelle comme à Tarod qui se révèle.
Tandis qu'il reçoit de ses frères une promesse funèbre.

Qui à l'un comme à l'autre
Impose une fuite sur les pistes d'ambre
Pour stopper celui qui n'a plus d'apôtres.

- Très jolie comptine, mais mes chaînes ne me laissent pas d'autres occupations que de te demander pourquoi j'y figure ? »
Outre cet inconnu que je n’avais pas remarqué, il y a cet éclair lumineux qui étincelle puis s’éteint aussi vite qu’il n’a attiré mon regard. Je baisse les yeux dessus et me retrouve à observer un tatouage d’entrelacs bleutés se rejoignant en une pierre qui pulse faiblement comme un cœur qui éreinté. Déjà, la lueur s’estompe et je relève ma vue encore troublée pour examiner mon mystérieux interlocuteur.
Globalement, l'homme est d’apparence ordinaire, une silhouette musclée pour un visage maigre. Celui-ci s’accompagne d’yeux violets surmontés de sourcils foncés noirs et arqués. Ces yeux d’ailleurs semblent dénudés de toute conscience, je dirais que ce qui se passe devant est analysé mais rien ne percute pas la conscience de cet homme. Ils sont vagues et laissent passer le temps sans distinction, sans savoir si agir ou attendre est bien ou est mal. Ensuite, mon regard glisse sur les pommettes saillantes de maigreur relevant la finesse de son nez qui surplombe ses lèvres annonçant la fin délicate du visage par son menton. Il continue sur les épaules carrées d’un torse vêtu d’une chemise en lin anciennement blanc puis sur un pantalon de peaux rapiécé.

Le tout me lance une vague impression sale et brisée mais je ne dis rien. Pourtant je crois que c’est par mon regard troublé que l’inconnu prend la parole.








Des années passées à voyager aux côtés de la Mort, à prêter attentions à chacune de ses supplications, à exécuter chacun de ses caprices, à la satisfaire par l'offrande de la vie, celle des autres, pour maintenant se retrouver enchaîné dans un cachot car sa vieille amie n'avait pas pris la peine de l'accompagner cette fois-ci. Ce n'aurait été qu'un meurtre de plus dans son palmarès mais il avait échoué. Son bond victorieux pour transpercer la gorge du seigneur de ces lieux n'avait été qu'un cuisant échec. Tarod était attendu et il avait répondu à cette attente sans se douter de rien. Sans envisager, galvanisé par ses nombreuses aventure réussites sans difficultés, que des carreaux d'arbalète surgissent d’alcôves camouflées derrière les piliers de la grande salle. les gardes l'avaient dépouillés et jeter là pendant qu'il allait mourir de ses blessures et du poison du serpent "faiseurdeveuves" dont étaient imprégnés les traits.
Mais au bout de 5 jours il était toujours là. Dès le premier, un garde voulut venir se railler du meurtrier agonisant. Le mourant n'avait pas été enchaîné. Ses compagnons qui montaient la garde à l'extérieur n'eurent pas le temps de réagir. Le corps mutilé de leur ami avait touché le sol en premier. La nuque de l'homme avait littéralement été broyé et répandait maintenant des flots de sang sur le sol. Trois regards terrorisés passèrent la porte et se fixèrent sur le prisonnier.
Les plaies de l'homme étaient toujours ouvertes sur ses flancs mais les carreaux meurtriers gisaient devant lui. son regard sévère fixait l'entrée et tentait de faire abstraction des gouttes de sueur qui coulaient de son front, celles-ci plus dû au poison qu'au bref combat ayant précédé.
Pourtant, l'assassin se laissa faire quand des mains tremblantes lui passèrent des chaînes d'acier, se doutant que trois ennemis armés étaient trop pour lui, surtout dans cet état. Les chaînes n'étaient qu'une précaution, de toutes façons le poison allait faire son travail. Deux jours passèrent, Tarod était toujours debout. plus traces de blessures. Il attendait patiemment la nouvelle de sa mise à mort qui ne tarda pas.

Cela faisait 5 jours. Il s'agit du sixième, la veille de la mise à mort. la lourde porte de bois renforcée grinça sur ses gonds vers 9 heure. Deux gardes lancèrent une jeune femme au centre de la pièce.
-Tiens, on a trouver ça évanouit dans les sous-sols du château, fais toi plaisir, ça remplacera ta dernière volonté !
Le garde repartit en ricanant. Quand il fut sûr que les deux idiots s'étaient éclipsés, Tarod tenta de se rapprocher de la femme pour lui sortir la tête de la poussière, écoeuré par cette atteinte à sa dignité et à celle de la jeune femme, mais il n'y avait rien à faire : ses entraves ne lui permettaient pas une aussi grande mobilité. il patienta donc.

Des heures passèrent. dehors, il faisait nuit noire, seule la lune perçait les ténèbres. Quand ses rayons se posèrent sur la jeune femme, celle-ci s'anima. Chancelante, elle se remis sur ses pieds, cherchant où elle se trouvait. Elle ne vit pas La forme sombre qui la fixait, la furtivité étant devenue un véritable automatisme chez l'assassin qui partageait sa cellule. Boitillante, elle s'approcha de la fenêtre et, fixant l'astre blanc, se mit à chanter.
Deux détails attirèrent l'attention de Tarod tout d'abord, le tatouage sur le bras droit de la jeune femme. Celui-ci s'était mis à briller quand les vers s'étaient échappés des lèvres de la jeune femme. Mais quelque chose attira plus son attention, l'air était devenu moite, transpirant presque de la magie qui y saturait. Sa curiosité grandissante laissa place à la surprise quand il entendit son nom percer au travers des flots rythmés de la chanson. Piqué au vif, Tarod interpella la demoiselle. son visage finement ciselé était terriblement pâle, la fatigue perçait sur ses traits fragiles. Et pourtant, ses yeux en amandes aux douces teintes bleutées touraient dans tous les sens, avide de chaque détail de la prison qu'elle occupait et de son interlocuteur. La vue de sa longue chevelure noire et lisse lui ramena des souvenirs, ceux d'une amie nommée Kithiara Uthmatar et dont le Destin ne fut pas de toute douceur. Celui-ci avait mis en scène un seigneur vampire et donc un esclavage éternel dans l'au-de-là. Le vampire, abreuvé du sang des enfants du dieu du meurtre, était devenu introuvable, entraînant sa nouvelle servante avec lui.
Tarod repris la parole, balayant ses souvenirs d'une simple pensée.
La jeune femme ne savait que répondre à la question posée, son regard troublé fit clairement comprendre à Tarod qu'elle était perdue.

-Oh mais j'en oublie les usages, je me présente : Tarod Dénélan, descendant du seigneur de Chateau-Suif (il fit un vague geste de la main) une ruine traînant sur la côte des épées. Je suis ici car j'ai plus ou moins essayé de faire disparaître le seigneur de cette forteresse. Mais vous, comment êtes vous donc parvenus jusqu'ici ? Ah, et dans l'idéale, si j'avais votre nom la conversation serait fortement simplifié.

aucune des deux demandes n'eut de réponses, la mince jeune femme, qui devait mesurer 1m 70 à vue de nez, semblait comprendre ce qui lui était dit mais aucune réponse ne lui venait à l'esprit. Tarod continua donc son monologue.

-Pas de réponse ? Vous n'allez tout de même pas me laisser parler tout seul les dernières heures de ma vie, si ?

Tarod laissa échapper un léger soupir face au silence de son interlocutrice. Il reprit la parole, mais cette fois sa voix était plus douce. il tapota le sol sur son côté gauche.

-Bon, asseyez vous.

La jeune femme sembla hésiter mais s'assit tout de même.

- Pas de nom... il va bien vous en falloir un, Kithiara vous convient-il ?

Pour une fois la jeune femme sembla répondre, laissa échapper un léger sourire dans un hochement de tête. Lui rendant son sourire, Tarod en profita pour poser sa main sur le tatouage de sa compagnonne de cellule. Une décharge électrique lui parcourut l'échine quant-il toucha le tatouage bleuté.








Tarod je crois, voulait m’interroger aux propos du tatouage, il me l’a montré en l’effleurant et de ce fait, je me sens basculer.
Il fait froid et je suis entourée de brume. La voix est revenue, je reconnais le timbre. Pourtant, elle est plus douce et a des airs plus matériels, plus assurés. Cette fois je n’ai pas peur, je suis attentive à ce qu’elle va me dire et prête à analyser.
Je capte également autre chose, une présence en plus.

« Tarod ? »

Pas besoin de la réponse, je sais qu’il est là. Pas le temps de rester plus longtemps dans l’intrigue, la voix commence et je me concentre.

« Je ne te suis pas une menace. Rappelle-toi d’avant, de moi. Mon pouvoir s’affaiblit, je ne sais pas si je pourrais encore... Fais confiance au mourant qui apporte la mort sans conscience. Aide-moi… s’il te plait»

Et l’échange se conclu sur ce souffle et lentement je reviens à la réalité.

Je suis en position fœtale sur le sol froid et poussiéreux de la cellule, je tremble. Hébétée et humide de sueur froide, je sens la panique me gagné, où a disparu Tarod ? Il était là, puis dans ma tête et maintenant il n’est plus. Il faut que me calme, doucement.

Ferme tes yeux.
Inspiration.

Expiration.
Ouvre tes yeux.

Je scrute la pièce et l’aperçoit tapi dans un coin me regardant méfiant et stupéfait.
« Qui es-tu ? m’interroge t-il.
- Je ne sais pas finis-je par répondre.
- Tu, qui, dans ta tête ? Le tatouage ?
Mince, il panique. Réplique cinglante ?
- Oui je sais, j’étais là. Enfin, c’était ma tête quoi. Le pourquoi du comment je l’ignore mais la panique ne nous le fera surement pas découvrir.
- Je ne panique pas, s’insurge Tarod piqué au vif. »

Ce passage terminé, nous nous activons sur le reste de la nuit à comprendre un maximum de choses. Il devient vite évident que tout d’abord, je dois sortir d’ici pour aider la personne qui parle dans ma tête. Cette personne a des pouvoir et ceux-ci s’affaiblissent, ca aussi, nous le savons : elle nous l’a dit. Ensuite apparemment, Tarod doit m’accompagner.
La grande question reste, en plus de toutes celles découlant des conclusions tirées à l’instant, comment sortir ?

L’aube pointant, un garde se présente apportant deux morceaux de pain et un pichet d’eau certainement comme petit déjeuner. Enfin ce sont plutôt deux croutons de pain rassis pour un pichet d’eau croupie.
Quelque chose fait à Tarod afficher une mine aussi surprise que déconfite, je crois que c’est le deuxième garde qui surveille enfin qui surveillait jusqu’à ce qu’il entre, assomme le premier garde, enlève son casque et arbore un grand sourire à l’encontre de Tarod. Ce dernier ne répond qu’un seul mot :
« Schruikan ? »
Le concerné Schruikan ne prend pas compte de la prise de parole et enchaîne :
«Oui, c’est moi et ca me tenterait bien d’être venu ici pour prendre une choppe de bière mais je suis là pour te sortir et régler ma dette. »
Il ajoute pour lui-même que pourquoi Tarod n’était pas encore mort avec l’Ecorcheur à l’intérieur de lui l’intéresse également.

Même si en savoir plus l’aurait surement intéressé, il ne discute pas et s’engouffre derrière le nouvel arrivant m’attrapant par le poignet pour que je suive. Schruikan semble avoir bien préparé notre évasion, nous ne croisons que des gardes morts gisant sur le sol. Leur sang tachant teintures et tableaux.
La présence de la mort est plus que flagrante. Fut-elle douce et lente pour certains cela m’afflige et je baisse les yeux pour éviter de voir mais passant dans un couloir je me cogne la tête à quelque chose qui fait entendre un long râle rauque. Relevant les yeux pour comprendre, je découvre un mourant agonisant la branche ensanglantée d’un lustre lui barrant la gorge. Mon horreur est à son comble, je hurle un long et aigu cri de stupeur, détresse et épouvante. Tarod réagit vite et me barre la bouche pour me réduire au silence mais la chose est faite : déjà les cris d’alerte retentissent et les bruits d’armures se font entendre.
Schruikan fait un signe de la main pour montrer son exaspération et lance un vague « dépêche-toi» à Tarod.
Alors celui-ci prend mon visage entre ses mains de façon à ce que nous soyons face à face. Il se met à parler mais je ne comprends pas. Son expression se fait plus floue. A demi je ferme les yeux, mes jambes se font flageolantes. Je perds mon emprise au sol à tel point que c’est maintenant sur l’unique poignet de Tarod que je m’appuie. Une dernière sensation m’arrive, la prise de conscience des cinq points que forment les doigts de Tarod dans mon épaule. Ils sont tellement emplis de force qu’ils me font mal. Puis plus rien jusqu’à ce qu’à peine je m’évanouisse qu’une violente claque imprime la rouge marque de la main de Tarod sur ma joue engourdie du choc.
La douleur parcourt comme un courant électrique chacun de mes nerfs et chacun de mes muscles si bien que je me retrouve toute droite figée en piquet face à Tarod, très bien réveillée et tout à fait prête à l’écouter.
Pourtant, il ne dira rien. Seulement, il se retourne, continue et je le suis.








Le groupe hétéroclite avait adopté un pas rapide à travers les couloirs. Tarod observait avec détachement les corps jonchant le sol maintenant pourpré du château.

-Tu exagères, on nous a appris à faire un travail plus soigné.
-Excuse-moi, j'étais occupé à chercher ta cellule.
-T'as jamais été capable de te retenir de charcuter tes cibles plutôt.
-Parce que je suis moins soigné que toi ?
-Il faut tout de suite que tu prennes la mouche, que tu es susceptible mon ami !

Le bruit caractéristique de cottes de mailles se fit entendre à l'angle du couloir. ramassant une épée sur un garde dont la colonne vertébrale n'avait visiblement pas survécu au choc avec la garde de Schruikan, Tarod transperça la gorge du premier garde qui se présenta tandis que son ami prenait le cadavre frais comme rempart tandis que ses coups agiles frappaient avec une précision mortelle sur le reste de la patrouille. cinq nouveau cadavres encombraient le par-terre du château. La porte suivante débouchait sur l'entrée du niveau, caractérisée par un escalier et un coffre de chêne massif contenant les biens des prisonniers. Sans hésité il se jeta sur le coffre. Il en sortit un sac à dos plein qu'il jeta dans les bras de Kithiara sans lui jeter un regard. Il ressortit finalement un coutelas et une épée longue du coffre. Des fins morceaux de tissus noir semblèrent s'évaporer quand le rôdeur la Brandit devant lui, dévoilant une lame parfaite mais dont l'éclat froid semblait bien loin de l'acier. Son pommeau magnifiquement ouvragé s'ornait du symbole d'un crâne entouré de gouttelettes de sang tournant dans le sens inverse d'un cadran solaire. L'air devint glaciale quand les deux rôdeurs à l'apparence quasi-similaire se placèrent l'un en face de l'autre et que leurs lames jumelles semblèrent se refléter l'une dans l'autre.
Un sourire entendu s'installa entre les deux comparses. Schruikan prit la parole.

-Je dois te prévenir, si tu as été capturé c'est parce que les autres t'ont vendus. Ils ont préférés ça à tenter de t'attaquer de front. Ils restent dans l'incompréhension face à ta survie auprès de l'écorcheur après tout ce temps et veulent voir si cela n'est pas lié à ta constitution.
-Je savais que la loyauté n'était pas une règle d'honneur chez nous mais en arriver là...
-tu peux tenter de te montrer aussi froid que tu veux, je sais que tu es bien plus troublé que tu ne veux l'admettre. Je vais devoir partir, la fenêtre que tu vois au bout de la salle m'a permis de monter grâce à un grappin, elle ouvre sur l'extérieur du fort. attendez dix minutes que j'ai pris de l'avance et vous pourrez partir, fais ce que tu veux Tarod, caches-toi, pars avec ton ami ou venge toi, peu m'importe. J'ai payé ma dette.
-Très bien. Je te retrouverais et te rendrais l'appareil mon frère. je paye toujours mes dettes.

le sauveur des deux prisonniers secoua légèrement la dette avec un sourire amusé avant de se jeter par le trou carré ornant le mur du fond.
Tarod se retourna vers Kithiara, la jeune femme semblait impassible mais elle se retenait clairement, dégoûté de ce qu'elle venait de voir. Une légère sensation de peine s'éleva en Tarod, son esprit venait d'être percuté par le souvenir du meurtre de son père adoptif.
Il ne fut pas le seul à remarquer un changement, le regard de kithiara n'avait pas loupé l'air terne des yeux de son compagnon. Une lueur en avait disparue en même temps que la raison qui faisait avancer le rôdeur. Les dix minutes semblèrent une éternité.








Schruikan nous rejoignit à l'orée de la forêt au nord du fort d'un pas rapide. A cinquante mètres de la lisière il s'arrêta. Nous étions trop bien tapit pour qu'il nous voit.
-Surtout ne tirez pas, chuchotai-je au groupe qui m'accompagnait.
-Mais on pourrait l'abattre facilement sans se salir les mains ! me répondit Keirde.
-Mais non, imbécile, il n'est pas Hombre sans raison.
-Moi, j'ai pas envie de le voir débarquer au milieu de nous tous. Il a trahit Tarod sans scrupules et il peut très bien faire de même avec nous.
Keirde se redressa avec son arc en main. Malheureusement il était trop loin pour que je l'arrête. La flèche partit vers Schruikan, mais il avait déjà disparu lorsque Keirde avait lâché la corde. La colère prit le dessus et gouverna soudain tout mon corps. J'empoignai Keirde par la gorge, le jetai à terre et crachai à son visage.
-Dégage ! Cela fait trop de temps que je te tolère !
Keirde se releva, essuya l'affront et partit en courant.
-Allons ! Il faut intercepter Tarod maintenant ! Si jamais Schruikan ne change pas encore de camp ...
Le groupe se mit en route avec moi.








Avec galanterie Tarod m’invita à prendre le grappin que Schruikan avait aimablement laissé. Ainsi, avec l’agilité d’une poule encordée, je descendis. Arrivés tous les deux en bas, nous entamâmes une discussion innocente. J’appris que Tarod était un fils de Bhaal soit un demi-dieu, soit le fils du dieu du meurtre. Mais avant que je m’insurgeai plus, il s’arrêta en me stoppant de son bras :
« Nous sommes suivis et ce n’est pas Schruikan. Il va falloir courir pour les semer avant d’arriver à une ville. Etes –vous en état ?
- Oui répondis-je sèchement. »
Tarod haussa sensiblement les sourcils mais que je sois plus sèche ne sembla pas une surprise plutôt une sorte d’habitude amère et dès lors ma réaction me paru immature et enfantine.
Laissant la réflexion à plus tard, je partis dans un léger pas de course aux côtés de Tarod. Il ne se retournait pas mais n’entamant pas la conversation je pensais qu’il écoutait les bruits car avec l’ichor qui coule dans ses veines, l’endurance ne doit pas être un problème. La colère de cette immonde nature reflua me laissant sur ma réaction idiote. Effectivement, il doit être habitué, fils du meurtre, les gens doivent le renier. Ma réaction a été exactement celle d’une inconnue jugeant aux premiers abords. Qui que ce soit qui m’ait élevée cette attitude sembla être indigne des brides qu’il me restait de mon éducation.
Je me mis à réfléchir sur cette certitude relevant de ma mémoire et je ne me rendis pas compte de l’accélération du rythme. Ainsi j’arrivai les jambes à l’hypoxie et le souffle manquant aux portes d’une ville bruyante de monde.








Les deux évadés aux allures miteuses faisaient tache parmi les villageois même s'il ne s'agissait pas d'une ville très imposante. Les doigts agiles de Tarod s'amusèrent à décrocher quelques bourses dans la foule. Les quelque pièces ainsi glanées s'empressèrent d'enrichir tailleur et cordonnier ainsi que l'unique forgeron du village qui fournit une épée à Kithiara. Chargés d'habits et de matériel sûrement déjà employés par bien d'autres, les deux compagnons continuèrent leur parcours en ville.

Les réactions de la foule étaient pour le moins étrange face au passage de Tarod. Temps que les passants ne cherchaient pas à le regarder fixement, il leur paraissait tout à fait banal, mais dans le cas contraire ils avaient curieusement l'air dérangé par sa présence. Cela ne prenait pas d'explications physique, simplement qu'un être souillé par tant de meurtres ne peut que en obtenir une aura malsaine ou désagréable.

Un bref dialogue fit savoir à Kithiara que le demi-dieu ne comptait pas passer la nuit dans une quelconque auberge de la cité les sachant poursuivis. Ils prirent donc la direction des champs, se réfugiant discrètement dans la grange d'un paysan, cachant leurs quelques affaires dans le foin à l'étage. Les deux jeunes gens s'assirent l'un en face de l'autre en silence et laissèrent le calme régner pendant une dizaine de minutes, jusqu'à ce que kithiara prenne la parole.

-Et maintenant ? que comptez vous faire ?

Les yeux sans vie du rôdeur se relevèrent et la fixèrent. Rien ne semblait les animer, comme si ils avaient perdus tout intérêt pour ce monde et que seul l'instinct lui dictait de rester en vie.

-Ce que je vais faire ? Excellente question, les miens veulent ma mort, je n'ai pas d'endroits où me cacher et toutes les personnes que j'ai un jour rencontré doivent actuellement chercher à m'envoyer dans l'au-de-là, alors si vous me le permettez, je pense que je vais vous accompagner dans vos pérégrinations. La chanson qui vous est venu à l'esprit parlait des pistes d'ambre, il doit s'agir de la grande route de l'ambre. Elle chemine à travers les déserts ambrés dont les pyramides sont couvertes de cette matière, puis traverse la forêt des frondaisons nocturnes, là où les frondaisons sont si épaisses que la seule lumière est celle émise par la sève brillante des arbres géants formant ces bois. On peut y ajouter les montagnes d'ambre qui s'étendent jusqu'à la grande cité de Turuk-Az-Kalak dans le territoire des Quatre-Royaumes.








Nous suivions difficilement les traces de Tarod, et il semblait ne pas être seul.
"Quelqu'un d'autre l'accompagne. Moins habile c'est certain, et heureux aussi, car nous aurons moins de difficultés à décerner leurs traces. dis-je aux membres de mon groupe. Mais il va certainement pressé le pas autant que possible, nous ne devons pas céder de terrain, être toujours à l'affût. Cette chasse à l'home doit être la dernière, celle qui rétablira enfin l'équilibre. Quand nous l'aurons éliminé ... Enfin, vous savez bien ce qui se passera, je n'ai pas besoin de vous le répéter j'imagine."

Ses traces nous dirigèrent vers une bourgade imposante. Nous progressions moins vite que je ne l'aurai espérer, et il gagnait surement un peu de terrain à chaque instant. Mais je ne trahirai pas mon serment, et lorsque sa tête sera enfin plongée dans le Vase, je pourrais m'en retourner parmi les morts, au repos éternel qui m'attends. Et chaque jour que je passe sur ce monde me fait souffrir, d'une douleur lancinante mais de plus en plus vive.

J'ose espérer que l'Ordre remplira sa promesse. Cela fait dix ans que Tarod m'a tué, et le rituel qui m'a ramené m'a lié comme un esclave à mes ravisseurs, ceux qui ont volé ma mort. Et cela fait dix ans que je le chasse à nouveau. Je le connais mieux que jamais, et mes maîtres utilisent le souvenir de mon échec comme un bâton menaçant. Si j'échoue encore une fois, peut être me voueront-ils à l'immortalité dans la souffrance, la peine et la douleur.

C'est pourquoi je suis plus déterminé, plus obstiné que jamais. Il me faut Tarod, il me faut sa tête, il me faut ma mort.








Au bout de quelques instants, je me levai et entrepris de me faire un coin un peu plus douillet au milieu de cette grange au confort entre paille et de déjections animales. Finalement je me retournai vers Tarod et repris la parole timidement en me triturant mes ongles sales :
"Tarod ? Je voulais vous présenter mes excuses pour tout à l'heure, je, je n'aurais pas du être sèche en ne me basant que sur votre nature.
Une furtive lueur amicale éclaira son regard puis dans un haussement d'épaules, il répondit :
"J’accepte vos excuses. Vous êtes aimable Kithiara mais ne vous frustrez pas pour si peu. Bien des gens ont fait bien pire pour bien moins. De plus, je pense que nous allons traverser de dures épreuves alors endurcissez votre cœur."
Après quelques instants, dans une petite moue, je répliquai doucement :
- A défaut d'endurcir mon cœur, entraînez-moi pour que je sois un peu moins qu'un fardeau.
- Vous n'êtes pas un fardeau mademoiselle, dit-il avec un léger sourire aux commissures des lèvres."

Ensuite, il se leva pour sortir et rentre à nouveau deux branches dans les mains. Il m’en lança une et le combat commença. Ou plutôt, alors que j’empoignais à peine l’arme et la levais, son bâton heurtait le mien. Et il n’avait pas lésiné sur la puissance ! Les vibrations engendrées résonnèrent dans mes bras jusqu’aux épaules mais de ce fait, j’affermi ma prise et mes appuis. Avec agilité, je tentai un petit jeu de jambes mais quand son bâton me cueilli aux creux des genoux, tout ce que j’avais réussi c’était de m’étaler au sol.
Dès lors, c’est avec des bouts de pailles qui piquaient ma peau que je me bâtais ce qui me donnait d’autant plus l’air d’une idiote.
Au final, nous nous entraînâmes pendant quelques longues heures et ma raclée s'acheva quand Tarod me prit en pitié et m'envoya me coucher








Les yeux violacés de l'assassin regardèrent la jeune femme grimper l'échelle menant à la mezzanine remplie de foin avant de se reposer sur le bâton qu'il tenait à la main. D'un geste vif il le projeta contre un mur et le regarda s'y planter. Non, il n'était pas humain, et cette réaction ne l'avait pas le moins du monde étonné. Les excuses en revanche avaient éveillé sa curiosité. Kithiara ne se rendait pas encore compte de la personne lui faisant office de compagnon d'aventure.
Un soupir brisa le silence de la grange et les bas pas feutrés du rôdeur suivirent tandis qu'il sortait dehors. Quelque temps plus tard son souffle était à nouveau audible dans leur gîte de fortune. il grimpa à son tour l'échelle et déposa dans un coin un morceau de fromage et du pain volés au fermier habitant ici.
La jeune femme s'était arrangé un petit nid dans un angle du bâtiment et reposait doucement sa tête dans le foin. Tarod s'installa dans le coin opposé et tenta doucement de trouver le sommeil, dehors commençait à gronder le tonnerre d'un orage à venir.

Il était debout, dans une salle aux murs noirs. Une immense table de marbre blanc trônait au centre mais suie cendres et sang en masquait entièrement la pureté. Un décor familier. Sa main balaya la table et comme toujours la cendre se redéposa dessus d'elle même. Le meurtrier à la conscience péniblement lourde commença sa marche onirique à travers le dédale des couloirs de son esprit : même cela valait mieux que ce que ses rêves pouvaient lui réserver.








Nous nous engouffrâmes dans la ville en se dispersant, dans l'espoir de retrouver Tarod et la personne qui l'accompagnait. J'empruntais la rue principale avec deux de mas hommes qui prirent des artères adjacentes tandis que le reste du groupe s'était divisé à l'entrée. Nous nous rejoignîmes trois heures plus tard à l'autre bout de la ville à la sortie Nord. Personne ne l'avait aperçu.
"-Il n'est certainement pas dans une auberge, jamais il ne prendrait ce risque. dis-je. Sortons, nous n'avons que trop perdu de temps encore une fois. Inspectons les bâtisses qui entourent la ville."
Nos investigations ne donnèrent rien, et nous décidâmes de dormir deux heures avant de repartir. J'enrageais à l'idée de ne pas avoir prévu que jamais Tarod ne se serait arrêté en ville. Nous perdions encore du terrain.
Au réveil, le petit déjeuner se restreint au strict nécessaire, puis ne repartîmes au pas de course. Je repérai ses traces au bout de deux heures, par chance nous allions dans la bonne direction. Cependant il avait accru son avance, et je priai pour que de mauvaises conditions météorologiques ne viennent pas encore aggraver notre retard en nous faisant perdre la trace. Par chance la journée fut ensoleillée, et c'est au pas de course que nous traversâmes les longues étendues de campagnes qui s'offraient devant nous. Après une pause d'une demie heure pour manger le soir vers vingt heure, nous décidâmes de progresser encore jusqu'à ce qu'il fasse totalement nuit. quelques nuages s'étaient amoncelé à l'est et la lune serait sans doute voilée pendant la nuit, nous empêchant de suivre leur route.
"-A vu de nez, nous avons peut être reprit quelques dizaines de minutes sur notre gibier, dis-je au membre de mon groupe avant que l'on ne reparte. Ils sont plus lents, mais nous ne pouvons prévoir leur trajectoire. Leur progression dans la nuit les fera certainement reprendre ce que nous avons réussi çà rattraper aujourd'hui. demain, je veux que nous progressions encore plus vite qu'aujourd'hui."
Je savais que je leur demandais beaucoup, mais ils avait été formé dans cette unique but, tout comme moi, et si il le fallait, je pourrais poursuivre seul, pourvu que je l'atteigne.
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeLun 24 Fév - 10:33

Au mécontentement de mon humeur paresseuse, ce n'étaient pas de doux rayons de soleil qui me réveillaient au milieu d'une agréable et avancée matinée mais des secousses insistantes au milieu d'une nuit de poursuite.
Mes yeux s'ouvrirent sur d'autres aux teintes améthystes. Tarod devait avoir saisi mon regret à quitter les doux bras d'Elistraé, bienveillante essence du sommeil car une pointe taquine brillait au pourtour de ses iris.
"b]Ah bah enfin, chuchota-t-il, il en faut du temps pour vous réveiller ! Si nous étions attaquer, même qu'ils incendieraient la grange vous ne le remarqueriez pas ![/b]
- Oh ça va, grommelais-je. Les nuits de captivité, ça se rattrape et puis je n'en ai pas l'habitude, moi."
Un "je ne la souhaite à personne, c'te habitude" se perdit dans les dernières volutes de sommeil qui embrumaient mon esprit. J'entrepris de m'étirer tranquillement mais Tarod m'attrapa un poignet et le tira afin de me mettre debout. Apparemment, entre toutes ses habitudes rustres, assassines et insolites, si je puis dire, réveiller les gentes damoiselles à des heures indécentes sans motif particulier n'en faisait pas partie.
"Je ne vous ais pas réveillée par un sceau d'eau car nous avons suffisamment abusé de l'ignorance de notre hôte mais maintenant, assez maniéré, en route ou cela ne va tarder.
"Oh ça va, osai-je au risque de me répéter."
Avec une suavité exquise, Tarod me demanda :
"Préféreriez-vous que ce soit le fil de l'épée de nos ennemis au ras de votre blanche gorge palpitante qui vous instille l'envie de marcher ? Nous pouvons les attendre...
- Quel grognon ! Un peu de douceur dans vos contacts avec les dames Tarod, dis-je sur le ton de la réprimande."
Pour illustrer mes propos, j'empoignai les jupons de la robe bleu marine que nous avions achetée la veille et descendis les barreaux de l'échelle. Une fois en bas, je les époussetai pompeusement avant de sortir. Tarod suivit la mise en scène avec un sourcil levé. Il la balayai par la suite d'insignifiance par un haussement d'épaules; des extravagances féminines devait-il penser et il me suivit sans rien ajouter que la direction : Nord ! Guidés par l'étoile polaire.


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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeVen 28 Fév - 20:24

Le binôme progressait lentement sous l'aube naissante, aube se reflétant sur les perles de rosée. La scène aurait put se parer de poésie ou de lyrisme, figurer comme toile de fond d'une sublime peinture, mais deux détails souillaient la pureté dégagée par le reflet de la lumière nacrée sur les fleurs et feuilles de la forêt.

Ces deux détails se trouvaient être Kithiara et Tarod. La première avançait laborieusement, réveillant des muscles encore endoloris de la course du jour passé. La robe bleue marine gênait peu ses mouvements, et pourtant elle semblait hésitante et malhabile, se mouvant presque comme une personne en rééducation. Son visage aurait toutefois pu se mêler au tableau, contribuant à la beauté mystique de la scène. des émotions se mêlaient harmonieusement de son regard, de l'incertitude, de la confusion, une pointe de peur mais aussi... Si le regard se portait sous ses yeux, une frêle courbure remontait la commissure de ses lèvres, un fragile sourire que tout semblait pouvoir faire vaciller mais néanmoins présent.

A l'inverse, le second évoluait comme une ombre sur le paysage, il semblait se couler plus que se mouvoir mais sa présence réussissait tout de même à s'imposer, inaltérable. Ses doigts délicatement entrouvert semblaient caresser l'air, le laissaient filtrer, prêts à le saisir. Tous ses sens étaient en alerte, happant le moindre changement dans l'environnement, le traitant, puis le laissant s'échapper. Et pourtant, son visage n'était qu'un masque de porcelaine, un faciès de statue, éteint, sans vie. Pas la moindre lueur dans ses yeux, la moindre contraction sur son visage trahissant une émotion, il ne vivait plus, il survivait.

Deux pôles, l'un exhalant un manque d'assurance attirant, l'autre un manque d'humanité effrayant.

Cela faisait déjà deux heures qu'ils progressaient sous le couvert des bois quand Tarod tressaillit légèrement. Il ne se retourna pas, pas besoin, il avait déjà compris. Les animaux se déplaçaient dans le même sens qu'eux, le vent provenant de leur dos était chaud et portait une odeur insistante, désagréable, celle du bois brûlé.

Le rôdeur s'arrêta quelques secondes, ferma les yeux, puis les rouvris.

-On accélère.

Il ne s'agissait pas d'un ordre, mais d'une affirmation.
Loin derrière eux, la grange où ils avaient séjourné rendait hommage à l'aube naissante en lui renvoyait ses couleurs flamboyantes.

Un mort de plus dans mon sillage, comme toujours.
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeLun 17 Mar - 6:24

La porte claqua, un homme de taille moyenne, au visage blafard entra dans la maison. Il fit quelques pas dans le hall jeta son manteau tremper de pluie sur le sol et ce laissa tomber dans un grand fauteuil de cuire rappé. Un feu discret crépitait dans l'âtre, l'homme s'en approcha pour se réchauffer dévoilant des pommette marquées, un visage malade, deux yeux bleu délavé et des cheveux grisonnant marquant sont entré dans la vieillesse . Dans l'ombre une présence discrète s’empara du vêtement et disparut. L'homme s'enfonça dans son fauteuil maintenant tout proche du feu et s'assoupis. Ce déplacent dans un silence absolu un garçon d'une quatorzaine d'années se faufila jusqu'au deuxième étages, poussa une porte branlante et pénétra dans une grande pièce sous les combles ou trônait un grand lit, une commode et un petit chandelier. A l'opposé du lit un large trou dans le toit laissait entrer la pluie qui ruisselais sur le parquet usé. L'enfant retira ses habit de jour et enfila une petite chemise de tissu souple trop grande pour lui. Sur son flan de gros hématomes de forme divers au teintes violette et verte contrastait avec sa peau couleur de nacre, l'enfant ce glissa sous les draps fin, souffla les trois bougies qui éclairaient encore la pièce et se tut. les heures passèrent, en bas le feu s'éteignis, l'homme blafard s'éveilla, se releva avec difficulté grinçant des dents, il alla d'un pas lourd au bas des marches empruntée quelques temps plus tôt par l'enfant et d'un pas toujours aussi lourd et maladroit gravis les marches. Sous les combes l'enfants ne dormait pas, il entendait les bruits venant de l'escalier, comme presque tout les soires maintenant l'homme allait monter, dans quelques secondes il pousserait la porte de la chambre, s'avancerait dans les ténèbres et après... Ce qui se passait après il refusait d'y penser, chaque fois il préférait se retirer, se retrancher dans son esprit laissant son corps au main perfide de l'homme, jamais il n'aurait pu tenir tout ce temps sans ça, cette capacité lui avait permis de rester en vie mais depuis longtemps son esprit se mourrait tandis ce que son corps souffrait. Comme prévu l'homme entra, s'approcha et s'assis sur le bord du lit, une main moite vint se poser sur le torse du petit, il fit semblant de ne rien sentir, de dormir mais il ne pu s’empêcher de trembler imperceptiblement. Un large sourire se peignis sur le visage de l'homme, ses doigts glissèrent sous la chemise de tissu son haleine chaude et fétide vint frôler la nuque du jeune homme, la pression sur son torse se fit plus forte, un sanglot lui échappa.

Tout était sombre, froid, humide et sans saveur, une sensation étrange flottait dans l'air, comme un fils attacher à la terre et à ses malheurs. Lentement l'enfant repris l'entière possession de son corps, au milieu de son torse une nouvelle tache douloureuses étaient apparut, les blessure de son flan était plus douloureuse que la veille mais plus que la douleur physique l'enfant se sentait salit, déshonoré. il se leva difficilement, récupéra ça chemise de nuit qui traînait sur le plancher, la rangea dans ça commode et enfila ses habits de jour, usé et reprisé à outrance. Il descendit les marches lentement, écoutant après chaque pas pour s'assurer du silence de la maison, enfin quand il fut sure d'être seul il se précipita dans l'atelier, ouvrit le vieux coffre de bois qui traînait dans un coin sous une montagne de débris en tout genre, saisis une vielle épée courte à double tranchant, parfaitement droite et rangée dans un petit fourreau de cuire. Après s'être emparé de l'arme, il referma le coffre remis soigneusement la montagne de débris en place et s'en fut a toute jambe dans sa chambre puis cacha la lame à nue sous son matelas près de l'oreiller de plumes. Il redescendit l'escalier et repris ses taches habituels.

La journée s'écoula lentement, plus lentement qu'a l'accoutumé et quand enfin le soire arriva l'impatience avait d'or et déjà gagner le jeune homme, il tournait frénétiquement en rond tantôt dans la grande pièce du bas tantôt sous la fissure du toit dans la chambre d'où tombait un épais rayon de lumière. Ce jour là l'homme rentra plus tôt des travaux qui le retenait le jour durant dans la ville proche, après souper l'enfant gravis rapidement les marches, laissa la porte de sa chambre entre-ouverte, ne pris pas la peine de mettre sa chemise de nuit et se glissa nue sous ses draps. Sa main droite se referma sur le pommeau de son épée, il ne restait plus qu'a attendre, d'ici quelques minutes la porte entre-ouverte, la lumière restée allumée en haut des escaliers et la perversité de l'homme le conduirait à coup sur à gravir les marches et à entrer dans la chambre. En effet rapidement le pas lourd et mal assurer de l'homme se fit entendre, il poussa la porte de la chambre, souffla la bougie, s'approcha du lit et découvrit avec un certain plaisir le drap fin posé sur la peau nue du garçon, il se baissa, saisis le bras de l'enfant et le redressa d'un geste brusque, pris par surprise le petit se trouva contraint de lâcher son épée, il fut pris d'une peur panique atroce en s’apercevant qu'il c'était offert sur un plateau d'argent à l'avidité de l'homme, il fit de grand mouvement pour tenter de se dégager, frappa l'homme au visage, se tortilla en tout sens avec une vigueur renouvelé. il parvint presque à échapper à l'homme, quand il se crue libérer de son étaux une lourde main s’abattit sur son épaule le projetant à plat ventre contre le lit, là l'étreinte se resserra, le garçon cessa de se débattre, relâcha tous ses muscles et bientôt l'homme poussa un soupire de contentement. Seulement tout cela avait rapproché le petit de son arme, arme qu'il tenait à nouveau fermement dans sa main et à la seconde ou l’étreinte se relâchât quelque peu en réponse à l’abandon de l'enfant la lame jaillit de sous le matelas, décrit un arc de cercle et vint trancher la chaire de l'homme, une expression de surprise mêlée de terreur se peignit sur son visage, puis tout de suite après un torrent de sang vint éclabousser le lit et ses occupants.
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeVen 25 Avr - 7:41

Kithiara, toujours peu adroite dans le monde qui l'entourait, n'avait pas saisi ce qui pour Tarod se révélait comme une évidence. Elle hasarda quelques hypothèses :
"Tu crois qu'ils nous rattrapent ? insinua t-elle avec une pointe d'inquiétude.
- Sans aucun doute, ceux qui nous poursuivent n'ont pas dû dormir comme nous en avons eu le loisir. Ils sont entraînés mais je devrais avoir quelques ruses qu'ils ne connaîtront pas, enfin peut-être, ajouta t-il plus bas."

Peu rassurée par la réponse de Tarod, elle se concentra sur une marche plus rapide et silencieuse. Pourtant, ce dernier  l'informa sur la véritable nature de son affirmation, prononcée plus tôt. La jeune femme perdit ainsi les dernières lueurs de candeur qui enlaçaient encore son esprit pour  saisir le sérieux de sa situation et la situation de celui qui s'était arrogé sa protection. Il profita d'ailleurs des indices qu'il percevait pour la formée :
"Sens-tu la direction du vent ? Elle suit notre chemin. Le vent est d'ailleurs chaud. D'autre part si tu te retournes, tu pourras observer une colonne de fumée noire et parfois illuminée par des couleurs plutôt chatoyantes. C'est un feu, le feu de la grange dans laquelle nous avons séjourné. Son propriétaire a du également être torturé rapidement à notre sujet puis jeté dans le brasier."

Il avait ponctué son propos de pauses pour qu'elle assimile les connaissances et la noirceur par à-coups mais elle n'en fut pas moins scandalisée. A l'interrogation qu'elle tenta de prononcer mais qui ne quitta pas ses lèvres écœurées, Tarod répondit :
"Ainsi va la vie, les fils de Bhaal et la mort qu'ils emportent avec eux... Tout comme moi, regarde, encore un mort dans mon sillage termina t-il, faisant voix de la pensée qui l'avait traversé un instant auparavant."

Après cela, ils continuèrent tout aussi furtivement que précédemment, dans ce paysages où ils faisaient tâche. Au déjeuner, Tarod dévoila l'une de ses astuces pour essayer de masquer l'une des ses inquiétudes : il fit revêtir à la demoiselle qui l'accompagnait sa veste. Portant son odeur, il espérait que cela cacherait à la meurtrière troupe qui les suivait, la fragile présence à ses côtés.

Il savait que son âme pleine de vie pourrait être une faiblesse et alors une potentielle sortie pour l'Ecorcheur.

Kithiara, elle, prenait cela comme enfin un geste de considération face à l'impassible Tarod.


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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeVen 25 Avr - 18:01

La marche rapide qu'avait adopté le binôme ne leur permis pas de rejoindre la ville dans la journée, il faudrait encore au moins une journée et demie de marche supplémentaire pour franchir les portes de la civilisation, mais au moins les bosquets se faisaient plus rares et les fermes plus fréquentes.

L'atmosphère était lourde, l'orage auquel la région avait échappé la veille reprenait des forces et le ciel avait abandonné son aspect blanc cotonneux, il s'agissait maintenant d'une mer noire gonflant ses vagues en attente de la première déferlante. Kithiara resserra instinctivement la veste sur ses épaules, il y avait quelque chose de dérangeant dans ce ciel sans astre.

Il était déjà sept heure passé quand Tarod fit halte au beau milieu de la route de campagne qu'ils avaient rejoint.

-Fais comme moi, attrape des morceaux de hautes herbes et efface nos traces derrière nous.

-C'est très grossier comme technique, c'est avec ça que l'on doit se débarrasser de poursuivant ? Et il y a un paysan qui approche de nous, il va se poser des questions sur ce que l'on fait.

-Non, ça c'est pour qu'ils soient sûr de nous suivre, fais ce que je te dis. Je m'occupe du paysan.

Un frisson parcouru l'échine de Kithiara, elle ne voulait pas avoir à être mêlée avec un meurtre de sang froid. Tarod ne semblait pourtant pas assez monstrueux pour s'attaquer à des passants juste afin d'effacer ses traces, c'était idiot et barbare. Mais n'était il pas après tout dans la nature de sa parenté de se montrer brutal ou malveillant ? Elle décida d'obtempérer jusqu'au moment où il tenterait quelque chose.

Après quelques minutes à jouer ce petit jeu, ils furent à hauteur du paysan. Celui-ci était vêtu de vêtements courant pour sa fonction : des guenilles chaudes et épaisses pouvant arrêter une faucille ayant dérapé, le tout tâché de terre de probablement huit années de vie sur la personne du fermier. Il tirait derrière lui une charrette à bras et fut effectivement assez surpris du comportement des deux étrangers.

-Savez, c'est une route de campagne, même si vous balayez les cailloux ils vont finir par revenir. Vous avez de drôles d'idées vous autres les bourges, comme par exemple laissant un joli petit brin de fille comme ça se balader en robe dans la boue, elle devrait plutôt se trouver dans le foin. Et sans sa robe, m'est d'avis.

Finalement voir Tarod tuer quelqu'un de sang froid n'aurait peut être pas été si désagréable que ça. La pensée macabre ne fit que chatouiller l'esprit de Kithiara et s'évapora dès qu'il eut tiré son épée.

-Arrête ça, c'est inutile de...

-Retirez vos bottes.

-Crénom, c'est parce que j'ai manqué de respect à votre dame ? Chuis désolé monsieur, je vous promet que je pensais pas à mal !

L'air enjoué du rustre avait fondu comme neige et soleil, et sous le sombre éclairage de l'orage pointant, sous visage apeuré n'en était que plus apitoyant.
La main de Kithiara allait se poser sur le coude de son compagnon pour lui faire baisser son arme, mais celui-ci avança d'un pas pour éviter sa main.

-En effet, l'épée que voici est là parce que vous avez parlé de cette femme comme d'une catin, mais aussi pour appuyer une requête : l'abruti de bourge que je suis n'a pas l'habitude de marcher en extérieur et n'a donc pas pris les bottes qui lui allaient le mieux, aussi souhaiterait-il les échanger avec les votre. Il est déjà assez contrarié par votre comportement, aussi serait-il de bon ton de se dépêcher d'accéder à sa requête.

La jeune femme haussa les sourcils, le ton et la façon de parler de son compagnon avaient tout d'un coup adopté un aspect aristocratique et hautain très éloigné de son parlé simple et sans fioritures d'homme d'action.
Très rapidement, le fermier fit sauter les bottes de ses pieds et chaussa celles de son interlocuteur dont la lame s'était baissée dès la fin de sa tirade.

Tarod lui adressa un grand sourire avant de le remercier. Kithiara ayant compris la manœuvre voulut rajouter un peu au côté théâtrale de la situation.

-Fenlius ! vous n'étiez pas obligé de vous montrer aussi mauvais avec ce pauvre homme! Il va un jour me falloir refaire l'éducation que vous semblez ne pas avoir eu.  

Le sourire de Tarod vacilla légèrement de surprise, mais le troisième larron était trop soulagé pour s'en apercevoir.

-Et bien désolé ma dame, mais il m'est impensable de laisser quiconque vous manquez du respect vous étant du ! Allé, déguerpissez donc Manant.

L'homme ne se fit pas prier et repris son chemin au petit trot. Le sourire de Tarod s'affaissa et il fit marcher kithiara dans les traces de pas du fermier avant d'effacer les siennes.

-Bien, maintenant il va falloir que je te porte pendant quelques minutes. Il y a une grange un peu plus loin, nous allons pouvoir nous y réfugier mais il faut qu'il n'y est qu'une seule paire d'empreintes qui s'y rende.

Ayant pris goût à la comédie, Kithiara décida de taquiner un peu son compagnon de voyage.

-Allons donc, vous lancer poser vos mains crasseuses sur ma personne ? vous n'y pensez pas Fenlius ! Oh, et bien puisqu'il le faut. L'endroit manque tout de même de lyrisme pour que vous me portiez jusqu'à votre logis au premier rendez-vous.

-Et bien si madame le préfère, je peux me la jeter sur l'épaule ainsi mes mains n'auront pas à tacher sa robe si délicate.

-Vous manquez d'éducation et d'humour mon cher Fenlius, c'est navrant.
Sans mot dire, Tarod souleva la jeune femme de terre aussi froidement qu'il put, mais il fut incapable d'empêcher les coins de ses lèvres de se déformer légèrement. Kithiara prit la décision de ne pas insister pour ne pas mettre l'homme plus dans l’embarras.

Une dizaine de minutes plus tard, ils étaient dans la grange et ils s'installèrent dans un box vide, tandis que l'orage éclatait enfin à l'extérieur. Le reste de la soirée se passa sans incident, ils eurent même le loisir de dormir un peu, jusqu'à ce qu'un concert de cris de douleur déchire la nuit et les tire de leur sommeil.

La main du rôdeur était déjà sur la bouche de Kithiara quand celle-ci repris totalement ses esprits. Elle la chassa d'un revers et se redressa pour le suivre dans sa marche silencieuse vers la porte menant sur la maison mitoyenne. Il n'y avait pas trace de lutte, même pas une chaise renversée, mais une puissante odeur d'alcool se mêlait à celle du bois brûlé dans la pièce de vie. des gémissements de plus en plus faibles s'échappaient de l'étage, et un bruit de chair tranchée y mit fin. Sans un bruit, Tarod grimpa l'escalier. Kithiara elle, eut plus de mal à se faire discrète sur les marches de bois pourri. Tarod lui jeta un regard exaspéré et dégaina son épée sans bruit, poussant de la pointe la porte entrouverte à laquelle il faisait face. Une marre de sang recouvrait le sol et s'insinuait dans le plancher, suintant de la gorge d'un homme étendu sur le plancher à côté du grand lit emplissant une bonne partie de l'espace. Le lit taché de sang supportait un adolescent à genoux et tenant à deux mains la garde d'une épée plantée dans le dos du cadavre. Le coup de grâce avait été difficile. Le jeune homme en état de choc ne prêta même pas attention aux deux individus, son vêtement large et mal ajusté collait à sa peau sous l'effet de la sueur et du sang et son souffle rapide était le seul bruit audible, autre que la pluie battant le toit et le sol de la pièce dans un coin dépourvu de chaume. Pas de sanglot. Simplement un regard fixe.

Tarod prit une grande inspiration, rangea son épée puis se retourna.

-Désolé, on repart. sors vite, j'en finis avec cette maison.

-Quoi ? mais on a à peine dormis !

-Ils vont très vite s'apercevoir qu'il y a eu un mort dans les parages,soit je fais passer ça pour un bête incendie, soit ils trouvent le cadavre demain et comprennent par où nous sommes allé, alors SORS D'ICI !

C'était la première fois qu'il lui hurlait dessus, et aussi la première fois qu'il paraissait en colère. Elle jeta un coup d'oeil à l'enfant. Il venait de relever la tête et l'observait maintenant. Il y avait quelque chose dans son regard. pas de la méchanceté, très loin de là, pas de la peur non plus, mais quelque chose de proche. Un appel à l'aide ? Tarod lui fit un signe de tête et la poussa devant lui dans les escaliers, la faisant sortir. Arrivé dans le salon, il attrapa une bûche enflammée par les deux bords et la jeta sur un fauteuil, une autre, la jetant sous un tapis. Il roula le tapis qui prenait déjà feu puis le plaça sous la table. Poussant Kithiara à l'extérieur pour un départ en trombe, il fut interrompu par une remarque de la jeune femme.

-Mais... Et l'enfant ?!

-Il n'est pas descendu ?... Sors dehors, j'arrive.

Les flammes se faisaient de plus en plus grande, le plafond commençait à prendre feu, la pluie aurait du mal à stopper cet incendie. courant dans l'escalier Tarod débarqua en trombe dans la chambre de l'adolescent. Celui-ci était toujours dans la même position, il avait retiré l'épée du corps et regardait maintenant les quelques flammes qui passaient déjà au travers du plancher. Puis son regard se posa sur Tarod inexpressif.

-Bouge ! cours dehors idiot !

Pas de réaction. L'escalier commençait à craquer derrière lui. Se précipitant en avant, il saisit l'enfant par l'épaule. Le regard du jeune homme changea brusquement, tout comme son attitude : un glapissement s'échappa de sa gorge, suivit d'un cri de rage accompagné d'un visage crispé par la colère. l'épée passa à toute vitesse à côté de Tarod qui dût lâcher son bras pour n'écoper que d'une entaille sur l'intérieur du biceps. Se jetant de nouveau en avant, il frappa le poignet gauche de son opposant, le faisant lâcher son épée, puis tenta de lui ressaisir l'épaule. Cette fois, ce fut un coup de poing qu'il para, il tressaillit légèrement sous le choc, le coup avait été beaucoup plus fort qu'il ne s'y était attendu. L'escalier craqua de nouveau derrière lui, beaucoup plus fort cette fois-ci. Il saisit l'enfant par les deux épaules, lui bloquant les bras et le soulevant de sol. il le colla contre lui pour l'empêcher de trop agiter les jambes, puis courant au-dessus des planches crépitantes, le jeta sans ménagement par le trou dans le toit. Il prit son élan, puis sauta à sa suite.

Un peu plus tard, Tarod et Kithiara s'arrêtaient essoufflé à la limite extérieur du champ. La pluis battait leurs corps trempés.

-Où est l'enfant !

-Partit ! Je l'ai forcé à sortir, il n'était plus dehors quand je l'ai suivi, maintenant, on avance et on trouve un autre endroit pour dormir, de préférence, avant de se noyer, d'accord ? Bien !


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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeSam 26 Avr - 12:09

La lame venait de planter dans le bras de l'homme, au dernier moment il l'avait interceptée sauvant ainsi sa vie. L'homme saisi le bras du garçon et d'un mouvement brusque il le tordit, un horrible craquement accompagné d'un cri de douleur silencieux annonçait que les os venaient de se briser. L'enfant ramena son bras casser contre son corps, sa respiration était haché, il gémissait faiblement en tenant son membre blessé. L'homme saisi l'épée qui traînait à côté du lit, s'empara du bras blesser et le maintint sur le lit, là il enfonça la lame dans la main du jeune garçon qui poussa un hurlement de douleur.L'épée qui avait traversée non seulement la main mais aussi le matelas était fichée dans le sommier de chêne, l'enfant était épinglé comme un papillon, l'homme avait déchiré un bout de drap et se faisait un pansement de fortune pour son bras blesser. Quand il eu fini il asséna à sa victime un puissant coup de point au ventre coupant court au hurlement de douleur de l'enfant qui c'était changé en gémissement craintif, il regardait sa main avec désarrois et les larmes lui vinrent aux yeux.

-Tu me paiera ça, oh oui,  tu va me le payer !

L'homme avait parler, pour la première fois depuis des moi l'homme avait parler. Il n'en revenait pas, son père venait de lui adresser la parole, certes pour le menacer, pour le prévenir que la tempête était proche, mais il lui avait parler. Le garçon n'eu pas le temps de réfléchir à cette situation inattendue, l'homme saisi l'épée toujours plantée dans sa main et entrepris de lui faire faire un tour complet, arrachant ainsi de nouveau gémissement au garçon qui pleurait presque sans bruit en regardant la lame acérée découper ses chaires.  Dans l'escalier des bruits de pas se firent entendre, l'homme interrompis son mouvement et se retourna pour guetter l'arrivé d'éventuel bandit, profitant de l'occasion son fils retira l'épée de sa main et d'un geste trancha la gorge de l'homme qui cette fois ne pu parer, celui-ci s'écroula au pied du garçon et articulant des gargouillis incompréhensible. La porte de la chambre s'ouvrit, l'épée s'enfonça dans le dos de l'homme qui se tut. Le temps semblait s'être arrêter, l'enfant regardait son père couvert de sang à ses pieds, l'homme était mort... Il avait attendue ce moment depuis toujours et aujourd'hui il était enfin libre. Libre ? Libre de faire quoi ? A quoi bon être libre si l'on est déjà mort au fond de soit ? Le monde était devenue sans saveur, la peur, la haine, la douleur tout cela avait disparut d'un coup et il ne restait rien, rien que les ténèbres grandissante. Un homme entra dans la pièce, il hurla quelque chose, derrière lui une lumière dangereuse se répandait sur le sol, dévorant l'escalier, les poutres, le sol, la maison tout entière sombrait. L'homme approcha, saisi l'enfant qui riposta pris d'une rage soudaine, il frappa l'homme avec son épée, celui-ci esquiva, frappa en retour et tenta une nouvelle fois d'attraper l'enfant qui se débattis de plus belle, cette fois l'homme parvins à le saisir et le projeta hors de la maison par le trou du toit, lors de se bref échange tout était revenue, sa rage, sa peur tout, il était vivant car seul les vivant connaissent encore la douleur. Il atterrit dans l'herbe au pied du bâtiment en flamme,  il se réceptionna parfaitement et s'enfuit en courant dans la forêt, son corps le portait sans se soucier de la douleur ou de la fatigue il courrait entre les arbres silencieux. Arrivé devant un rocher fendu d'où s’écoulait un petit ruisseau il se hissa au sommet de la pierre près d'un buisson d'aubépine, là il frappa une pierre qui trembla puis se descella laissant voir un passage où il se glissa.

Tarod s'enfonçait dans la forêt, il courrait les sens aux aguets pour s'assurer de la sûreté du bois. Derrière lui la jeune femme peinait toujours à suivre son rythme. Arrivé devant le rocher fendu le rôdeur sentit un léger courant d'air froid, presque imperceptible. il changea de direction, monta sur la grosse pierre et découvrit l'entrée du trou au pied de l'arbuste, il dit quelques mots à ça compagne et entra dans le passage. Une fois à l'intérieur il s'assura rapidement que l'endroit était vide et sur puis fit descendre la jeune femme, il remarqua le mécanisme primaire qui refermait l'entrée et en profita.

-Ce doit être une cache de contrebandier, ils n'ont pas bien refermé la porte lors de leur dernier passage.

La jeune femme regardait la grotte d'un air suspicieux.

-Nous dormirons là ?

-C'est sec, bien caché et sûre... C'est un bon refuge.

L'homme et la femme parlait dans l'ombre, au fond de la grotte l'enfant regardait incrédule les deux êtres qui venait d'entrer, esquissant une grimace de douleur il saisi avec son bras valide un couteau qui était rangé soigneusement entre deux pierre, d'un geste il projeta l'arme sur l'un des deux intrus, celle-ci se ficha dans le mur derrière Tarod. Étonné le fils de Baal tira son épée et se plaça entre la menace et sa compagne, il n'avait sentit aucune présence, aucune odeur, rien. Dans l'ombre l'enfant tâtonnait pour saisir un second couteau, ses mouvement était lent et difficile, sa furie s'étant apaisée la douleur et la fatigue le gagnait maintenant, Tarod s'avança dans l'ombre, saisi l'enfant et le projeta dans le faisceau de lumière de lune qui entrait par une fissure de la voûte, s'avancent pour achever son adversaire il arrêta son geste en voyant la forme tremblante recroquevillée à ses pieds, tenant dans sa main gauche son bras cassé, son autre main saignait abondamment, sous sa chemise de nuit déchiré des taches sombre entachaient son teint nacré qui reflétait la lune.


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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeLun 28 Avr - 18:39

Leur trace nous mena à une grange adossée à une ferme isolée, un endroit idéal pour passer une nuit tranquille. J'inspectais rapidement l'intérieur de la bâtisse, avec deux de mes Traqueurs, tandis que les deux autres interrogeaient le propriétaire. Je repérai rapidement l'endroit où ils avaient dormi, la paille gardait des traces légères de leur passage. Si Tarod avait eut plus de temps pour dissimuler son passage, il m'aurait sans doute fallu employer des méthodes bien plus pointues pour repérer ces traces. Je voyais bien qu'il était extrêmement pressé, et cela me réjouissais, car il devrait commettre d'autres négligences pour avancer au plus vite, et nous gagnions du temps. Cependant je redoutais sa ruse et son astuce.

Lorsque j'eu déterminé si il était toujours accompagné (et c'était apparemment le cas), je retournai avec les deux Traqueurs à l'entrée de la petite ferme. Mon odorat capta alors une fragrance âpre : l'odeur de chair humaine brûlée. Je me précipitai à l'intérieur et découvris les deux autres Traqueurs qui avaient précipité le propriétaire de la ferme dans son âtre empli de braises brûlantes, la tête la première. L'un le maintenait par le cou dans cette position. Il relâcha sa prise lorsqu'il m'aperçus, et le fermier se releva alors brusquement, hurlant à plein poumons les cheveux en feu. Il parcouru son salon en courant, les bras en avant, et alla s'écraser contre un épais rideau qui cachait une fenêtre sans vitre. Le tissu s'enflamma aussitôt. Je me retournai vers le Traqueur qui me dit simplement "il a refusé de parler".
Ces hommes avaient été entraînés à ne pas ressentir de peur, cependant, contre un Maître Hombre, qui plus est ressuscité, il ne put s'empêcher d'avoir un mouvement de recul lorsque je m'approchai de lui, le visage sans expression apparente, mais mes yeux crachaient la fureur et le courroux.
"-Est-ce que tu as simplement idée de l'immensité de l'erreur que tu viens de commettre ?" lui demandai-je d'une voix calme, mais pleine de tension. Puis sans attendre de réponse "-Tu sais que dans notre ordre, l'erreur n'est pas admise. Et ceux qui font des erreurs ne sont pas admis."
Je le saisi par le col de sa tenue de cuir et le projetai d'un seul bras dans les flammes qui léchaient déjà le plafond, dévorant tout un pan de mur. Il ne se débattit pas, et n’essaya pas non plus d'échapper au feu, car il savait que je le tuerais dans l'instant où il ferait un seul mouvement.

Etant dans l'impossibilité d'éteindre l'incendie, nous nous remîmes en route le plus rapidement possible, suivant la trace légère de notre "gibier". Je forçais le rythme de notre groupe, empêchais mes Traqueurs de s'arrêter plus de cinq minutes dans la journée pour ne pas perdre du terrain. La trace fut facile à suivre jusqu'à ce que je sois surpris à quelques mètres d'un large chemin de terre : les traces avaient visiblement tenté d'être brouillées sans grande finesse jusqu'à la route, et là, Tarod avait laissé de profondes traces de pas dans la terre meuble. Cela me troublait, parce que je savais pertinemment que jamais Tarod n'aurait jamais laissé un indice aussi grossier sans raison : il essayait de me faire partir dans une mauvaise direction.
La situation se présentait comme ceci : une paire de bottes inconnues venait de droite, accompagnée des traces d'une charrette, puis repartait vers la droite. Une autre paire, que j'identifiais comme étant celle de Tarod, sortait des herbes qui bordaient le chemin et continuait vers la gauche, en suivant les traces de la charrette. Celle dernière semblait s'être arrêté un moment à l'endroit où les traces de pas se rencontraient.
Après quelques minutes d'observation, j'arrivai à déchiffrer l'énigme de ce qu'il s'était passé à cet endroit : je reconnaissais la marche droite et décidée de Tarod dans les traces bottes inconnues qui repartaient sur la droite, et la démarche pesante et branlante de l'inconnue qui était reparti avec les bottes de Tarod. Une ruse classique mais peu efficace lorsqu'il s'agit de perdre un maître Hombre. Peu efficace pour le perdre, mais certainement bien plus pour gagner quelques minutes et mettre une nouvelle ruse en place. Je remis le groupe en route à une allure poussée.


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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeMar 29 Avr - 17:16

"Tarod ! C'est un enfant ! avait surgi le cri révolté de Kithiara, en même temps que l'image fugace en provenance de ses souvenirs oubliés."
Elle s'y remémorait un petit enfant aux cheveux mi-longs soulignant délicatement ses fossettes parmi les frisettes. Il courrait au bord d'un ruisseau posant de temps en temps un pied dans l'eau. Elle, lui courrait après, toute aussi gaie. Lorsqu'elle le rattrapait, ses petits yeux joyeux et rieurs se posèrent sur elle, délivrant un flot d'amour chaste par leur regard.
Des derniers rires lui parvenaient, tandis qu'elle regagna la réalité, le cœur toujours empli de ces sentiments de quiétude insouciante.

Kithiara se jeta sur le jeune enfant comme le protéger de la malveillance de Tarod à son égard et de la douleur qu'il devait ressentir par ses blessures. D'ailleurs, celles-ci l’écœuraient, comment pouvait-on molester un enfant de la sorte ?
L'éloignant d'autant plus, elle envoya Tarod chercher de l'eau saine et propre :
"Trouve du lait de pavot, si tu peux ! lança-t-elle en même temps qu'il franchissait le pas de leur cache de braconniers."

Ensuite, elle posa la tête de son protégé sur le ballotin de leurs maigres affaires avant de sortir également. Elle rentra quelques instants après, des tiges en mains ainsi que des végétaux fins pouvant faire office de ficelle.
Elle cala le bras fracturé entre ses tiges et les lia avec sa ficelle végétale. Le tout tenait et laissant un champ libre autour de la fracture ouverte, dont elle avait choisi de réduire la luxation plus tard, quand il serait soulagé par le lait de pavot, en espérant qu'ils en trouveraient.

Tarod revint cela fait. Il lui ramenait de l'eau claire mais pas l'antalgique si désiré. Il acquiesça donc face au travail de sa compagne et ressortit sur un autre hochement de tête, cette fois pour la saluer.
Elle s'attaqua alors à panser avec des pans de ses vêtements les blessures du jeune homme. Sereinement, elle trempait ses bandages improvisés dans un second récipient afin de les nettoyer. Puis, tout doucement et le plus délicatement possible, elle épongea le sang, les salissures pour dégager des plaies superficielles nettes et propres. Alors seulement, elle les tamponna pieusement avant de parer son oeuvre d'extraits bleus de sa belle robe.

Quand Tarod reparu, elle tenait entre ses genoux la tête du blessé qu'elle caressait lentement, elle-même adossée à la roche. Elle lui fit boire la décoction  apaisante et continua son rôle jusqu'à ce que Tarod remette les os brisés. elle ferma les yeux quand la victime hurla mais continua inlassablement à chérir son protégé.

Elle finit par sombrer dans le sommeil, hanté par les songes tumultueux qu'elle fit à propos de la nouvelle venue et le passé qu'elle lui imaginait. Tarod lui veilla longtemps, silencieusement, réfléchissant aux conséquences de cet imprévu et aux talents instinctifs de Kithiara à le soigner.
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeMar 29 Avr - 20:05

La tempête s'était calmée, maintenant des rares percées dans le plafond de la grotte, seul filtraient les rayons de la lune, l'eau qui en suintait auparavant n'était que l'âge d'or d'un mince filet d'eau. La pluie continuait de tomber mais le gros de l'orage avait cessé.

il devait être trois heure passé, peut être plus, quand des hurlements réveillèrent la petite équipé. Ou plutôt quand les hurlements d'un des trois membres réveilla ses deux aînés. Kithiara réveillée en sursaut tenta de placer ses deux mains de chaque côté de la mâchoire de l'enfant, tentant de l'apaiser par des mots calmes et des paroles douces.

Un coup violent fit voler la tête de kithiara de côté, déclenchant des saignements abondant de son nez et d'une blessure ouverte juste sous son œil gauche. Surprise, la jeune femme tomba de côté sur le sol de la caverne, ramenant une main sur son visage tuméfié sans pour autant quitter de ses yeux horrifier le jeune homme qui se redressait au-dessus d'elle, une pierre dans une main et son couteau que la jeune femme avait gardé près d'elle. Dans un hurlement, le jeune homme abattit ses bras à la façon des grands singes, coup qui aurait probablement brisé plusieurs côtes à sa protectrices et lui aurait largement ouvert le ventre, laissant la puanteur de ses entrailles envahir le lieu restreint.

L'agresseur s'écroula au sol, lâchant la pierre sur laquelle sa prise était mal assuré mais tenant toujours fermement son couteau. Prit de panique, il cabra et réussit à arracher sa cheville de la main de Tarod. L'homme ne se jeta pas sur lui, contrairement à ce que la paranoïa hurlante du jeune homme s'attendait.

-Je veux ton nom.

Dans un nouveau cri de rage, il se jeta en avant, taillant le vide de son arme. Il eut vaguement conscience du rôdeur passant à toute vitesse sous son bras pour se placer juste derrière lui avant d'enchaîner par un coup rapide à l'arrière de ses deux rotules. Voulant continuer sa charge, l'enfant s'écrasa au sol, mais faisant fit de la douleur se releva aussi tôt, cherchant l'homme des yeux.

-Tu ne veux pas parler ? Ou alors ne sais tu pas parler ? Qu'importe, ne parles pas, arrête toi simplement.

Les yeux affolés balayèrent les ombres, ne trouvant comme cible à la fureur qu'ils couvaient que le frêle corps de Kithiara, frissonante maintenant devant la folie de l'enfant.

-Je t'en pris, calme toi, tu n'as pas à faire ça !

un ordre, encore un ordre, encore et encore des ordres. Plus rapidement que jamais, l'enfant se jeta en avant, son bras fragilisé levé pour la frapper aussi fort que possible.

-Ne fais pas ça, Tarod non !

il n'était plus qu'à trois pas de la femme quand la silhouette du dernier protagoniste noircit son champs de vision. En un arc-de-cercle parfait, le couteau fut arraché de la main forte et trancha les bandages de la main faible. L'autre main décrivit le parcours inverse, frappant le poignait fragile du jeune homme et descendant jusqu'à la face interne de son genou pour mordre violemment dans les tendons de l'articulation. A peine la victime commençait à s’affaisser que le dos du rôdeur remonta brutalement, lui faisant claquer la mâchoire et le projetant d'un bon mètre en arrière. Par chance la langue du jeune homme se trouvait déjà au fond de son gosier quand le choc parvint.

sonné, il redressa son regard vacillant sur Tarod. L'homme le fixait, le visage empreint de sévérité et de mécontentement, mais son regard était tout autre. Kithiara ne pouvait discerner que le dos de son compagnon, elle ne put donc pas voir ses yeux brillants dans la faible lumière lunaire. L'enfant les vit, mais sur le coup il ne put saisir correctement ce qu'il voyait, chose qu'il ne comprit que plus tard. Au milieu de ce visage austère se trouvaient deux yeux tristes, voir même déçu, mais d'où perçait étrangement une impression de colère étouffée, pas dans leur forme, pas dans la pupille, pas dans le plissement des paupières ou des sourcils, simplement dans ses yeux. La main droite de l'homme glissa le long de la lame du couteau, la saisit fermement puis d'un mouvement sec, brisa la lame, jetant les deux morceaux au sol.

Quelque secondes s'écoulèrent, puis la voix de Kithiara résonna aux tympans du jeune homme, dont les yeux s'étaient clos tandis que sa main venait masser son bras endoloris.

-Tu... Tu n'étais pas obligé d'en faire autant.

Sa voix était hésitante, du reproche en perçait, mais elle venait de se faire agresser et aurait put ne pas s'en sortir. Toute sa bonté ne pouvait pas simplement tordre le cou à la peur qu'elle avait ressentis, aussi elle ne semblait pas totalement persuadée par ses propres mots.

-Je n'étais pas obligé d'en faire si peu.

La voix de Tarod, elle, était calme, mais s'était manifesté dans un murmure étouffé, s'extirpant d'une gorge contractée. Il vacilla. Sa respiration, le temps de deux cycles se fit bien plus forte, mais se fut tout. Il se pencha, récupéra le bandage déchiré et le fit tomber à côté de l'enfant.

-Refais le. Et ne lève plus la main sur celle qui te soigne, seulement sur celui qui te blesse.

Sans un mot de plus, il se retourna et reprit place dans son coin de grotte, coincé entre deux tonneaux vide et abîmés. Il vit Kithiara hésiter un instant, le regard posé sur son sac. Puis elle se décida, se leva, sortit sa couverture de voyage, la déposa à côté de l'enfant dont la respiration s'était quelque peu calmé, et retourna s'installer en un point sec, à distance respectable de son protégé, afin de panser ses plaies. Le sommeil ne tarda pas à la gagner. Tarod se redressa, menant son pas lent et mesuré jusqu'au jeune homme avant de s'accroupir à côté de lui. Il laissa la main du jeune homme s'écraser contre son visage quand celui-ci compris terrifié qui était la silhouette penchée au-dessus de lui.

La tête de Tarod pivota légèrement puis se tourna de nouveau vers l'enfant, celui-ci n'esquissa plus un geste, intrigué. La main de Tarod se leva lentement, puis se tendit vers la femme assoupie.

-Plus, jamais.

Pas de réponse visible. Il soupira, se redressa et poussa le bandage du pied.

-Repanse ton bras, c'est toujours préférable que de le laisser à l'air libre.

Il se dirigea vers sa couverture et s'agenouilla dessus. Après une minute, il entendit un bruit derrière lui. Il patienta encore.

Quand il se releva, l'enfant avait finit de rebander son bras et s'était enveloppé dans la couverture.

Tarod observait calmement la Lune, elle lui semblait moins clair dernièrement, mais le don qu'elle avait d'apaiser son esprit ne s'était pas tari. Depuis combien de temps n'avait il pas eu une nuit, ou même une journée normale ? Des années. Et pour quel résultat ? Une fuite sans but et sans attache loin de ses frères qui voulaient visiblement sa mort. Enfin, presque sans attache.

Il continua d'observer l'astre blanc jusqu'aux premiers rayons du jour, laissant ses deux compagnons se reposer dans la grotte, tout deux blottis dans leur couverture.

Tu ne frapperas pas cette fois.


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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeMar 29 Avr - 21:04

Enveloppé dans ses draps l'enfant regardait le sol, il semblait plonger dans une réflexion intense et seul le mouvement de ses yeux affolé trahissait son état d'éveil.

-Cet homme, Tarod il était beaucoup plus fort que lui, plus fort aussi que son père, il pouvait écraser l'enfant en quelque seconde mais pourquoi c'était-il retenue ? Pourquoi n'avait il pas profité de sa victoire ?

Un frisson le parcouru.

-Pourquoi ? Pourquoi était il en vie, pourquoi la créature endormis plus loin l'avait soigné ? Dans quel but ? Quelle genre de ruse était-ce là ? Pourquoi avait il baisser sa garde entre les mains de la créature ? Pourquoi c'était-il laissé faire et pourquoi était-il si triste maintenant qu'il l'avait frappé ?

Un flot incessant de question lui traversait l'esprit, il y en avait beaucoup trop pour qu'il prenne le temps d'y répondre, mais deux chose était sûre, cet homme était fort et pour une raison inconnu ne profitait pas de sa force pour dominer les autres. Une fois ce constat établi l'enfant revint aux sujets le plus obscure, qu'était cette chose endormis plus loin ? Elle était étrange, faible et en même temps elle disposait d'une force latente étonnante, de plus ça réaction se ce jeter sur lui, de le prendre dans ses bras et de le soigner restait complètement incompréhensible au garçon, de tout ce qu'il avait fait et vue dans sa vie rien ne ressemblait à ça et le plus étonnant c'est qu'il avait aimé cet instant chaud et calme ou il ne pensait plus. Que c'était il passé au juste dans cet satanée caverne ?!

Un bruit dans son dos le fit sursauter, instinctivement il effaça sa présence à tel point que Tarod se retourna surprit et s'approcha pour s'assurer que l'enfant était toujours la.

- Quel étrange pouvoir...

Le garçon se figea complètement, dans son dos l'homme se déplaçait dans un silence absolu. Tarod le fixait maintenant avec insistance.

-Tu es là devant moi et pourtant, si je ne te regarde pas avec attention je ne croirais pas à t'a présence... Vraiment surprenant...Dort maintenant !


C'était un ordre, en un instant l'enfant s’exécuta, il ferma les yeux et se laissa emporter par le sommeil. Au matin il s'éveilla, glissa hors de sa couverture sans que Tarod ne s'en aperçut et s'en fut au plus profond de la grotte, là il s'assis contre la paroi ramena ses genoux contre son corps et pris ça tête entre ses main. Il restât assis là une heure a peu près quand la créature s'approcha de lui il leva les yeux vers elle.

-Tu as passé une bonne nuit ?  

Elle était toujours aussi douce et tentait de cacher une légère crainte dans sa voix, L'enfant la regarda en silence, fixant ses long cheveux noir, il descendit son regard sur la figure de la jeune femme. Un gros bleu couvrait l'une de ses joues et son œil avait légèrement enflé.

-Qu'y-a-t-il ? Demanda la jeune femme en souriant.

Il continuait de fixer l'hématome, l'air à la fois surpris et désolé. La jeune femme comprit rapidement l'attitude du garçon et répondit le plus calmement du monde.

-Tu sais ça ne me fait plus mal du tout.

C'était un mensonge et l'enfant le savait, il connaissait l'étendue de sa force sur les gens normaux, il avait déjà eu à faire à un chasseur dans la forêt et même cet homme habitué à vivre "à la dure" avait eu mal après avoir reçut un coup similaire.

- Quel est ton nom ? Demanda-t-elle maintenant accroupit devant lui.

Il l'a regarda incrédule, son nom ? Quel était son nom ? Il n'en savait rien, son père n'avait jamais trouvé le temps de lui en donné un, bien sur il savait ce qu'était un nom mais pourquoi en aurait-il un ? Seul les humains ont un nom, les morts et les parias s'en passe bien. Lui il était les deux, son âme était morte depuis longtemps, il avait tué son père, il n'avait ni famille ni maison où retourner et il ne pouvait certainement pas se risquer dans le monde des hommes, un parias, un vrais.

La jeune femme pencha la tête de côté comme pour réitérer sa question. Quel que soit la façon de la regarder elle n'était pas mauvaise, ni dangereuse... N'était elle donc pas humaine ? Alors quelle genre de créature est-elle ? Une fée ? Il en avait entendu parler il y a longtemps, les fées sont les plus belle créature vivante, elle sont toujours bienveillantes...

Il se mit à pleurer.
Il ne savait pas lui même pourquoi mais ses yeux se remplirent de larmes, sa gorge se noua et il pleura en regardant la fée accroupit devant lui. Elle leva une main pour la poser sur son crâne, pendant un instant il vit rouge, ses muscles se raidirent et il se prépara à attaquer, puis l'ordre lui revint: "Plus jamais". Il se calma et laissa libre court à ses pleures pour la première fois depuis longtemps. La fée s'avança et le prit dans ses bras, il n'en revenait pas.

-Tu n'as pas de nom n'est ce pas ?  

L'enfant fit non de la tête.

-Alors je vais t'en donner un, Elan . Qu'en dis-tu ?

Il cessa de pleurer et leva son visage vers le siens, un pâle sourire se dessina sur ça figure en entendant ce mot.

Il avait un nom. Il était encore humain.
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeDim 4 Mai - 20:10

Alors que l'orage grondait et que la pluie commençait à tomber, nous progressions rapidement vers une colonne de fumée qui nous signalait le second incendie de la journée. Une nouvelle ferme venait sans doute de succomber à la fureur de notre course poursuite. Peu m'importait tant que je gagnais du terrain sur ma cible, et c'est exactement ce que je faisais. La nuit s'installait alors que nous arrivions à la bâtisse, mas de cendre duquel émergeait quelques poutres calcinées telles les doigts d'une main de géant. Mon odorat, que le sortilège de résurrection m'avait grandement affiné, capta l'odeur de chair brûlé.
"-Il y'a un cadavre la dedans. informai-je mes Traqueurs. On se repose ici pour la nuit."
Et tandis qu'il s'installaient dans l'herbe sous la pluie battante, je m'avançais dans les cendres pour chercher la dépouille. Je la trouvai après quelques minutes. J'extirpai la chair à demi calcinée raidie pour l'examiner. Le corps avait été en partie protégé par l'effondrement et était donc reconnaissable : il ne s'agissait ni de Tarod, ni d'une personne susceptible de l'accompagner. Juste un vieux fermier sale et ... égorgé. Ce dernier détail me dérangeait : Tarod n'aurait pas égorgé un homme simplement parce que celui-ci l'aurait vu, et encore moins parce que son chemin l'aurait mené  près de la demeure cet homme. Et il n'aurait pas laissé quelqu'un l'accompagnant le faire. Deux hypothèses : ou Tarod cherchait à brouiller davantage les pistes, ou bien une troisième personne était intervenu. J'optais pour la seconde hypothèse : Tarod ne pouvait pas se permettre de perdre encore du temps à tenter vainement de ruser à mon encontre.
Après les six heures de sommeil de mes Traqueurs, heures que j'avais passé à fouiller aux alentours pour dénicher de la viande fraîche, nous prîmes un solide repas en vue d'une nouvelle  journée à un rythme forcé. A  mon grand malheur, la pluie et le vent avait contribué à ne plus laisser une quelconque trace du passage de Tarod. Je décidai que l'on partirai en ligne, écartés les uns des autres d'environ vingt cinq mètres dans la direction générale qu'avait adopté Tarod depuis les derniers jours.Nous avancions ainsi dans la forêt en balayant une bande d'un centaine de mètre de largeur. Il nous fallu quelques heures pour retrouver une trace du passage du groupe. Cependant il m'était impossible de confirmer la présence d'un nouveau membre, ne pouvant repérer des différences avec les précédentes traces que nous avions suivies. Je supposais que Tarod avait préféré laisser derrière lui quelqu'un plutôt que de se ralentir avec un nouveau fardeau.
Nous nous étions regroupés comme à l'accoutumée pour suivre la trace, je menai la file à un rythme effréné. Je sentais que je me rapprochais de Tarod, et cette sensation faisait bouillonner en moi une rage si intense qu'elle aurait donné des nausées à un home normale. J'étais comme une bête enchaînée. Enchaînée à l'extérieur dans la tempête, alors que je voulais rentrer au calme et à l'abris. C'est ce que je ressentais au fond de moi, cette absence de sensations normales, pas de douleur ni de faim, encore moins de sommeil. Au contraire un éveil constant et tendu à l'extrême, un ouragan de rage intériorisée, de honte refoulée. De la haine aussi, envers moi même et envers tous.


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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeMer 14 Mai - 21:59

Après cela, ils rangèrent leurs affaires puis, sortant celles du petit déjeuner frugal auquel ils auraient droit, Kithiara prit la parole :
"Que songes-tu faire Tarod ?
- A vrai dire, je ne sais pas. Il faut partir, c'est sûr, réfléchissait-il à haute voix
- Pourquoi ne pas suivre la chanson, les routes d'ambre, proposa-t-elle.
- Oui, oui, mais nous avons également besoin de chevaux en raison de la pluie. De plus, échafauda-t-il, cela mettra de la distance avec nos poursuivants."
Kithiara acquiesça en silence. Remettre ce souvenir sur la table plongeait tout le monde dans un mutisme pensif.
Tout le monde, sauf Elan déjà muet. Celui-ci, en effet songeait à son devenir ainsi qu'à ce qu'il venait d'entendre. Les poursuivants, la chanson, il ignorait tout ce dont ils parlaient mais surtout, c'est la question du nous qui l'interrogeait : l'englobait-il ?
Même si la question le tiraillait, loin de lui l'envie d'ouvrir la bouche. Kithiara lui dégageait certes énormément de bonté mais il avait trop peur que finalement ce couple devant ressemble à la personne qui avait le rôle de père. Il hésitait grandement.
Apres cela, le chef du groupe sortit, les chevaux qu'il avait mentionnés plus tôt, se dit Kithiara.

Pour sa part, elle tenta d'ouvrir la conversation avec Elan tandis qu'elle inspectait ses blessures. En vain, il s'était glissé dans un mutisme où seul son esprit bénéficiait de réponses. Finalement, elle saisit un bâton et s’entraîna, fendant le vide, faisant attention à sa posture, à la contraction de ses muscles.
En sueur et haletante, elle ferma les yeux, se rappelant une leçon de Tarod : écouter, écouter son environnement, s'écouter. Son cœur ralentit alors, sa respiration se fit profonde mais silencieuse et elle prit conscience. Conscience du souffle d'Elan, des courants d'air filant, des limites froides et pierreuses de la cavernes. Elle reprit ses mouvements offensifs comme si elle glissait sur l'eau.
Bientôt, elle rouvrit les yeux. Exactement au moment où ayant entendu Elan se mouvoir, elle s'attendait à se qu'il vienne la rejoindre dans sa dance combative.

Pourtant, malgré ses progrès, elle ne sentit pas Tarod entrer. Après tout, il était un fils de Bhaal. Il les observa donc. Puis, fier des progrès de celle qu'il avait trouvée amnésique, perdue et on ne peu plus frêle et amusé de cette complicité qui ne l'avait pas remarqué, il les mit à terre dans un mouvement unique, arborant un sourire victorieux au-dessus des deux corps empêtrés.
L'instant d'après, lorsqu'ils reconnurent leur pseudo-agresseur, ils éclatèrent en un fou rire général, tous mais encore une fois sans Elan, un peu à part comme toujours.
Le calme revenu, Tarod prit la main de Ktihiara pour la remettre debout, lui chuchotant :
"Bravo Demoiselle mais ne pense pas me battre si vite !
-Oh mais que crois-tu, je m'entraîne dur uniquement dans ce but, manant, répondit-elle à haute voix."

Dès lors dans cette agréable ambiance, ils quittèrent la caverne. Kithiara avait une vague idée de ce qu'étaient des chevaux malgré son amnésie. Pourtant, là devant elle, des animaux musclés attendaient, et si, ils étaient dénués d'intelligence, elle sentait tout de même leurs esprits aiguisés.
Au premier abord, elle en aperçut deux. Le plus proche d'elle était un gris pommelé, d'une corpulence maigre mais avec une musculature fuselée. Son instinct la guidait vers l'animal calme. D'autre part, un cheval à la robe sombre la toisait. Il semblait nerveux, fougueux : sa queue fouettait énergiquement ses flancs comme pour montrer son agacement face à la pluie qui s'y insinuait. A part cela, elle remarqua également qu'ils étaient déjà sellés. Elle jeta un regard désapprobateur vers Tarod mais passa outre ce vol.

Quand Kithiara entreprit de monter, Tarod entama un geste pour l'aider mais son bras fut retenu par Elan lui attrapant le bras. Il le regardait à présent avec insistance.
"Que veux-tu ? demanda le fils de Bhaal à la question muette.
L'interlocuteur ne répondit pas mais son regard s'exprimait clairement pour lui. Rester en retrait ne faisait pas partie du futur d'Elan, il les accompagnerait. Tarod l'avait compris et il avait habilement manœuvré pour que le jeune homme se manifeste en conséquence. Ainsi, le petit groupe pu découvrir une troisième monture sortir des fourrés. Celle-ci était d'un beau bai. Son encolure était fière et légèrement méprisante. En outre, elle piaffait sur place, attirant l'attention pour qu'un des trois la monte.
Tarod sans attendre de réponse de la part d'Elan lui montra la bête. Il aurait du mal à la maintenir en place mais il pensait que ce contact aurait du bon sur Elan.
Pour sa part, il montra avec agilité sur son animal aux couleurs sombres et scruta la réaction de Kithiara. La concernée acquiesça le fils de Bhaal et sa manigance pour que son protégé les accompagne. Ils partirent quelques instants après.

Kithiara avait l'esprit léger durant la chevauchée : la pluie la rafraîchissait, lui redonnait espoir et la purifia des malheurs et de la noirceur auxquels elle avait dû faire face ces derniers temps.

Au fur et à mesure qu'ils avançaient, la végétation se fit plus éparse, plus clairsemée. Les arbres n'étant plus amples. Ils n'éclairaient plus de leur vert innocent et gai. Ils étaient maigres. On aurait pu les comparés à des mendiants souffrant de la faim. Leur couleur se rapprochait d'un vert cadavérique. Et encore, ils étaient plus ternes. Ils finirent par disparaître, tout simplement, morbidement, remplacés par une poussière sablonneuse telle des cendres. Il y avait également quelques buissons. Mais non des buissons à baies comme on aimerait voir avec des petits hommes sylvestres pour y cueillir les baies, s'en nourrir et les préserver. Là encore, des buissons, ce n'en était plus. C'étaient à présent des buissons rachitiques : leurs baies devenues des épines et leur densité des branches tarabiscotées. Quelques lieues après, tout n'était plus que cette espèce de poussière encombrant les poumons.

Quand Tarod sentit l'humeur maussade s'installer, il les convia à monter le camp pour la nuit. Cependant, on ne pensait pas au bon feu ou à la nourriture chaude, on pensait à la crainte des brigands ou la crainte d'être rattrapé. Ils mangèrent et se couchèrent rapidement. Le moral assez bas. La chance tournait peut-être.

Ou peut-être pas.

Au matin, avec la montée dorée du Soleil, un désert à son image, parsemé d'oasis également et d'une ville. Bien que ville soit un grand mot pour qualifier l'attroupement de maisons précaires. Celles-ci étaient en matériaux de la même couleur que le sable ou avec des teintes plus ocres ou plus rouges. Des tentures amenaient de l'ombre et de la couleur dans les rues. C'est sur cette première vision que le groupe se leva.
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeDim 1 Juin - 10:59

Le groupe se réveilla avec le soleil levant dont la chaleur emplis peu à peu ses membres. La nuit était loin d'avoir été agréable, ils avaient échappé au froid glaciale des couchés dans le désert pour en échange s'allonger sur la terre dur et aride de l'entrée de celui-ci, là où le sable n'avait pas encore prit ses droits. Au loin l'éclat doré du Soleil se réverbérant sur le sable traçait la silhouette hésitante d'une ville, probablement la dernière avant les grandes dunes mouvantes et les étendues hostiles du royaume des sables.

Pendant que Kithiara petit déjeunait sous le regard vide d'Elan ne disant mot, Tarod accrocha sa couverture à une selle, avant de remettre celle-ci sur le cheval allant de paire.
Habituée à ses manigances étranges, la jeune femme s'intéressa plutôt à Elan qui n'avait déjà presque rien mangé la veille et la fixait maintenant comme si le morceau de pain qu'elle tenait avait un lien de parenté direct avec une famille de porcelets cuisinée et mijotée deux jours durant par une armée de cuisiniers assez grande et assez joufflue pour dévorer un petit empire. Tentant une nouvelle fois d'engager la conversation avec le jeune homme, elle balança négligemment la main qui tenait le morceau de pain.

-Tu as faim ? Commença-t-elle par dire, essayant d'éveiller l'enfant par des banalités.

Aucune réponse ne lui fut rendu, aucune autre qu'un regard renfrogné et une légère contraction des bras enlacés autour de ses jambes.
Elle lui tendit donc sa maigre pitance.

-Allé, tiens, ça va te faire du bien de manger un peu.

Toujours aucune réponse. Le même regard vide. Enfin, pas si vide que ça, celui de Tarod pouvait être considéré comme vide quand il se mettait à évaluer quelqu'un ou une situation, cachant ses pensées et ses émotions, mais Elan... Elan lui ne possédait pas une tel maîtrise de ses émotions, c'était plutôt l'incompréhension qui voilait son regard, ainsi qu'une pointe de méfiance comme en témoignait les bords de ses yeux légèrement contractés. Voir même un peu de crainte dans ses sourcils légèrement relevés vers le milieu de son visage.

Avec un soupir, elle déposa le morceau de pain sur sa couverture et se redressa, faisant mine de porter son attention sur le travail de Tarod. Comme elle s'y attendait, elle ne tarda pas à entendre des bruits de mastication dans son dos.

Le rôdeur avait réajusté les selles sur les chevaux et en retirant maintenant les paquetages.

-Et que fais-tu donc ?

Il ne prit pas la peine de tourner la tête, pourquoi l'aurait-il fait ? Il savait bien qu'elle était là, savait probablement quels changements allaient s'opérer sur son visage en entendant sa réponse et ne souhaitait probablement pas avoir à perdre du temps avec elle. Il venait parfois à l'idée de Kithiara qu'elle n'était qu'un jeu pour lui. Il aurait très bien pu continuer seul et cela n'aurait fait qu'accélérer sa fuite, il aurait même peut être pu s'arrêter et tendre une embuscade à ses poursuivants mais il ne le faisait pas. Il ne montrait pas d'affection, pas d'attachement, pas de gentillesse, presque pas d'humanité, et pourtant il la gardait en vie. Mieux, il tentait d'améliorer sa vie d'amnésique déjà mal partit de part des débuts houleux dans une prison sordide. Il avait même accepté Elan avec eux alors qu'il s'était montré plus qu'hostile. Oui, elle voulait retrouvé la mémoire, mais un mystère tout aussi intéressant figurait maintenant parmi ses objectifs : comprendre les pensées voilées de son étrange mentor.

-Je prépare les chevaux pour qu'ils puissent parcourir une grande distance. Nous, nous partons à pieds vers la ville, au Sud-Ouest deux d'entre eux vont continuer leur marche vers l'oasis que tu vois là-bas, au Sud-Est, le troisième va partir au trot vers l'ouest, ma couverture effacera ses traces dans la poussière.

-Et pourquoi se débarrasser des chevaux ? on pourrait simplement les emmener jusqu'à la ville avec nous.

-On prendra plus d'avance en les déroutant plutôt qu'en parant au galop. De toute façon on va devoir se séparer des chevaux, ils ne seraient que des poids inutiles dans le désert et on se retrouverait d'autant plus vite à cours d'eau. Je n'ai pas envie de perdre du temps à les vendre et les laisser traîner en ville ou arriver au galop ne ferait qu'attirer l'attention sur nous.

Dans ce cas là pourquoi avoir volé des chevaux si c'est pour les sacrifier sans qu'ils aient eu leur utilité ?

-Parce qu'ils nous ont épargné une journée de marche et nous ont peut être donné un peu d'avance même si j'en doute. Nous serons plus en forme pour le reste du voyage. Vas faire ton paquetage d'ailleurs, on part.

Laissant tomber l'idée de s'opposer à l'obstination de Tarod, Kithiara partit remballer ses affaires, adressant un sourire à Elan qui avait bien sûr tout écouté et commençait à entasser quelques affaires qui traînaient près du feu. Ce petit coup de main signifiait déjà un immense bond en avant par rapport à son comportement habituel.


Encore et toujours du gâchis.
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeMar 10 Juin - 16:34

L'équipe s'en alla en direction de la cité, Kithiara marchait en tête derrière elle Tarod avançait d'un pas assuré et jetait régulièrement de rapide regard derrière lui. Elan comme toujours suivait de loin les deux êtres. Arriver au porte de la cité Tarod s'arrêta et jeta un regard anxieux loin derrière eux, la où il avaient abandonner leur chevaux quelques petite heures plus tôt. Plissant les yeux il fini par découvrir ce que tout autre être humain n'aurait jamais pu ne serais-ce qu'entrevoir, un homme venait de sortir de derrière l'une des petites dunes annonçant le désert, il était grand, à cette distance Tarod ne pu percevoir que la couleur sombre de son vêtement et la pâleur de son visage qui contrastait grandement avec son habit. Le visage de Tarod changea radicalement, le changement fut si brute que Kithiara le remarqua immédiatement et s'approcha de lui étonné par le bouleversement passager sur ce visage d'ordinaire si froid. Tarod repris très vite ses esprits si bien qu'on aurait pu douter qu'il eu perdu son sang froid une seul seconde, il se retourna échappant ainsi au regard étonné de Kithiara et se retrouva face à un autre visage plus étrange encore, Elan regardait à l'horizon, fixant l'homme aillant jailli des dunes, comment cet enfant pouvait il le voir ? Personne à l’exception de quelque-uns des fils de Baahl parmi les plus puissant et peut être quelques rare mages ou rôdeurs très expérimenté ne disposait de tel faculté de perception. Le plus étonnant se fut la terreur indicible qu'il pu lire sur le visage de l'enfant quand il se retourna, rien a voir avec la paranoïa qui le rongeait habituellement, ni même avec la peur respectueuse que Tarod lui inspirait, non cette fois la menace était plus que réel. Sans perde un instant de plus Tarod attrapa l'enfant tétanisé, qui à ça plus grande surprise ne réagit absolument pas à son contact, et s'en fut à grande enjambé en direction de la rue qui traversait la cité, en passant devant Kithiara il lui intima de se dépêcher. L'entrée de la cité était bien garder mais les gardes ne semblaient pas très consciencieux et entrer en ville ne fut pas un problème. Une fois dans la cité Tarod tourna de nombreuse fois dans les ruelle les plus sombres et les plus malfamé qu'il pu trouver avant de déboucher sur une grande avenue visiblement assez fréquenté, jugeant que cette action était contraire à ses principes habituels de sécurité il entra dans une grande auberge avec Kithiara sur ses talons ainsi qu'Elan qui semblait mortifier. Son poursuivant semblait pouvoir prédire la totalité de ses actions, puisqu'il avait été trahi par ces frères il supposa qu'il connaissait l'homme qui le traquait et donc il préféra changer complètement ses habitudes, une auberge de bonne qualité, à la vue de tous et avec une multitude de gens bien pouvant servir de dégât collatéraux en cas d'affrontement contrastait a merveille avec ce que Tarod aurait fait en temps normal. Le vieil homme assis derrière le comptoirs se releva.

-Vous désirez ? Dit il avec  l'accent atroce des gens de la région.

-Une chambre s'il vous plait. répondit calmement le rôdeur en imitant brillamment l'accent du vieillard.

-Pour vous et... Votre femme je suppose ?

-C'est que je ne suis pas.. tenta de répondre Kithara avant d'être coupée.

-C'est cela même, ma femme et ( il marqua une hésitation) mon fils.

L'homme se pencha sur son comptoir et observa Elan d'un air penseur.

-Votre fils ?

-C'est cela.

-Il n'a pas l'air très bien cet enfant...

-Ça ne vous regarde pas. Lâcha Kithiara excédée par la conversation du tenancier.

-Au contraire madame, c'est un établissement respectable ici, je ne peu pas laisser entrer n'importe qui tout de même, il y a des lois ici vous savez.

Tarod fourra sa main dans sa poche et en sorti une pièce d'or frappé du sceau des nains de Turuk az Kalak, il l'a posa sur le comptoir et les yeux avides de l'homme se posèrent immédiatement dessus.

-Vous nous donnerez donc un appartement à l'étage, vous ne prendrez pas nos nom et ne poserez plus de question n'est ce pas ?  

L'homme n'hésita pas longtemps et en quelques seconde l'affaire était réglée, une certaine famille Snow avait loué l'appartement de l'étage pour une duré indéterminée. Tarod prit donc la clef et tous se dirigèrent vers le grand escalier à l'arrière du bâtiment.

Une fois dans la chambre Tarod posa ses maigre bagage sur le sol, ouvrit la porte qui donnait sur la chambre et indiqua à Kithiara le grand lit prêt de la cheminé et se dirigea vers un fauteuil de cuir ranger de l'autre côté de l'âtre.

-Pourquoi il y a-t-il une cheminé aux portes du désert ? Demanda Kithiara pour briser le silence

-Les nuits sont froide dans les déserts.

La réponse de son compagnon n'étant pas satisfaisante la jeune femme continua:

-Que c'est il passé aux portes ? Pourquoi sommes nous dans cette Auberge de luxe si voyante ? Pourquoi avoir prétendu que j'était t'a femme ? Qu'as tu vu ?

Tarod soupira puis prit une longue inspiration,

-Assied toi pour commencer. La jeune femme vint s’asseoir sur le bord du lit en face du fils de Baahl, à ses pieds Elan appuyé sur l'âtre la regardait avec inquiétude. J'ai vue un homme qui sortait des dunes derrière nous.

-C'est tout ? L'interrompis Kithiara

-Laisse moi finir, j'ai donc vue un homme jaillir des dunes, de loin je pense pouvoir dire qu'il est un traqueur, puisque nous sommes suivit j'ai supposé qu'il était la pour nous. De plus j'ai l'étrange impression d'avoir déjà vue cet individu, or comme toutes mes anciennes connaissance cherchent surement à me nuire je peu, sans prendre de risque le considérer comme dangereux. Si je suis venu dans cette auberge c'est justement parce que cela ne me ressemble pas, j'ai la désagréable impression qu'il peu lire mes mouvements donc si je change mes habitudes on a peut être une chance de lui échapper...Enfin les gens d'ici sont très suspicieux et les commérages vont bon train, un homme se déplacent avec un enfant et une jeune femmes et n'ayant aucun lien du mariage ou du sang avec eux serait terriblement suspect...

A ce moment la porte de la chambre s'ouvrit et un jeune garçon entra avec un plateau repas dans les mains, avec la permission de Tarod il approcha la table entre le fauteuil et le lit et y déposa le dîner. Il jeta un rapide regard à Elan assis sur le sol le regard vide. Le commis commença donc a servir Tarod et Kithiara, se retournant vers Elan il marqua une hésitation.

-Qu'y a-t-il mon garçon ?

La voix de Tarod le fit sursauter.

-Eh bien je me demandais s'il fallait le servir. Répondis le commis en montrant Elan d'un hochement de tête.

-Pourquoi ne faudrait-il pas le servir ? Kithiara semblait quelques peu énerver.

-Eh bien... C'est un.. Je veux dire il n'est pas votre enfant non ?

Un mince sourire se peignit sur le visage de Tarod.

-Et pourquoi cela ?

L'enfant devenait de plus en plus rouge et confus.

-Je sais que c'est illégal mais vous avez payez si chère pour la discrétion que vous n'avez pas a vous inquiéter, les esclave sont assez courants dans la région et les lois n'y change rien..

Cette fois-ci Kithiara se leva d'un bon.

-Un esclave !! Qu'est ce que c'est que ces idioties! Sert le et sort, dorénavant tu laissera le repas à l'entrer et tu t'en ira !

Le pauvre commis s’exécuta en silence et sorti le plus vite possible pour échapper au regard glacial de la jeune femme, quand il fut sortie Tarod la regardait l'air satisfait.

-Quoi ?!  


Au même moment un groupe de quatre hommes entraient en ville, celui qui marchait en tête était vêtue de noir et sa pâleur cadavérique lui attira bien des regard curieux.


La nuit venue dans la grande auberge une quinzaine d'hommes encapuchonnés entrèrent de force dans l'établissement, le tenancier et ses deux commis furent tués presque instantanément, le groupe atteignit l'étage.

La port de l'appartement craqua violemment, trois hommes firent irruptions leurs épées sorties prêtes à tuer, comme une ombre Tarod se leva de son fauteuil, ouvrit à la volée la porte le séparant de ses assaillants et enfonça sa lame dans le torse du premier homme, le suivant parvint à dévier un premier coup mortel avant d'être a son tour tuer. Le troisième poussa un hurlement et ce jeta sur Tarod, il fut transpercer en un instant mais l'allarme était donnée. Kithiara c'était levée en sursaut, elle fouillait son sac à la recherche de sa propre épée, Tarod débordé laissait à présent passer quelques adversaires qui se ruaient dans la chambres puis sur la jeune femme en piteuse posture, le premier lui asséna un violent coup au ventre avec le plat de son épée l'a projetant ainsi sur le lit, visiblement sur de sa force il se retourna vers ses camarades.

-Celle-ci je m'en occupe moi même, tuez le garde du corps !

L'homme donna un nouveau coup avec le plat de la lame qui renvoya Kithiara qui s'était relevée, sur le lit. Pointant son épée sur la poitrine de la jeune femme il posa un genoux sur le lit, fit glisser sa lame jusqu'a la gorge de sa victime et se pencha au dessus d'elle. Kithiara se mit à crier, impuissante face à l'épée de son agresseur et parfaitement consciente de son sort elle hurla. A l'autre bout du logis Tarod qui venait d'achever un nouvel adversaire fit volte face, il se précipitait vers la chambre quand l'un des hommes lui enfonça ça lame dans l'épaule droite, d'un geste la tête de son opposant vola et s'écrasa sur le sol. L'homme au dessus de Kithiara tentait a présent de relever la jupe de la jeune femme, elle le frappa l'homme de toute ses forces et il vacilla. Un tisonnier rougeoyant s'était écrasé contre son dos, il poussait des cris de douleur son dos briser et brûler le faisait souffrir au delà de tout ce qu'il avait connu. La course de Tarod s'arrêta soudainement, tout les adversaires étaient mort ou mourant et leur chef se traînait maintenant par terre en geignant comme un animal. La jeune femme sur le lit regardait l'homme effondré devant elle, ainsi elle ne manqua rien du spectacle macabre qui suivit. Elan qui se tenait droit au dessus du violeur lui asséna un second coup de tisonnier sur le crâne, qui fit éclater celui-ci, puis vint un troisième et un quatrième coup qui brisèrent le corps en morceaux, le sang giclait sur le lit et jusque dans l'âtre. Un cinquième coup fut interrompu par la main de Tarod qui retint celle du garçon. Ce contact sembla le ramener subitement à lui, il lâcha son arme, baissa les yeux sur le corps à ses pieds puis les relava vers la jeune femme.

-Plus..Plus jamais...
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeMer 11 Juin - 14:39

Le jour suivant, après une nuit courte peu agréable pour ceux qui dormaient, nous reprenions notre rythme effréné de course. Nous arrivâmes rapidement à l'entrée d'un désert que l'on pouvait deviner de loin : un sol plus dur et sec, moins de végétation et une amplitude thermique plus importante. L'on apercevait à présent les dunes de sables qui annonçaient le véritable désert et la silhouette allongée d'une cité . Elle devait se trouver à une demie journée de marche. Les traces de Tarod se dirigeaient vers elle, et il me semblait logique qu'il essayât de nous semer dans une grande ville.
Nous gardions notre rythme dans l'air à présent étouffant, mes traqueurs suaient et avaient plus de mal à tenir la cadence que je leur imposais, tandis que je ne souffrais d'aucune fatigue. Arrivé au sommet d'une dune au milieu de notre traversé vers la cité, j'aperçu droit en face de moi, dans l'axe de la ville, une silhouette qui m'était familière, elle aussi sur une cime. C'était Tarod, accompagné. Certes je m'attendais à ce qu'il le soit, mais seulement par une seule personne, or, peu après qu'il ai passé le sommet et que je ne le vois plus, émergea du creux précédent une troisième personne, plus petite et chétive qui semblait être balancée par le vent. Je fis signe à mes Traqueurs que j'avais repéré la cible, et nous nous mîmes à courir vers eux.

L'entrée de la cité profitait d'une large plaine sans dune, car elle était abritée des vents dominants par les structures. J'arrivai en courant sur le sommet de la dernière dune et fixai la cité du regard. Je repérai assez vite l'entrée et Tarod devant celle-ci, toujours accompagné d'une femme et d'un enfant. Il était retourné et regardait dans ma direction. Je savais que lui me voyait, mais je fut surpris de voir que l'enfant aussi était retourné, et de sentir son regard posé sur moi.
Tarod se dépêcha de rentrer dans la ville, et je reprenais ma course vers les portes de la cité, sans laisser un temps de repos à mes Traqueurs. Nous pénétrâmes dans la cité sans problèmes, les gardes n'accordait apparemment aucune attention à ce qui entrait ou sortait. Je repérai tout d'abord la place de marché plus loin sur l'artère principal et postai un de mes traqueurs à l'entrée que nous venions de traverser. J'en envoyai un autre à la porte au bout de la voie. Je gardais le dernier avec moi et nous partîmes en direction de la place du marché pour chercher des renseignements. J'achetai une carte de la cité, et une pièce donnée à un mendiant nous permis d'avoir la localisation de toutes les auberges qui n'y figuraient pas, particulièrement dans les quartiers pauvres dont la géographie changeait régulièrement. Au total 34 se répartissaient sur la ville. Je visualisai rapidement le chemin le plus rapide pour les rallier une à une, laissai mon dernier Traqueur au marché et parti aussitôt en courant en direction de la première auberge.
Dans chaque auberge je répétai le même protocole, simple et efficace : vérifier l'intérieur de l'auberge, aller voir le gérant, poser des questions sur les réservations de la nuit, inspecter son comportement, n'importe quel signe qui pourrait m'indiquer ce que je voulais savoir. Ce fut dans la vingtième auberge, dans un quartier aisé, que je trouvais ce que je cherchais après deux heures de course effrénée. J'évoquai comme je l'avait fait dans toutes les auberges précédentes un homme grand en habits noirs qui aurait pris une chambre pour la nuit et qui aurait pu demander à ne pas être enregistré ni dérangé. Le regard de l'aubergiste changea instantanément et descendit vers son comptoir. Il répondit simplement "non". Pour confirmer mon impression je sortis une belle pièce d'or bien ronde et la posai sur le rebord du comptoir. L'aubergiste fit non de la tête. Je fis apparaître une seconde pièce derrière la première, puis une troisième. L'aubergiste releva et la tête et me demanda : "qu'est ce que vous leur voulez ?". Je lâchai simplement les pièces sur le comptoir et retournai à l'extérieur. L'aubergiste me rappela, mais au moment où il saisit l'or, le charme d'oubli fit effet et il se retrouva avec trois vilaines pièces de cuivre cabossées sans pouvoir se rappeler d'où elle venaient.
Je rassemblai mes Traqueurs et dans une Taverne des quartiers pauvres pour y recruter un groupe de mercenaires que j'avais repéré en cherchant Tarod. Quinze hommes feraient l'affaire. A la nuit tombée, je savais que Tarod se trouverait déjà dans sa chambre avec ses deux protégés, ne voulant pas se mêler à la population, au risque de laisser un souvenir quelconque de lui même à quelqu'un. J'entrai dans l'auberge discrètement, et me calai dans un coin en attendant que le barman s'isole un instant. Il sortit par une porte réservée au personnel, alors après avoir vérifié que personne ne faisait attention à moi je traversai discrètement la porte derrière lui. Celle ci donnait sur une petit cour pavée agrémentée d'un puits en son centre et dont les murs était cachés par de grandes caisses en bois. Il ouvrit le panneau latéral d'un caisse pour y chercher une bouteille d'un alcool quelconque. Lorsqu'il se retourna je me tenais juste devant lui. Il fut surpris et lâcha la bouteille, que j'empêchai de se briser sur le sol en amortissant sa chute avec le pied.
"-La chambre de l'homme en noir qui a demandé à ne pas être enregistré." lui dis-je calmement.
Il semblait légèrement apeuré par mon apparence mais ne se démonta pas pour autant.
"-Il n'y a personne qui ne soit enregistré dans cette auberge monsieur, nous sommes respectueux des lois, et vous allez quitter cet endroit tout de suite avant que je n'appelle la garde. dit-il en se penchant pour reprendre sa bouteille.
-Je veux savoir, répliquai-je durement en le saisissant à la gorge, dans quel chambre il est !
-Lâchez moi !
-Dites moi où. chuchotai-je en resserrant ma prise, soulevant le pauvre homme au dessus du sol.
-Lâchez moi !" répéta-t-il bêtement.
Je sortis un long couteau et plaçai la pointe contre son ventre.
"-Vous n'oserez pas, je vais appeler les gardes !"
J'enfonçai alors doucement mais fermement le couteau à travers ses vêtements puis sa peau tout en l'étranglant plus fort pour qu'il ne puisse pas crier. Lorsqu'il sentit la morsure du métal froid il s'agita et me fit signe qu'il allait parler. Je le reposai sur le sol. Pendant quelques secondes il se tint la gorge en essayant de reprendre son souffle, puis m'indiqua comment me rendre à la chambre de Tarod. J'épuisai mon dernier charme d'oubli sur lui.
Je ressortis de l'auberge pour donner toutes les indications nécessaires aux mercenaires. Ils entrèrent en file dans l'auberge, provoquant un lourd silence. Un traqueur couvrait la sortie principale, un autre la sortie du personnelle et le dernier la cour tandis que je grimpais sur le toit de l'auberge pour pouvoir leur tomber dessus quelle que soit leur échappatoire. Il y'eu pas mal de bruit de combat lorsque les mercenaires pénétrèrent dans la chambre de Tarod, puis après un court moment de silence, je l'entendis qui s'élançait à travers les couloirs pour sortir de l'auberge. Grâce aux pouvoirs que m'avait donné le rituel de résurrection mon ouïe me permettait de distinguer un grand nombre de détails sur ce qu'il se passait à l'intérieur du bâtiment. Il allait vers la sortie du personnel, ayant certainement reconnu tout l'établissement pour pouvoir planifier une fuite. Il n'était accompagné que d'une seule personne à. Je pouvais compter les morts parmi les mercenaires en suivant sa progression : cinq dans la chambre à l'entrée, un plus loin dans la pièce vraisemblablement tué par quelqu'un d'autre. Trois de plus à l'immédiate sortie de la chambre, deux le long du couloir et il en restait quatre qui le suivaient en courant. Deux de plus s'effondrèrent en pleine vitesse, les deux derniers abandonnèrent la poursuite et repartirent dans le sens opposé. Ils furent tués par mon Traqueur à la sortie principale. Je sautai du toit pour atterrir devant la porte du personnel qui donnait sur une petite ruelle non éclairée mais bien dégagée. J'entendais Tarod arriver au pas de course de l'autre côté. Si j'vais encore eu un cœur, il se serait sans doute mis à battre très vite en ce moment. J'attendis qu'il ne soit plus que deux mètres avant la porte pour l'enfoncer d'un violent coup de pied. La serrure et l'encadrement de la porte cédèrent et la porte brisée en deux morceaux vola vers l'intérieur. Les reflexes surhumains de Tarod lui permirent de les éviter : il s'affaissa et glissa le long du sol. Cependant la femme qui l'accompagnait n'eu pas cette chance et reçu un morceau de la porte dans le ventre, l'autre en plein visage. Tarod finit sa glissade en se relevant à moins de trente centimètres de moi. Nous avions chacun un couteau sous la gorge de l'autre.
Nous savions qu'aucun de nous deux ne pourrait trancher la gorge de l'autre sans y passer aussi, ni faire un seul geste sans que l'autre ne réagisse tout aussi vite. Nous restâmes quelques secondes à nous regarder dans le fond des yeux, le visage vidé de toute expression. Puis mon Traqueur s'élança pour capturer et immobiliser la femme que j'avais complètement sonnée avec la porte. Tarod se projeta alors en arrière, rompant l'équilibre de la situation, et bloqua le Traqueur contre l'encadrement défoncé. Il tenta de l'assommer mais je lui assenai alors un coup de pied dans le flanc. Il para mais fut projeté dans le couloir, libérant le Traqueur. Ce dernier dans l'excitation fit l'erreur de penser que Tarod ne pouvait plus l'arrêter et repris sa course sans porter attention au rôdeur. Alors, d'un geste vif et précis Tarod décocha un couteau de lancer. Le Traqueur le remarqua trop tard pour l'esquiver et dut parer avec son bras, dans lequel le couteau se ficha sans difficulté. Une lame empoisonnée qui paralysa quasi instantanément le Traqueur, tandis que je lançai un sifflement puissant pour appeler les deux derniers. Le temps qu'ils arrivent Tarod avait sorti son épée et tenait toujours son long couteau. Il engagea le combat avant que les Traqueurs n'arrivent.
Je me souvenais de nos derniers affrontements : la première fois j'étais bien moins bon combattant que lui à l'époque, et la deuxième fois il m'avait tué. Aujourd'hui c'était d'égal à égal. Il fut légèrement surpris lorsque je lui rendis coup sur coup, ne cédant aucun pouce de terrain. Il s'était projeté très vite en avant et dut retrouver une position d'équilibre un peu plus en retrait. Mais lorsque mes deux Traqueurs arrivèrent Il fut contraint de bouger, il ne pouvait pas parer et esquiver toutes les attaques en restant à la même position. J'entrepris alors de le faire reculer à travers les couloirs vers la cour pour l'y tuer. Lentement, il céda peu à peu du terrain sous nos assauts. Lorsque nous nous retrouvâmes dans la cour il entreprit d'éloigner mes Traqueurs de moi même, et bien que je leur ordonnai de rester proche de moi, Tarod entreprit de créer pour eux de fausses occasions, dans lesquels ils s'engouffrèrent et se retrouvèrent piégés rapidement. Le premier à ma gauche cru pouvoir lui asséner un coup à la jambe car le rôdeur parait de ses deux armes de l'autre côté, il se jeta en avant pour lui transpercer la cuisse juste au dessus du genou. Tarod fléchit légèrement la jambe et laissa passer la pointe de son épée dans le vide. Puis d'une rotation rapide de son buste il ramena son épée qui trancha net la tête du Traqueur puis para mon coup avec son couteau et esquiva ma deuxième attaque en sautant en arrière. A ce moment, mon dernier Traqueur pensa pouvoir le déstabiliser en lui portant un coup avant qu'il n'ai bien reprit son équilibre, mais Tarod avait une position parfaite et exécuta un contre mortel d'un manière presque nonchalante. Nous nous retrouvions ainsi tous les deux dans cette petite cour face à face. Sans ajouter un mot nous reprîmes le combat. Durant quelques minutes nous échangeâmes les coups, en se fixant dans les yeux. La scène était presque calme, personne ne criait, ne soufflait, ne tombait. Aucun assaut ne pouvait percer la défense de l'autre.

L'affrontement aurait pu durer des heures avant que mon avantage d'endurance ne fasse pencher le combat en ma faveur, forçant Tarod à tenter des bottes désespérées pour tenter de prendre l'avantage. Cependant il n'eut besoin de rien de tout ça : alors que le combat semblait ne devoir être qu'une longue succession redondante de coup parés et esquivés, je ressentit soudain une vive douleur au niveau du genou droit à l'arrière. Puis ma jambe ne me soutenant plus, je m'effondrai déséquilibré par un violent coup de Tarod venant sur mon côté gauche. Me retrouvant sur le dos je vis le garçon que j'avais aperçu avec Tarod à l'entrée de la cité. Je ne l'avais pas senti arriver : aucun bruit, aucune odeur, et une image qui me paraissait même indistincte.
Cependant je n'eu pas le temps de songer plus longtemps à ces considérations : Tarod profita de ma surprise pour violemment planter son épée dans mon cœur puis planta mes deux poignets dans les interstices du pavage avec mes propres couteaux. Après cela il sectionna mes jambes au milieu des cuisses et les balança dans le puits.  Aucun sang ne se rependit sur le pavage. Il emporta le garçon à l'intérieur et je l'entendit sortir de l'auberge seulement accompagné de la femme.


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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeJeu 3 Juil - 18:11

Après ce combat, ils finirent la nuit dans une autre auberge, beaucoup plus isolée cette fois : Tarod ne craignant plus d'être pourchassé reprenait ses récurrentes manies. Ils s'installèrent tout de même dans une chambre très correcte. Un peu de confort était bienvenu après cette nuit mouvementée.

Kithiara était allongée sur le lit en position fœtale et fixait le mur d'un air absent. Cette soirée lui avait fait prendre conscience de la violence du monde et les macabres spectacles du crâne défoncé et de cet homme démembré sans que sang ne sorte avait fini de la traumatiser. L'homme était-il vraiment vivant ? Comment avait-il pu endurer tout cela sans hurler qu'on l'achève ? En outre, ce furent ses deux compagnons qui étaient censés la protéger qui avaient perpétrés cela. Elle ne savait qu'en penser. Elle continuait de fixer le mur, plongée dans ses doutes.

Les deux autres protagonistes étaient également silencieux. Elan regardait la jeune femme avec une lueur de compassion et passait parfois son regard à Tarod en train de panser ses plaies. Lui, s'en était tiré sans blessure, néanmoins il était surpris voire choqué de la férocité qu'il pouvait avoir.

Pour sa part, Tarod avait écopé d'une entaille de la largeur d'une lame à l'épaule droite et avait été lésé de plusieurs coups à l'abdomen en plus de son long combat avec leur principal agresseur. Il était à présent torse nu occupé à nettoyer ses plaies sur le bord du même lit où reposait Kithiara. A côté de lui, se trouvait une écuelle d'eau avec plusieurs compresses rouge de sang déjà enlevé. Il essayait de se faire un bandage à l'épaule mais la zone difficile à atteindre rendait la tâche ardue. Il finit par abdiquer, posant sa main gauche sur le pied de Kithiara pour lui demander de l'aide :
"Kithiara..."

Il ne termina pas sa phrase. Effectivement, celle-ci avait réagit plus au contact qu'à son nom. Elle le regardait avec des yeux craintifs tout en se mettant en position assise, loin de sa main et d'un éventuel toucher. Tarod n'avait pas saisi l'ampleur de ses séquelles. Il s'ouvrit un peu plus, ses yeux s'éclaircissant en une teinte lavande. Il se rapprocha d'elle jusqu'à l'entourer prudemment de ses bras. Devant cette humanité apparente et rare chez Tarod, elle accepta le contact.
"Kithiara, ils allaient te blesser... peut-être même te tuer, il fallait qu'on te protège. Et cet homme, Bresus, je l'avais déjà tué. Il a été ressuscité. C'était la seule façon de l'arrêter."
Des larmes coulèrent sur les joues de Kithiara mais elle hocha la tête. Raffermissant ses bras autour de la jeune femme bouleversée, Tarod attendit quelques instants qu'elle se ressaisisse.

"Bien. Tu peux m'aider avec mon épaule, s'il te plait ?"
A nouveau, elle acquiesça. Tarod lui tourna le dos pour lui permettre d'accéder à la plaie et elle se mit sur les genoux pour être en hauteur par rapport à cette dernière. Du sang suintait dans son dos, resté inaccessible à ses premières compresses. Elle en attrapa une, la trempa dans l'écuelle pour l'humidifier et elle l'appliqua sur l'omoplate de Tarod. Il tressauta sans pour autant broncher et la laissa faire, s’efforçant de détendre ses muscles. La plaie lavée, Kithiara attrapa une bande assez longue pour terminer le pansement. Elle posa ses doigts fins de sa main gauche sur son épaule en point d'appui tandis qu'elle déroulait la bande autour de l'épaule du blessé.
Une fois fait, Tarod fit quelques cercles avec son épaule pour vérifier que le bandage ne le gênait pas. Apparemment outre la mobilité enlevée par la blessure, tout allait bien.

Kithiara se rendit alors compte que les émotions lui avaient creusé l'appétit. Supposant de même pour ses partenaires, elle sortit quelques rations de pain qu'elle posa sur la tablette à côté du lit. Cela ne suffirait pas à ses deux compagnons masculins alors ,elle lissa sa robe bleu marine dans l'intention de sortir par la suite mais le rappel du traqueur la soulevant dans une tout autre intention la tétanisa.
L'ayant remarqué, Tarod se planta devant elle, lui saisit les deux épaules et lui darda son regard d'un violet puissant dans ses yeux apeurés.
"Ne t'inquiète pas Kithiara, il ne t'arrivera rien que je ne puisse empêcher. Ça va aller.
- Ça va aller, se répéta-t-elle.

Se serinant toujours ces trois petits mots, elle esquiva la silhouette de son repère, pilier et guide depuis sa libération pour quitter la chambre dans une nouvelle tentative. Alors qu'elle passait devant Elan, toujours sur le fauteuil de l'entrée, elle remarqua que celui-ci n'avait aucunement bougé depuis leur arrivée. Elle planifia d'aller le voir sa commission terminée. Elle avait Tarod. Lui, il lui fallait bien quelqu'un. Elle nota également en descendant l'escalier qui menait à la salle commune que Tarod prenait ce rôle non seulement depuis sa libération mais aussi, aussi loin que sa mémoire ne remonte. Elle s'accorda alors à penser que même s'il tuait, il ne l'abandonnerait sûrement pas.

Elle entreprit de réveiller une touffe aux cheveux châtains affalée assoupie sur le comptoir sale de ce qui devait être son établissement ou l'établissement de ses parents. La soirée avait dû être longue avant que les derniers clients ne montent à leur chambre. Elle lui secouait doucement le bras. Cette dernière émergea dans un grognement peu séant :
"Oui Mad'me ?
- Pourrions-nous avoir de quoi manger s'il vous plait ?"
Son interlocutrice grommela quant à ces clients aux habitudes nocturnes dérangeantes mais elle s'enfonça tout de même dans les cuisines et Kithiara peu de temps après remontait les escaliers chargée de viande chaude et d'une mêlasse qui se devait constituée de pommes de terre.

Elle poussa la porte entrebâillée de la chambre d'un coude et déposa son plateau sur la commode. Elle composa trois assiettes. Elle s'approcha de Tarod scrutant la rue par la lucarne. son portrait se reflétait sur le verre par la lumière de la lampe disposée non loin. Elle lui sourit sans acquérir de réciprocité tout en déposant sur l'encadrement de bois le repas. Le quart d'heure humain était passé. Il était retourné dans ses pensées tracassées.

Kithiara déposa la deuxième assiette aux pieds d'Elan et mangea la sienne sur une chaise à côté de la commode. Son regard resta attaché à Tarod un temps puis elle scruta Elan en quête d'une réponse à son comportement figé en mangeant machinalement son assiettée. Finalement, elle s'assit en tailleur face à ce dernier. Sa robe formait comme une flaque sombre autour d'elle.
"Qu'est ce qu'il y a Elan ?"
Elle n'obtint rien. Elle poursuivit.
"Ça va ?
- ...
- Tu sais, comme l'a dit Tarod, c'étaient les seules actions possibles et douées d'intelligence dans la situation."
Un vague soulèvement d'épaules transparu l'espace d'une respiration. A l'écoute du moindre signe, Kithiara avait su le percevoir.
" D'ailleurs, je te remercie. Tu m'as sauvée, dit-elle jouant avec ce fil qu'elle tenait car il ne l'écouterait pas longtemps."
Sans rien dire, Elan s'empara de l'assiette. Kithiara avait effectivement saisi le bon bout et percé une petite brèche dans les brumes pensives et défensives du jeune homme tourmenté. Avec humour, Kithiara se dit qu'ils faisaient une belle paire, ces hommes qui l'accompagnaient, tous les deux autant murés dans le silence l'un que l'autre.

Elle regagna sa chaise près de la commode. Elle observa Elan et Tarod. En l'occurrence, ce dernier semblait changé en statue. Quant à lui, Elan mangea puis s'allongea sur le lit avant de s'endormir. Kithiara se demandait comment ils allaient se reposer tous les trois ensemble, un seul lit meublait la chambre et chacun requérait le repos. N'allant pas tirer quoi que ce soit de Tarod, elle commença à nettoyer leurs nouvelles lames du sang de la nuit. Elle attrapa l'écuelle pour la poser sur la commode ainsi que les lames. Il y avaient quelques couteaux de lancer, un couple de dagues courtes et deux épées à une main, l'une plus fine que l'autre s'apparentant plus à un cimeterre. Le groupe possédait aussi la sinistre épée de Tarod. Rien que l'ombre psychique qu'elle en gardait faisait froid dans le dos à Kithiara. Elle le chassa en redoublant d'application sur le nettoyage des lames. Elle les maniait avec le respect et la crainte que l'on pouvait avoir de ces lames de mort.

Sous les rayons de l'aube, Tarod termina sa réflexion. Il s'était retourné et observait Kithiara à la tâche. Il s'approcha d'elle et se saisissant de la plus fine des épées sortint en menant avec lui Kithiara par le coude. Une fois la porte refermée, Tarod prit la parole à voix basse pour ne pas troubler Elan ou les clients dormant encore.
"Si tu ne comptais pas dormir, permets-moi un petit entrainement."
Kithiara songea qu'il en avait assez de l'avoir comme boulet incapable de se défendre mais ses paroles de la nuit lui revinrent à l'esprit et elle le suivit ensuite avec plus de motivation.

Ils se postèrent dans l'arrière cour pavée de l'auberge, proche des écuries. Quelques chevaux, de trait principalement, renâclèrent tandis que le couple perturbait la fin de leur nuit. Tarod enjoignit l'aspirante au combat de se défaire de sa robe. Elle la posa sur l'un des montants des talles et lui posa l'épée au pied d'une poutre. Elle se retrouva couverte d'un simple pantalon en lin bleu qui disparaissait dans ses bottes et d'une brassière assortie cachant sa poitrine. Elle enroula ses cheveux en un chignon sur la première attaque de Tarod : une claque du plat de la main droite sur son frêle bras gauche et un chassé de la jambe droite. Elle perdit instantanément ses appuis bancals mais son entraineur l'empêcha de tomber en la retenant de son bras gauche.
"Tu n'auras pas le temps de te les attacher lors d'un vrai combat ou nous pourrions déjà être morts.
Un grognement lui répondit et Kithiara tenta de lui décrocher un uppercut mais le coup trop banal fut dévier d'une tape sur la main attaquante. Il répliqua d'une touche du genou sur sa cuisse.

S'en suivit un jeu de passes débutantes mais acharnées de Kithiara alternées par les répliques délicates de Tarod. Au fil des  attaques, elle affina ses coups, ses annonces de mouvement devenant moins évidentes et son jeu de jambes perdant un peu de son immobilité. Cependant, elle était lente et faible par rapport à Tarod et tandis que celui-ci la retenait encore une fois de finir au sol suite à une de ses ripostes, sa frustration explosa :
"Tu m'énerves Tarod ! Je n'y arriveras jamais !
- Mais non, ce n'est pas vrai, fragile Kithiara, lui ria-t-il au nez. Je ne te laisse pas gagner pour que tu réfléchisses toujours à me surprendre. Un adversaire qui sous-estime celui qu'il attaque est un adversaire aux chances de survie divisées. On ne sait pas si l'on affronte un fils de Bhaal avant qu'il ne te tue.
- Certes mais crotte !termina-t-elle en lui assénant un coup de poing dans le torse."
Lui jetant sa robe en guise de réponse, Tarod récupéra l'épée restée inutilisée. Il considérait à son effort souligné par sa transpiration apparente que son ego avait été suffisamment usé pour cette fois et elle méritait son repos.

Ils remontèrent dans la chambre attirés tous les deux fortement par le lit et son confort. Ils ne résistèrent pas. Déjà enlacée par Morphée, Kithiara réalisa que s'ils avaient le lit libre c'est qu'Elan avait dû partir. Tandis qu'elle essayait de réfléchir à l'endroit où il pouvait se trouver, son esprit sombra dans le sommeil. Il dormirent du zénith au crépuscule.
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeDim 6 Juil - 14:02

Le premier œil à s'ouvrir fut celui de Tarod. Émergeant du sommeil, il patienta quelques secondes avant d'écarter les paupières. La caresse de la lumière réchauffait ses muscles engourdis et nimbait sa vision d'un manteau rouge, les odeurs commençaient à s'effacer dans la chaleur en baisse et les bruits continuels de la ville opérait un decrescendo allant de paire avec la courbe de l'astre du jour.

Tentant de se relever, il contracta son bras droit pour le ramener vers lui. Celui-ci rencontra une résistance, résistance s'accompagnant d'un léger grognement de désapprobation. Ses yeux s'ouvrirent. Il était allongé sur le flanc dans le seul lit de la chambre, le visage tourné vers son unique fenêtre. Ses pupilles se contractèrent instantanément, et sa vision se fit claire aussi vite, bien qu'il n'échappa pas à un léger mal de crâne passager, contrecoup de cette mise au point rapide sous le feu du jour. Une silhouette se découpait dans la périphérie gauche de son champs de vision, allongée elle aussi. Sa vision redevenue claire, il put reconnaître sans soucis Kithiara qu'il avait du entourer de son bras droit dans son sommeil.

Quelques secondes s'écoulèrent. La jeune femme dormait toujours, et son mentor ne semblait pas désireux de se déplacer. Faible, mais belle et bien présente, une petite lueur s'était allumée au fond de ses yeux. Si faible qu'on eut douté de sa réelle présence, elle se clamait à l'inverse si puissante qu'elle voulait qu'on clame son existence. Mais quelques secondes fut la durée que le charme pu tenir. Le visage du rôdeur redevint de marbre tandis qu'un léger frisson lui parcourait l'échine, son bras se retira vivement de cette chaste étreinte pour se plaquer contre son propre torse, et dans un même mouvement il balança ses jambes hors de la couche acceptable que leur avait cédé l'aubergiste.

Laissant échapper un soupir, il passa de la stature assise à debout, puis retira sa chemise. Il vérifia ses blessures en les tâtant non sans brusqueries et en effectuant de grands mouvements. Aucune douleur vive ni aucun saignement n'interrompirent ses gestes, ni n'interrompirent le léger sourire de satisfaction s'étirant sur ses lèvres. Il commença à retirer le pansement qu'il avait au flanc, dévoilant une blessure presque déjà refermée et presque entièrement cicatrisée. En même temps que sa main se posait sur son épaule bandée, son visage se figea. Ses pupilles violacées se braquèrent sur la jeune femme encore allongée dans le lit en attente que le sommeil en finisse avec son travail réparateur.

Le visage incertain de Tarod se couvrit d'une nouvelle couche de marbre et, précautionneusement, il remit tous ses bandages en plus, masquant ses blessures presque effacées.

Réajustant sa chemise, il se figea quant une pointe de suspicion se planta dans son esprit. Lentement, il se pivota. Là, dans le coin de la pièce, les bras enroulés autour de ses jambes chétives, Elan se trouvait assis dans un fauteuil et le fixait. Soit le jeune homme apprenait vite à imiter son compagnon masculin, soit il n'avait pas encore décidé ce qu'il devait penser de la scène. Toujours est-il qu'en ce moment précis, son visage était aussi vide que celui de Tarod.

Le jeune homme avançait à grands pas dans la rue. Il apercevait d'ici l'auberge, mais il apercevait aussi le Soleil qui entamait sa disparition dans un crépuscule mêlant ciel et désert dans une fresque orangée. Deux nouveaux sacs pendaient dans son dos, deux sacs d'équipements divers, de provisions et de vêtements de rechange. L'argent lui ayant payé ces achats, il le devait à un bandit un peu trop téméraire ayant tenté de le dépouiller dans une ruelle. On aurait pu croire au hasard ou à la chance dans cette agression qui avait apporté ce dont avait besoin Tarod, mais ç'aurait été omettre le fait qu'il avait passé bien une demie-heure à déambuler dans les ruelles mal famées, le dos voûté et les genoux légèrement arqués pour cacher sa stature réelle. Son "agresseur" gisait maintenant dans la boue, un bras brisé et un genou démis. Ayant hésité entre le fait que l'homme serait plus dangereux comme témoin vivant ou comme éventuelle preuve morte de son passage, il l'avait simplement mis K.O. et plongé dans l'inconscience. Un coup un peu trop violent à la tête lui aurait pet être fait perdre la mémoire immédiate avant que ses associés ne le rejoignent, qui sait.

S'arrêtant dans l'arrière cour de l'auberge, il commença à tirer de l'eau à la pompe pour sa petite bassine de bois. Il ne put en tirer qu'un nettoyage sommaire mais toujours bienvenue de la crasse et la sueur seiche l'accompagnant depuis un moment déjà.

Ouvrant la porte de la chambrette, il aperçut Elan assit sur le rebord de la fenêtre et Kithiara sur la bord du lit. Le premier ne semblait pas avoir raté une miette de ses mouvements dans l'arrière cour, dévorant chacun de ses mouvements d'un regard fixe et légèrement craintif. La jeune femme quant à elle venait visiblement de se réveiller et réajustait ses vêtements. Tarod était nouvellement vêtue d'une cotte de maille ainsi que d'un heaume de basse qualité dont il se défit au plus vite.

-Bien, j'ai trouvé de quoi quitter la ville : une caravane part demain aux aurores sur la route d'ambre et continue jusqu'à l'autre bout du désert, il s'agit d'environ deux semaines de voyage que nous passerons avec eux en tant que mercenaires. J'ai récupéré quelques bricoles qui pourront te faire passer pour un soldat, de même pour Elan, mais ce sont probablement des rebuts plus encombrant qu'autre chose, je vous montrerais donc comment les retirer en vitesse en cas de problèmes. En attendant, nous avons toute la nuit pour acheter ce qu'il faut si vous souhaitez emporter quelque chose, ou pour faire quoi que ce soit d'autre que vous souhaitiez faire avant le départ - se reposer n'étant pas forcément une mauvaise chose non plus - Kithiara je t'accompagnerais tout de même si tu dois sortir. Toi Elan, je pense que tu peux très bien passer inaperçu tout seul, de toute façon tu ne me laisseras pas te suivre sans essayer de me fendre le crâne n'est-ce pas ?

Il n'eut pour réponse, qu'un regard de répréhension de la part de l'enfant et une moue de la part de la jeune femme.
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeDim 13 Juil - 16:12

Les deux autres n'avaient pas quitter la chambre depuis cinq minute qu'Elan c'était relevé, il avait dévalé quatre à quatre les escaliers de l'auberge et traversant sans encombre la salle presque vide au rez-de-chaussé il sortit dans la rue. Il voulait fuir l'auberge, fuir l'étrange atmosphère qui s'était installée entre Tarod et la jeune femme. Il avait sentit depuis le début qu'un lien étrange unissait ces deux âmes mais aujourd'hui il semblait plus fort, ou peut être plus assumé. Il avait remarqué que la peur de la mort ou de la souffrance avait tendances à ouvrir les cœurs, lui même terrifier par l'incendie, par la mort de son père et la menace du rôdeur s'était raccroché désespérément à Kithiara. Alors qu'il déambulait dans les rues encore déserte et silencieuse il perçut les bruit répété du marteau d'un maréchal ferrant, guider par les coup répétitif du marteau contre le métal il se retrouva devant une petite forge qui s'occupait non seulement de ferrer les chevaux mais où l'on fabriquait aussi des épée. Passant devant le forgeront sans que celui-ci ne le remarque l'enfant s'en alla fouiller dans l'arrière boutique à la recherche d'un objet bien précis. Il ne lui fallu pas longtemps pour découvrir ce qu'il cherchait, entre deux tonneau plein de lourdes armes en tout genre il y a avait une petite caisse de bois, à l'intérieur des épées fines et discrètes étaient rangées. Il en choisit une à la lame blanche avec la garde argentée, elle avait du appartenir à un jeune bourgeois qui avait fait ses premières armes avec, avant d'en changer pour un équipement de plus grande taille. Quand il saisit l'épée et l'a sortie de sa caisse il eu comme un flash, il revoyait distinctement un homme livide se pencher sur lui, il sentit sur son épaule un souffle tiède et répugnant. Lâchant l'épée il s'accroupit entre les gros tonneau de bois, son regard était de nouveau vide et vague, le souffle sur son épaule le hantait à chaque fois qu'il fermait les yeux mais pour la première fois il le sentait en pleine journée, il se mit à sangloter dans un silence absolu.
La dernière fois qu'il avait saisit une épée c'était pour la planter dans le corps de son père, l'arme qui était à ses pieds avait beau être très différente le contact de l'acier dans sa main avait réveiller cette sensation atroce d'être salit, d'avoir perdu tout honneur et toute humanité, de n'être plus qu'un objet sans valeur. S'en était trop, il sentait maintenant une main froide glisser sous sa tunique et se poser contre son cœur, il tenta de la chasser, grattant sa peau avec rage. Ses doigt fin se teintèrent de rouge, une douleur maligne le gagnait. Il se sentait mieux, la douleur physique du derme qui se déchire, des chaires se retrouvant à vif et du sang s'écoulant chaud et poisseux contre lui atténuait ses visions, quand il avait mal il ne souffrait plus.
Prostré dans sa cachette il laissa flotter son esprit au rythme du marteau, la main froide avait disparut mais le souffle persistait, à chaque respiration un frisson glacial lui parcourait le dos. Les coups s’arrêtèrent et l'enfant revint à la réalité, le grand homme au teint noirci par la forge s'approchait de lui, une main tendu comme pour l'attraper. Son sang ne fit qu'un tour, quand l'homme qui ne le voyait toujours pas lui effleura la tête il saisit sa petite épée et lui enfonça dans la gorge, le sang gicla. Le grand homme s'écroula les yeux plein de terreur et de surprise et tomba sur l'enfant. Il suffoquait, le sang lui coulait sur le visage, il se débattit, poussant de toute ses forces il projeta le corps de l'homme à  travers son atelier, il heurta un gros moule de fonte qui se renversa, un flot rouge se déversa embrasant les vêtements de cuir. Les flammes dansaient devant les yeux écarquillé d'Elan, consumant le corps du forgeron. Il se leva et parti en courant, déjà les bruits de l'incendie et l'odeur de chaire brûlé avait alerté le voisinage qui criait aux fenêtres.
Paniqué il ne s'arrêta de courir que lorsqu'il rencontra le cour d'une rivière qui traversait la ville, il s'y jeta pour se débarrasser du sang qui lui collait à la peau.
En sortant de l'eau il se sentit lavé et épuré, non seulement le sang était partit mais le souffle tiède qui le hantait l'avait à son tour quitter, il venait de réaliser qu'il avait tué à nouveau, il se sentait étrangement bien, son cœur s'était calmé quand il avait enfoncé sa lame dans la gorge du forgeron. Il parcouru la ville à la recherche de nouveau vêtement, les siens étant taché et trempé. Il vola une tunique blanche et un bas semblable en tout point à ceux qu'il avait en arrivant et faisant un détour pour éviter l’attroupement devant la forge il rentra à l'auberge.  Après être remonté dans la chambre il s'assit sur un fauteuil dans le coin de la pièce et observa ses compagnons allongé sur le petit lit, Tarod ouvrit les yeux et la surprise qui s'y lisait était presque aussi grande que celle d'Elan quand il était entré. L'homme se releva et commença à retirer ses bandages, les plaies pourtant grave étaient déjà presque guérie, quand il eu remit les bandages en place Tarod se retourna et fixa Elan de ses yeux violacé. Le regard de l'homme était toujours perçant et insoutenable alors dans un réflex instantané Elan chercha à disparaitre, un masque de pierre figea son visage et rare était les hommes qui aurait encore pu le voir dans le recoin sombre.
Quand Tarod détourna les yeux, Elan se détendit, il était calme et en paix, aujourd'hui était un bon jour pour lui.
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeDim 20 Juil - 19:08

Je passai quelques minutes encore sur le pavage de la cour, sur le dos, abasourdi par ce qui venait de m'arriver. L'étonnante capacité de se garçon à se rendre totalement invisible aux sens communs avait permis à Tarod de me vaincre soudainement. Je remis mes pensées en ordre, j'avais de nouveau mon objectif clairement en tête : tuer Tarod. J'arrachai mes mains du sol et replaçai mes couteaux dans leur fourreaux. A l'intérieur de l'auberge, réveillés par les bruits de combat et de fuite, puis affolés par les cadavres parsemés, des clients couraient et criaient, s'enfuyaient de l'établissement. Je roulai sur le côté pour me retrouver sur le ventre, ne pouvant me redresser sans le contrepoids de mes jambes en étant sur le dos. Je me hissais sur mes moignons de jambe et sur les mains. Les os crissaient contre la pierre tandis  que je progressais lentement vers le puits. Arrivé au bord, je me hissai à la force des bras sur le rebord. Je coupai le nœud qui retenait la corde à un œillet de métal fixé sur le puits pour saisir dans chaque main un bout de la corde de chaque côté de la chèvre du puits. Puis la laissant filer d'un côté je descendit doucement vers le fond du puits.
Lorsque j'atteignis La surface de l'eau, Je me retins en passant la corde entre mes dents, puis je me fit un harnais improvisé, avant que ma mâchoire ne lâche prise. Je récupérai mes jambes qui flottait mollement à la surface puis remontai. Une fois sorti du puits, je rentrai dans l'auberge pour aller chercher un grand sac dans la réserve. Il n'y avait déjà plus personne dans les couloirs, mais j'entendais des gardes à l'étage supérieure qui inspectais le couloir et la chambre. Je ressorti de l'auberge par la porte de service. Je passais le reste de la nuit allongé au fond d'une ruelle sale assis sur un tonneau de déchets alimentaire en décomposition.

A l'aube, chargé de mes jambes sur mon dos, je rejoignis l'axe principal de la ville pour demander l'adresse d'un forgeron.  J'interpellai un marchand sur la place du marché : il me considéra avec dans le regard un mélange d'étonnement, de dégoût et de pitié. Je fus directement redirigé vers a forge la plus proche. J'y pénétrai par une arche sans porte et trouvai le forgeron penché sur une lame, examinant son fil du bout du doigt. M'ayant entendu entrer, il se retourna vers moi.
"-Que puis-je pour vous ? demanda-t-il aimablement.
-J'ai besoin de jambes."


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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeMar 29 Juil - 17:29

Kithiara regardait ébahie les multiples échoppes. Elle avait totalement abandonné l'attitude réservée et fragile qui lui seyait pour une lutte effrénée de connaissances.

Dans la ville précédente avec son compagnon de prison, ils étaient en fuite, leurs agresseurs sur les talons.  De ce fait, ils avaient rapidement acheté des vêtements ordinaires pour rester dans l'anonymat qui jurait avec leur tenue usée et sale de la prison et des combats, allant par la suite dans une grange vide, sans se mêler comme à présent à la magie des rues que découvrait ou redécouvrait la jeune amnésique. A ce brouhaha fascinant, s'ajoutait la joie de vivre, la délicate caresse de la chaleur supplantée de temps en temps par une légère volute de vent qui faisait voleter les cheveux foncés de la jeune femme.

Elle passait les mains sur chacun des promontoires, elle s'approchait pour saisir toutes les odeurs et elle regardait tous les produits.  Ses yeux étaient ronds, exorbités,  cherchant à attraper toutes les images. Elle s'arrêta plusieurs fois, demandant au tenant su stand en question ce qu'étaient les choses fabuleuses en exposition. C'est ainsi que les marchands concernés lui répondaient étonnés qu'il s'agissait d'une lotte, chez le poissonnier ou de poivre à d'autres endroits, mets ou épices communs de l'époque.

A la différence de la curiosité insatiable de Kithiara, les dernières lueurs amenèrent les dernières étales à fermer. Son protecteur l'avait regardée durant tout ce temps avec un brin d'amusement, dispersant son attention entre sa constante protection et ses pensées allant à leurs agresseurs et leur chef,  Bresus. Il ne put malheureusement conclure sur ses hypothèses car Kithiara, frustrée de ne plus rien avoir à découvrir,  se mit à lui poser toutes sortes de questions.

Tout en répondant posément à l'avalanche de questions,  il guida leurs pas vers une taverne à la devanture ni trop riche ni trop délabrée. En effet, Tarod ne voulait pas forcément retourner côtoyer le dérangeant Elan dont les capacités à se rendre imperceptible lui avait fait saisir les témoignages de ses divins pouvoirs. De plus, Kithiara semblait si heureuse qu'il n'aurait pu lui imposer le malaise qui lui aurait probablement eu entre les deux hommes.

La nuit était déjà tombée quand ils entrèrent. Les hôtes de l'auberge avaient pour la plupart fini de manger. Quelques uns sirotaient encore des pintes d'un alcool plus ou moins fort en discutant dans un tapis sonore convivial.
Meneur tacite, Tarod les guida vers une table pour deux d'où il pouvait évidemment observer l'ensemble de la salle, service compris. Ce dernier fut d'ailleurs rapide : on leur servit un potage avec de légumes ainsi qu'une assiété de volaille.

Peu à peu, les questions de Kithiara laissèrent place aux consignes de Tarod sur le voyage futur. La menace des autres Fils de Bhaal n'étant plus imminente bien qu'il se doutait qu'elle n'avait pas été écartée, ils pouvaient se reconcentrer sur la quête des fameuses visions de Kithiara. Ainsi, quand ils endosseraient leur rôle de mercenaires, ils devraient rester un peu à l'écart du convoi et se verraient sûrement confier des rondes ou des missions d'éclaireur. Dans ce cadre, Tarod pourrait lui enseigner quelques notions de survie sur la chasse, la pêche ou même la cueillette. Un rire franc fendit le visage angélique de la jeune femme tandis qu'elle imaginait Tarod flânant dans les buissons à la recherche de petites fleurs ou baies comestibles. Si l'on en venait aux caricatures, il lui rétorqua qu'elle était fort grotesque dans son armure alors qu'elle n'était même pas capable de faire une basique feinte du poignet. Cela lui valu un coup de pied taquin dans le tibia. Les deux cessèrent là leurs simagrées,  échangeant un regard silencieux mais lourd d'amitié ainsi que d'une pointe d'intimite complicité. La gêne les saisit, Kithiara baissait les yeux sur son repas et Tarod les écarta de sa belle interlocutrice en un regard scrutateur sur la salle.

Finissant leur repas, ils laissèrent le prix de son labeur au maître d'hôtes et regagnèrent leur auberge. Le départ se ferait tôt mais l'aventurière amnésique du groupe déplorait de devoir dormir. Elle était à présent assise près de la fenêtre à fixer son étrange tatouage. Amnésique et ne l'ayant plus retrouvé sur personne, elle le caractérisait à raison d'insolite. Durant ces derniers jours de rapide course-poursuite, elle n'y n'avait plus fait attention comme s'il était une partie de son corps. Pourtant, maintenant que son attention s'y reportait à nouveau, elle s'était la pulsation lente de la pierre au milieu, bien distincte de ses propres battements de coeur. Les fois précédentes, y toucher avait provoqué quelques visions alarmantes. Ses fins doigts s'en approchèrent légèrement tremblant, cependant,  rien ne se produisit et elle put détailler les entrelacs minutieux.

Deux cercles naissaient à la base de son pouce, dans la partie intérieure de son poignet gauche. En deux lignes parallèles puis sécantes, de légers traits se courbaient et se croisaient. Ils se teintèrent d'un bleu plus intense tandis que l'index droit de la jeune femme les caressait.  Semblant onduler, ils portèrent leur couleur ravivée jusqu'à cette pierre,  magnifique topaze ronde posée à la jonction de l'artère du bras de Kithiara et des veines qui alimentaient ses doigts pâles de la main gauche.

A l'extérieur, la Lune cherchait à percer les nuages devant cette interlocutrice qui l'appelait sans le savoir. L'air ambiant se mit à stagner. Kithiara de pâle passa à translucide. Le demi-dieu à côté sortit de ses pensées, son ichor se glaçant dans ses veines tandis qu'il flairait la manifestation magique. Il regardait la magie affluer, il vit la vie de sa jeune compagne inexpérimentée. D'un pas rapide, il la rejoignit et d'un coup sec au poignet droit de la magicienne insoupçonnée, il en écarta le danger. Seul lui avait perçu les flux magiques en mouvement.  Effectivement, déjà la Lune sortait de scène, disparaissant derrière son rideau nuageux.

Avec l'heure tardive, la naïve victime le prit comme un simple coup de fatigue tandis qu'Elan, toujours déphasé par rapport au couple le prit pour une manifestation incongrue mais quelconque. Il ne pipa mot. La jeune femme se leva, l'enfant de Bhaal soutint celui de Séluné, rivant sur elle un regard inquiet.

Dans quelles proportions s'était-elle dispersée dans cette pierre aux parures plus dangeureuses que décoratives. Tarod la conduisit jusqu'au lit, prenant appui sur un des montants du lit à baldaquin, elle s'y allongea en un souffle las et éreinté. Elle retira sa robe bleue, se retrouvant certes pour la seconde fois aussi dévêtue face à cet homme mais pour la première fois face au deuxième homme de la compagnie, plus reclu au sein de celle-ci, Elan. Elle disparu rapidement sous les draps de lin blancs.

Engourdie pour une raison qu'elle ignorait, son esprit divagua immédiatement, son corps recherchant avec avidité une nouvelle énergie vitale. Tarod regarda ses traits se détendre, redevenir paisibles. Peut-être les dégâts n'étaient-ils pas si importants qu'il l'avait pensé. Tant mieux.

Il se retourna. Elan face à lui, toujours muet mais sortant de sa léthargie. Les yeux de ce dernier allèrent directement à l'épaule du demi-dieu, délicat rappel de sa cicatrisation un peu trop rapide. Ne pensant pas de devoir quoique ce soit à Elan, il feignit l'innocence. L'incarnation du sang de Bhaal se dirigea vers la cour intérieure. Il lui fallait réfléchir à Elan et à Bresus. Selon lui, le premier, bien que méfiant,  ne l'importunerait pas. Il aurait suffisamment à faire tant dans sa recherche d'identité qu'avec Kithiara et lui-même et leur étroit lien avec certaines divinités. Quant à Bresus, il ne pouvait pas nier que sa prompte découpe ne suffirait pas à sa mort. Il semblait motivé à retrouver le rôdeur mort mais peut-être était-ce pour retrouver sa paix dans le monde des Morts. Ainsi, seraient plus à craindre les personnes et leurs motifs qui l'avaient ramené dans cet état d'entre-deux. Kithiara,  amnésique dans monde de fous était plus en danger que lui ou Elan.

La simple évocation de son nom suffit à la mémoire de l'entraîneur pour revoir le frêle corps de son apprentie se tendre pour l'atteindre, revoir ses muscles saillant sous l'effort, la perle issue de la sudation se nacrer tandis qu'elle roulait tendrement le long du muscle peaucier de son cou.

Kithiara elle-même sortit Tarod de ses souvenirs. Elle poussa un grand cri mêlé de rage et de douleur. Le rêveur sursauta et retrouvant son esprit dans toutes ses fonctions, il fixa rapidement ses priorités : il se rua vers la chambre, montant les marches de l'escalier quatre à quatre, faisant fis du bruit à l'heure indécente. La porte claqua contre le mur, ouverte à la volée et il découvrit un Elan agard, ne sachant quoi faire et une Kithiara aux prises avec un songe. Tarod se délesta de l'espace qui les séparait en quelques enjambées. Il écarta l'inutile Elan et se glissa auprès de la jeune femme tourmentée. Ses jambes se tordaient en des spasmes convulsés alors que ses bras semblaient frapper un monstre onirique.

Il passa son bras droit derrière sa nuque et son aisselle, la hissant tout contre son torse. Un bras blanc aux contours osseux nettement marqués fusa vers lui en un méchant coup à la mâchoire qui ne fit mouche. Le rôdeur se saisit de sa main avec force pour diluer celle mise dans le coup et délicatesse pour apaiser celle qui les portait. Il rabbatu son bras sous sa poitrine. Il ne pouvait plus que l'étreindre plus encore pour lui faire sentir son corps puissant et protecteur même au-delà du réel.

Mais devant la souffrance apparente de celle qu'il avait déjà sauvée,  il ne résista pas et en appela à son ichor afin de pénétrer les peurs du petit corps lové contre lui. Cependant,  elles lui résistèrent outrageusement. Seul un dieu ou certains démons avaient cette supériorité sur les demi-dieux. Il ne pouvait croître qu'un d'entre eux intervenait. Il ne saisissait surtout pas ses motivations à le faire. Il retenta. Des fumerolles épaisses lui répondirent. Elles s'enroulèrent autour des fils de l'esprit salvateur de Tarod et rampèrent jusque dans sa tête. Elles empêchaient le bon fonctionnement de son corps. Elles ligaturaient ses artères et s'immisçaient dans son nez et sa bouche. Il étouffait, allant vers l'asphyxie.  Sa partie divine refusait à disparaître comme cela. Elle reflua, ses pouvoirs aussi, libérant Tarod dans une quinte de toux et abandonnant Kithiara.

En désespoir de cause, il ne put continuer qu'à serrer le corps agité et plasmodier le prénom de sa compagne. De longues minutes s'écoulèrent avant que Kithiara ne se relâche mais même là, elle n'avait pas trouvé la paix. Des larmes coulaient de ses paupières crispées, mouillant ses cheveux aussi noirs que ses songes et des gémissements plantifs s'étranglaient dans sa gorge. On y décelait des appels à l'aide. Elle suppliait qu'on la laisse tranquille. Tarod tendit l'oreille quand il entendit les noms de "Tharizdun" et de "Séluné". Puis son coeur se serra, désespéré quand son nom fut cité. La jeune femme possédée déversa un flot incompréhensible de paroles tandis qu'elle se mettait à trembler. Ses mains cherchèrent à agripper quelque chose. Elles trouvèrent l'une, une mèche tombant sur son front du visage inquiet de Tarod et l'autre son avant-bras gauche. Retombant vides d'énergie, elle se recroquevilla en position foetale. Son corps n'avait pas trouvé dans ce sommeil de nouvelle énergie. Tarod continua à la regarder avec une compassion non-voilée contrairement à l'ordinaire. Elan se trouvait face à la fenêtre, dos au lit et ses occupants. L'état de la jeune femme l'avait secoué mais il voulait garder la face et son inexpressivité chérie. Les deux hommes songeaient avec anxiété au voyage futur. Tarod la surveilla jusqu'à l'heure du lever.
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeMar 19 Aoû - 20:03

Les yeux du rôdeur ne quittaient pas la jeune femme. Que s'était-il passé ? Quel genre d'assaut l'esprit de celle-ci avait-il subit ? Et pourquoi n'avait il pas pu intervenir ? Les enfants de Bhaal ne semblaient plus être le seul danger de cette aventure, et la chose l'inquiétait au plus haut point. Il commençait à s'attacher à Kithiara, celle-ci était à peu près tout ce qu'il avait à cet instant, et il se refusait à l'idée de laisser son esprit se faire dévorer par une quelconque force mystique.

Mais autre chose l'inquiétait. Si Séluné était déjà un facteur connu de l'état de la jeune femme, Tharizdun en revanche ne l'était pas. Ce nom même lui était inconnu, et pourtant familier. Il ne se souvenait pas de quoi que ce soit à on propos, mais il était persuadé de l'avoir entendu. Où ça ? Quand ça ? de quoi s'agissait-il ? Ou de qui ? Trop de questions s'affrontaient en l'esprit du rôdeur, et même des émotions qu'il n'avait plus eu l'occasion d'éprouver depuis de nombreuses années. Toutefois, une certitude était parvenue à s'extirper des flots mouvants de ses pensées : Sa compagne allait devoir être entraînée, et plus seulement sur le plan physique, son esprit allait devoir se renforcer et apprendre à se défendre. Inutile de préciser qui allait lui fournir cet entrainement.

Lentement, Tarod détaillait le visage de sa protégée : ses longs cheveux noirs étaient en bataille, masquant en partie ses traits fins légèrement crispés. De fines cernes avaient vu le jour sous ses yeux, enténébrant le côté chaleureux et heureux de son faciès. Ses lèvres connaissaient parfois un soubresaut, témoignant d'un monde onirique peu accueillant, cependant cette agitation n'avait absolument rien de comparable avec l'émoi précédent, cela ressemblait bien plus à un cauchemar classique.

Bien que sa constitution soit hors du commun, les pointes acérées des flèches de la fatigue commençaient leur lente progression au travers de ses muscles. Il pouvait encore tenir longtemps, et il le devait, mais la chose n'allait faire qu'empirer. Il était encore là à attendre lorsque le Soleil se leva, réchauffant son visage et celui de sa compagne. Plus loin, dans l'ombre, Elan s'était assoupi dans son fauteuil. Il ne se réveilla qu'après Kithiara.

Lorsque elle ouvrit les yeux, la panique la prit immédiatement à la gorge. Se redressant brusquement, elle s'agrippa avec vigueur au bras de Tarod qui l'instant d'avant avait la main posée sur la sienne. Elle balbutia quelque mots qui se perdirent au milieu de ses halètements saccadés. Ceux-ci ne voulaient malheureusement rien dire, même en tentant de combler les blancs, et calmer Kithiara ne fut pas une tâche aisée pour le gardien de son sommeil.

Finalement, l'euphorie quitta la jeune femme, et elle retomba, épuisée dans les bras de Tarod. Celui-ci la fit s'asseoir sur le bord du lit, garda une main sur son épaule au cas où elle s'écroule de nouveau.

-Kithiara, écoute moi, peux-tu te souvenir de ce qu'il s'est passé cette nuit ?

-Je... je ne sais pas, c'est flou...

-Fais un effort, tu étais terrorisée, affolée, il s'est passé quelque chose, mais je ne peux pas t'aider si je ne sais pas de quoi il s'agit.

-Attends, s'il-te-plaît, j'ai mal au crâne, j'ai la tête qui tourne un peu. Je... Je me souviens d'avoir vu Séluné, elle était mourante. Quelqu'un se tenait au-dessus d'elle et la tiraillait d'une pique en métal alors qu'elle était enchaînée à un reste de mur. Elle... Elle hurlait sans cesse, par les dieux, sans cesse, et à chaque coup qu'elle recevait, mes tympans fondaient en larmes et des marques de sang apparaissaient sur ma tunique. Sauf qu'il s'agissait de mon sang, j'avais si mal, si mal, les coups de lance ils me brûlaient, ça me brûle, Tarod, ça me brûle !

Les mains de la jeune femme se rabattirent fiévreusement sur son ventre, cherchant les trous causés percés par le tortionnaire de sa déesse. Elle ne trouva que de la peau blanche et en parfaite état, et la sensation de brûlure s'estompa presque aussitôt que son confident lui prenait les mains pour les déposer sur ses genoux.

-Calme toi, il s'agissait d'un rêve, il ne t'est rien arrivé de grave.

La voix de Tarod se voulait calme et apaisante, mais il n'avait cette fois pas pu masquer une pointe d'incertitude. C'en était trop pour Kithiara, elle était épuisée et ne savait pas le moins du monde ce qu'il venait de lui arriver, de plus ces derniers jours avaient été traumatisant pour sa mémoire encore presque totalement vierge. Voir son protecteur lâcher ne serait-ce qu'un peu prise fut la goutte de trop, et Kithiara fondit en larmes. Très vite, des bras réconfortants vinrent se placer autour d'elle et la voix de leur propriétaire se refit ferme et sûre d'elle.

-Il ne t'arrivera rien de grave, je te le promet, personne ne te touchera tant que je serais en vie, et même après cela, je conseille à tes opposants de rester à leur place au cas où il me vienne l'envie de ressusciter.

La jeune femme reprit son calme et se défit des bras protecteur.

-D'accord, je te crois, merci. L'être qui torturait Séluné, je ne sais pas qui il était, je ne me souviens pas non plus de ce à quoi il ressemblait. Mais je me souviens de ce qu'il disait en revanche. Il disait que Séluné allait mourir, que la Lune allait disparaître, que tous les servants de la dame pâle allaient mourir et que rien ne pourrait l'arrêter. Séluné va mourir, il faut l'aider ! Il faut se dépêcher de rejoindre la forêt des Frondaisons Nocturnes et la délivrer !

-Nous allons nous y rendre, ne t'inquiète pas, mais tout d'abord il faut que nous rejoignons la caravane. Une dernière chose, te souviens tu du nom de Tharizdun ?

-Vaguement, il me dit quelque chose, mais je ne vois pas de qui ou de quoi il s'agit.

-D'accord. Tu te sens capable de te lever et de te préparer ?

-Oui, ça devrait aller.

Sur ce, Tarod se releva, prépara ses affaires, renfila son armure, et sortit dehors avec Elan pour aller régler auprès de l'aubergiste. Ils virent Kithiara descendre l'escalier de bois quelques minutes plus tard, sa cotte de maille contrastait cruellement avec sa main qui s'accrochait fébrilement à la rambarde.

Le petit groupe partit donc vers huit heure, se déplaçant lentement dans les rues bondées. Kithiara se trouvait entre ses deux gardes du corps, le plus jeune à sa droite et le plus vieux à sa gauche, tous deux distants d'une longueur de bras. Sur la route, Tarod eu le temps d'expliquer ce qu'ils allaient faire à Kithiara. Celle-ci allait devoir jouer le jeu de la lieutenant du groupe de fines lames mercenaires frères et sœurs. Elle est donc l'aîné et organise les rondes des deux jeunes hommes qui eux allègent sa tâche de patrouille pour qu'elle puisse se consacrer un peu plus à celle de guérisseuse, pour laquelle elle avait déjà montré de bonnes compétences.

Elle joua donc son rôle. Elle le joua même très bien, parfaitement bien si l'on prend en compte son état de fatigue avancé. Ils aidèrent à embarquer les caisses, les vivres et l'eau potable, à seller les chameaux ou à les atteler et enfin, vers dix-neuf heure, ils partirent. Le Soleil déclinait, loin à l'horizon, la température avait commencé à baisser, et, loin devant eux, à des semaines de voyage, se trouvaient des dangers que même leur poursuivant non-mort n'oserait affronter.

Encore une mascarade.


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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeDim 24 Aoû - 19:53

Marcher dans le désert en pleine nuit n'étais pas chose aisée et encore moins sage, la caravane qui avait quitté les abords de la cité à la tombé du jour était dangereusement exposée au froid qui gagnait le désert chaque soir mais également aux attaques. Si les brigands ce faisaient rare dans l'immensité sablonneuse des créatures terrifiantes vivaient enfouies dans le sable chaud qu'elles quittaient à la nuit tombé pour airer à la recherche de nourriture. Elan était soucieux, l'état de la jeune femme l'avait profondément troublé et même s'il avait été incapable de l'exprimer il aurait tout donné, sa vie peu importe pour ne plus la revoir souffrir de la sorte. Il n'avait jamais aimer personne, les hommes n'avaient à ses yeux aucune valeur, leur mort lui était au mieux indifférente, le meilleur moment qu'il est jamais passé avec son père et donc le seul être humain qu'il est jamais côtoyé, était celui ou il lui avait transpercer le corps. Kithiara était la première personne à l'avoir aimer ne serais-ce qu'un peu, en retour il avait à son encontre une profonde affection doublé d'une dévotion sans faille, elle était en quelque sorte sa raison de vivre et tout en elle lui paraissait beau et lumineux, sa voix résonnait douce et claire à ses oreilles son visage et tout son être était empli de grâce et de beauté, en un mot elle lui semblait parfaite. Il aurait voulu pouvoir la réconforter, pouvoir l'aider à vaincre la douleur et la peur mais il en avait été incapable. Si lui avait besoin d'elle il était évident qu'elle n'avait nul besoin de lui, elle, elle avait Tarod un homme grand et fort un être rassurant et terrifiant à la fois avec qui elle avait noué un lien très puissant. La présence de Tarod lui était de plus en plus insupportable et alors qu'il marchait à côté de lui dans le sable frais avec entre eux le chameau qui portait leur maigre bagage et Kithiara il se surpris à désirer sa mort. Alors que de sombres pensés teinté de jalousie et de haine lui traversait l'esprit il entendit sur sa droite un léger bruit de frottement, comme si les innombrables grains de sable du désert grinçaient sur une surface dur et rugueuse. Il avait toujours eu une ouïe fine et une vue perçante ainsi quand le bruissement ce rapprocha et accéléra avant que quiconque n'est pu faire un geste Elan tira sa petite épée de son fourreau en une seconde Tarod qui l'avait vue faire fit de même et devant l'enfant un grand serpent au yeux vert se dressa de toute sa hauteur, il faisait une quinzaines de mètre de long et sa lourde tête en forme de fer de lance était couturée de cicatrice. Pendant quelques instants rien ne se passa puis un homme hurla.

- Cerberos !

Au même instant un vent de panique saisi la caravane et le serpent ce jeta sur Elan, il heurta le tranchant de la lame et jeta l'enfant à terre avant de plonger dans le sable comme dans une marre. Tarod c'était approché de son compagnon à terre et quand celui-ci décolla du sol sous l’impulsion du monstre qui avait planté son rostre dans son dos Tarod saisi l'occasion et d'un grand mouvement de son arme il entailla la peau de l'animal qui tenta de le mordre. Alors que la bête venait de le rater le rôdeur donna un second coup d'épée exactement dans l'encoche laissée par sa précédente attaque arrachant un sifflement au serpent qui plongea dans le sable. Un peu plus loin Elan gisait sur le dos le souffle coupé et incapable de se relever, le rostre ne l'avait pas transpercer mais la violence du choc le faisait souffrir, il était en dehors du halo des torches et tentait désespérément de se relever, il entendait sous le sable le bruissement du grand serpent, il le sentait s'approcher, juste en dessous de lui la bête regagnait la surface. Il eu simplement le temps de se retourner et quand le rostre du reptile le frappa ce fut dans l'abdomen, le choc chassa l'air de ses poumons et lui arracha un cris rauque, quand il se sentit soulevé il tenta de planter son épée dans le corps de l'animal et par un hasard extraordinaire sa lame s'enfonça dans la blessure laissé par Tarod et sectionna la moelle épinière du serpent qui relâcha tous ses muscle d'un coup avant de retomber dans le sable. Elan étouffait à côté du monstre agonisant, dans un dernier éclaire de malfaisance la créature qui pouvait toujours bouger la tête ouvrit grand sa gueule garnit de croc et quand il la referma se fut sur une lame noir et cruelle qui lui perça la tête. Avant de perdre conscience Elan aperçu un homme de petite taille protégé par une armure de plaque noir qui tirait sa lame du corps du serpent.

Le petit homme s'approcha de l'enfant évanoui et du bout de son épée noir il le retourna, il était sur le point de ranger sa lame quand Tarod arriva, les deux hommes se figèrent leurs armes face à face dégageaient une tentions palpable, il y avait quelque chose à l’œuvre dans la fraicheur du désert, deux être mortellement lié s'était rencontré. Les deux hommes se toisaient du regard et quand Tarod leva son épée son geste fut interrompu par un cris.

- Elan !

Kithiara venait de passer entre Tarod et l'étrange personnage couvert de métal noir pour s'agenouiller à côté du garçon, elle prit sa tête entre ses mains et demanda d'une voix tremblante.

- Tu m'entends ? Réponds moi, s'il te plait !

Sa question n'eut pas de réponse.
Derrière elle le petit homme avait rangé son épée et au grand désarrois de Tarod il lui tourna le dos en marmonnant.

- Nous finiront cela une prochaine fois... Mon frère.

Tarod resta un instant immobile, son épée levée à regarder l'autre s'éloigner.

- Tarod ! Tarod aide moi !

La voix de sa compagne le tira de son état second.

- Aide moi à le porter.


Il s'approcha et passant un bras sous les genoux d'Elan et l'autre dans son dos il le souleva, à l'instant même l'enfant s'éveilla en criant, une douleur aigu lui traversa le corps, il sentit qu'on le soulevait, il avait mal et un souffle terriblement familier lui caressa la nuque et il hurla de plus belle. Tarod le porta jusqu'au chameau, là, la jeune femme avait défait leur paquetage et posé sur le sol une grosse couverture de laine, Tarod déposa l'enfant qui cessa de crier mais qui grimaçait de douleur. Autour d'eux les hommes préparaient le camp, organisaient les tour de garde et allumaient de petit feu à intervalle régulier pour éloigner d'éventuels agresseurs et tandis ce que Tarod s'éloignait pour prendre part à la surveillance la jeune femme posa sa main sur le visage d'Elan qui sembla se calmer, pendant plusieurs minute elle caressa simplement la chevelure noir de l'enfant qui fini par s'endormir, puis elle entrepris d'évaluer l'ampleur des dégâts. A la lumière d'une torche elle découvrit à la base du cou une plaie étrange, comme si la peau avait été rappée, le serpent n'était pas responsable de cette blessure qui semblait ancienne, les bords de la plaie commençaient à cicatrisé mais à plusieurs endroit la peau neuve avait été arraché, on aurait dit que la plaie était entretenu régulièrement, une autre blessure similaire au niveau du cœur attira l'attention de la jeune femme. Mais elle poursuivit son examen et découvrit plusieurs petits hématome qui correspondaient à quelques côte fêlée et un plus gros la ou le rostre du serpent avait frappé le ventre fragile, c'était des blessures douloureuses mais somme toute légère au vue de la violence des coups portés. Une chose était plus inquiétante cependant, au milieu du dos la colonne vertébral prenait un angle anormal, la jeune femme effleura la déformation et un frisson parcouru le corps du patient, c'était bon signe la sensibilité n'avait pas disparu, les vertèbres devait probablement être déplacées mais sans grande conséquence.

A la lisière du camp Tarod scrutait le désert à l'affut du moindre mouvement suspect.

- Je te le dis moi c'est mauvais signe, on à pas quitter la ville depuis 6 heures qu'on a déjà perdu quelqu'un... Partir de nuit... Qu'elle folie ! Foutu citadin avec leur loi idiote, pas plus de huit jour d'arrêt aux portes de la cité...

- Cette traversé sera dure pour sur, mais nous sommes maintenant sûr de nos mercenaires, un homme pour un Cerberos ce n'est pas cher payé. En plus en tuant le serpent ils nous ont évité de tomber sur un groupe entier.

- C'est toujours trop cher, il parait que c'était un gamin...

- Un enfant ? On n’emmène pas d'enfant dans un tel voyage... Pauvre petit.

- Ça tu peu le dire, il parait que le serpent l'a littéralement brisé ! Cassé en deux d'un coup sec.

L'homme cassa une brindille qu'il jeta sur le feu à ses pieds.

- Ne m'en parle pas.

- Prenez ma place je vous relève dans une heure, j'ai à faire.


- Tu as peur des serpents ?

Railla l'un des hommes.

- Tu as peur de la mort ?

Répondit Tarod d'une voix glacial et terriblement sérieuse.
L'autre resta coït et recula instinctivement d'un pas. Tarod se retourna et s'enfonça dans le campement. Il arriva prêt de Kithiara qui venait de finir son examen, après lui avoir fait un rapide résumée elle lui demanda de l'aider à replacer les vertèbres. La jeune femme se mis à genoux et pris doucement la tête de l'enfant, ses mains lui couvraient le visage et il ne bougea plus.
Elan sentait une chaleur diffuse sur sa figure, un grand calme le gagna, son esprit agité se tut et la douleur lancinante dans son dos sembla disparaitre, pour rien au monde il n'aurait souhaité quitter cet instant tout était simple et agréable comme dans un doux rêve.
Tarod se mis en place, prit une longue inspiration et d'un geste rapide et expert il rapprocha les deux os dans un claquement. Le garçon hoqueta et tenta de se relever mais Kithiara l'en empêcha elle se tenait au dessus de lui pour le maintenir allongé et murmurait à son oreille des paroles réconfortantes. Tarod ne pouvait qu'admirer sa dévotion, elle qui était si faible et terrifiée quelques heures plus tôt était encore capable d'apaiser par quelques paroles l'âme torturé et tortueuse du garçon, elle qui connaissait la force et la violence de son patient n'hésitait pas à s'exposer pour l'aider. C'était la un véritable don.
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeSam 27 Sep - 19:20

Le forgeron fut d'abord totalement désemparé par ma requête, force est de reconnaître que ce n'est pas le genre de commande que l'on s'attend à recevoir, puis, me considérant du haut de ses tibias, il me dit d'un air amusé :
"-Vous êtes complètement saoul mon vieux, allez donc voir un prêtre si c'est un miracle que vous souhaitez !"
Je réitérai calmement ma requête, et il fut obligé de me prendre au sérieux cette fois-ci : je n'avais  l'air ni saoul, ni conciliant.
"-Quoi vous voulez vraiment que je vous forge des jambes ?
-C'est précisément ce que je veux.
-Mais ça va me prendre plusieurs journées ! Et puis c'est pas dit que j'y arrive en plus, je forge des lames moi monsieur, pas des membres ! Je vais devoir surement recommencé plusieurs fois ! Ça va coûter très cher ! Et puis ce sera beaucoup trop lourd ! Vous feriez sans doutes mieux de vous en passer, c'est moi qui vous l'dit !
-Je n'en ai nullement l'intention. Et ne vous inquiétez pas pour votre paiement, j'ai tout ce qu'il faut pour vous rémunérer à la hauteur de votre ouvrage.
-Dans ce cas ..." acheva-t-il dans un soupir résigné.
Il retourna à l'entrée de son magasin, abaissa la herse épaisse et ouvragée qui lui tenait lieu de porte, puis revint et me fit signe de le suivre dans l'arrière cour du bâtiment. Là il me fit signe de m'allonger sur un établi de bois massif.
"-Je vais avoir besoin de prendre des mesures pour forger un modèle à votre taille.
-J'ai ce qu'il vous faut." répondis-je en extrayant mes jambes humides et froides de mon sac.
Le forgeron eut un haut-le-cœur. Il se rapprocha doucement de l'établi, avec une grand appréhension, puis constatant que la blessure n'avait absolument pas cicatrisé sur mes moignons, il eut un nouveau haut-le-cœur. Il mesura ma jambe, puis se retira dans un pièce adjacente à la cour pour y chercher des métaux.

Après trois journées entières de travail interrompues de temps en temps par des clients difficiles, je vit mes nouvelles jambes émerger du puits ardent de la forge : deux piliers de métal finement ouvragés. Le forgeron les avait ternies pour éviter qu'elles ne soient trop voyantes si jamais elles devaient être découvertes. La fixation de mes nouveaux organes aurait put être douloureuse, si j'avais pu ressentir la douleur physique : le forgeron me transperça la jambe de part en part avec des clous chauffés au rouge. Lorsqu'il eût finit, je descendit de l'établi sur lequel je vivais depuis trois jours pour me mettre debout. La magie de mes maîtres me permettait de contrôler les membres artificiels connectés à mon corps  : un moyen de s'assurer les services efficaces d'assassins morts en plusieurs morceaux.
Le poids de mes nouveaux appendices perturbaient mon sens de l'équilibre, mais je ne mettrais pas longtemps à m'y habituer. Le forgeron me contempla avec un mélange d'inquiétude et de fierté dans le regard. Lorsqu'il fut question de son paiement, je lui fit cadeau d'un pièce du Trône de Bhaal. Il ne reconnut ni le sigle sur la pièce ni les inscriptions dan un langage ancien, mais il put apprécier la valeur de l'objet en or massif magnifiquement ouvragé. En temps normal je l'aurais tué, mais il m'était impossible de quitter la ville avant quelque jours car il fallait que j'entraîne mon équilibre et je ne voulais pas devoir en plus me cacher des gardes pendant tout ce temps.

Je passai ainsi trois jours à courir à travers toute la cité, à grimper, escalader, gravir n'importe quelle façade qui s'offrait à moi : vieille maison noble et taudis datant de la veille, hôtel calme pour riche voyageur ou auberge agitée des quartiers pauvres : je connaissais la ville par cœur. M'étant habitué à mes jambes de métal, je décidai de prendre la route le plus rapidement possible. Je venais de perdre six jours sur ceux que je poursuivais, et la course serait longue pour les rattraper.
Dès lors que j'eu mis les pieds hors de la cité, je me mis à courir, le désir de me venger de Tarod, plus ardent que jamais, enflammait mon esprit. N'ayant que cette pensée à l'esprit je traversais les dunes et les creux qui les séparent en quelques enjambées. Être à moitié mort procure certains avantages, notamment lorsqu'il s'agit de poursuivre des vivants : pas besoin de se reposer ni de reprendre son souffle, pas non plus de manger ni de boire. Je n'avais pas non plus d'odeur, ce qui m'épargnait d'être la cible de prédateurs: les animaux intelligents sentent la mort, et il la redoute plus que tout. Je ne faisais que courir à longueur de journée, en pensant toujours à la même chose : la tête du traître embrochée sur sa propre épée.
Une fois que l'on a connu le désir de la vengeance, on ne peut plus s'étonner de voir à quel point il peut façonner les hommes, les empires et leurs histoires. Une motivation si puissante que l'on est prêt à se sacrifier soi même pour la souffrance d'un autre. De mon vivant il m'était souvent d'assouvir une vengeance mais de ne ressentir aucun soulagement à son issue. Cependant celle-ci devait être la dernière, et selon mes maîtres, Tarod valait la peine de sacrifier un peu de ma mort.
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MessageSujet: Re: Sous les frondaisons nocturnes [En cours]   Sous les frondaisons nocturnes [En cours] I_icon_minitimeDim 28 Déc - 20:01

A présent, Kithiara était couchée sur sa paillasse. Le vent était doux comme s’il avait été chercher la chaleur qui avait brillée pendant la journée. Elle repensait à Elan, étendu non loin. Il n’avait pas repris connaissance depuis que Tarod avait remis en place ses vertèbres, songea-t-elle dans un frisson au souvenir du sinistre bruit osseux. Elle espérait que sa mobilité n’en serait pas altérée, leur voyage était long, pénible et physique. Au fur et à mesure ses divagations, les sensations mystérieuses de quand elle l’avait soigné lui s’imposèrent dans sa tête.
Comme en réaction à cette manifestation aussi guérisseuse qu’inattendue, tout son corps s’était centré dessus. Sa pierre bleue au poignet gauche avait commencé par contraster fortement avec les zones de contact entre son corps et le sol qui crépitaient comme si elles captaient l’énergie qui y circulait. Remontant dans son corps, sa peau s’électrisait à force de faire tampon entre l’air sec et son corps envahi de cette vague coulante comme de la lave. L’intensité de la différence de température atteignit son paroxysme quand le flux de chaleur venu du sol rencontra le froid métallique de sa marque. Puis, une décharge puissante avait  déferlé, faisant le chemin inverse à la chaleur salvatrice. Elle rattrapa les premières zones de contact avec le sol en même temps où l’énergie chaleureuse passa du corps de Kithiara à celui blessé d’Elan.
Après ce résumé mental, il était clair que la magie y avait sa part. Elle décida de confronter ses observations avec celles de Tarod. Avec lui, elle trouvait toujours un relatif calme intérieur, étrangement. Elle se leva et de la dune sur laquelle ils avaient installé leur camp, Kithiara pouvait voir l’ensemble de la caravane. La réciproque était vraie également, ainsi, Tarod aurait voulu s’isoler un peu mais la jeune femme voulait Elan le plus protégé possible. N’y faisant qu’à sa tête, elle ne s’étonna pas de trouver la déterminée silhouette du demi-dieu excentrée des autres. Comme la majorité du groupe dormait, elle se mut en silence mais elle ne surprit évidemment pas Tarod. Il tourna la tête vers elle à mesure qu’elle arrivait à portée de voix. Il la devança même sur le sujet :
« Cela te perturbe, n’est-ce pas ? »
Il fit une rapide pause afin de confirmer ce qu’il avançait. Il continua en faisant quelques pas dans le sable sans trop la regarder, ses yeux plutôt fixés sur la silhouette blanche de la Lune.
« J’ai pas plus les réponses qu’avant, malheureusement. Peut-être que les réponses te viendront un jour, le bout de notre quête sera peut-être confondu avec celle de ta recherche d’identité. Cela nous apporterait beaucoup de réponses et d’aide. »
Il finit par lui faire face, amenant ainsi le nœud de sa pensée dans la conversation.
«  Mais pour le moment, ma chère Kithiara, je pense que la priorité est de te former à résister aux attaques extérieures. Un mauvais rêve et un soin moyennement conséquent ont suffi à t’affaiblir. Or, tu peux en venir à perdre toute ton énergie Kithy et rien ne te préviendra de cela. Tout comme rien ne t’en guérira si cela advient. »
Kithiara comprenait les sous-entendus mis en jeu. Sa formation devenait une priorité. Quand ils commencèrent à travailler en s’asseyant dans le sable, elle songea que la nuit serait bien longue pour eux.
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